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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 05:57
225 - Célimène et le Kaiser

Céline Emilie Seurre (1873-1966) est plus connue sous son nom de scène de Cécile Sorel. Sa fort longue carrière lui permit de fréquenter – parfois assez intimement – tout ce qui comptait dans les monde intellectuel, politique et artistique français depuis Maurice Barrès jusqu'au tout jeune Johnny Hallyday à qui elle tenta d'apprendre l'art délicat du baisemain.

Elle commença très jeune dans le théâtre dit « léger », avant d’être engagée au théâtre de l’Odéon en 1899 puis à la Comédie Française en 1901, où elle eut pour rôles fétiches les grandes coquettes, particulièrement celui de Célimène dans Le Misanthrope de Molière d’où le surnom de « Célimène nationale » qui lui fut alors donné par les journalistes. En 1933, au début de la soixantaine, elle n’hésita pas à commencer une nouvelle carrière dans le music-hall au Casino de Paris où, à sa première descente du célèbre grand escalier qui menait au décor, elle lança à Mistinguett venue assister au spectacle un « L’ai-je bien descendu ? » resté dans les annales. A la ville « Célimène » épousa Guillaume-Henri-Robert comte de Ségur-Lamoignon (arrière-petit-fils de la célèbre comtesse), puis prononça en août 1950 ses vœux d’entrée dans le tiers-ordre franciscain – elle fut alors surnommée la « nonne agénaire », sans cesser pour autant de rester une attraction mondaine.

Comme comédienne, son registre fut largement apprécié et loué dans la première moitié du XXsiècle ; il est aujourd’hui totalement passé de mode 1 comme le montre l’enregistrement suivant :

1 Convenons pour être juste que les tendances se démodent vite et que les manières et habitudes de nos actuels acteurs ou metteurs en scène risquent fort de paraître d’ici quelques décennies assez datées, pour ne pas dire ridicules…

Quoi qu’il en soit, Cécile Sorel était reconnue comme une immense artiste avant la Première Guerre mondiale et à ce titre elle fut invitée à effectuer des tournées à l’étranger. Aussi ne faut-il pas s’étonner si à l’automne 1911 le Kaiser l’invita à venir se produire au théâtre royal de Berlin 2. Mais à cette époque avait éclaté le « coup d’Agadir », que nous avons déjà évoqué dans un précédent billet 3

2 Le Königliches Schauspielhaus en temps envisagé par Frédéric II fut finalement achevé en 1821 ; très gravement endommagé pendant la seconde guerre mondiale, il fut entièrement rebâti à partir de 1977 et rouvrit finalement ses portes en 1984 comme salle de concert sous le nom de Konzerthaus.

3 http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2022/07/201-un-kaiser-raisonnable.html.

Dans cette affaire, l’Allemagne considérant que l’intervention militaire française de mai 1911 contrevenait aux accords signés après la conférence d’Algésiras de 1906 et que les intérêts allemands au Maroc, – sanctionnés par le traité commercial franco-allemand de 1909 – étaient menacés, décida d’envoyer la canonnière Panther en baie d’Agadir. Toutefois, quelles qu’aient été les motivations et l’éventuelle légitimité de la réaction du gouvernement impérial, suite à cette seconde intervention « musclée » de l’Allemagne après le discours du Kaiser à Tanger le 31 mars 1905, la Grande-Bretagne et la Russie se rangèrent aux côtés de la France, où l’opinion publique, tout comme les hommes politiques refusèrent de reculer, ce qui mena l’Europe au bord du conflit tout en donnant une image belliqueuse de l’Empire Allemand. La crise fut finalement résolue par la signature d’un accord franco-allemand en novembre 1911 ; toutefois les inquiétudes des uns et des autres perduraient et ne demandaient qu’à dégénérer de nouveau…

Dans ce contexte, alors qu’elle était la muse de nombreux artistes et politiciens, Cécile Sorel ne pouvait accepter d’emblée d’aller jouer dans la capitale d’un pays que la France considérait comme ennemi. Aussi ne faut-il pas s’étonner si elle s’interrogea en cet automne 1911 agité sur l’opportunité d’accepter l’offre du Kaiser. Elle s’en ouvrit au ministre des Affaires Etrangères de l’époque, Raymond Poincaré, qui ne voulut pas risquer un incident diplomatique avec cette tournée. Dommage ! Comme nous l’avons déjà vu dans certains précédents billets précédents 4, il s’agissait sans doute de la part de Guillaume II d’un de ces petits gestes destinés à essayer de désarmer l’hostilité de la France à l’égard de son empire…

4 Voir http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/article-18-104248139.html ;  http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/article-43-avances-a-felix-faure-119051860.html ; http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2017/07/118-sprechen-sie-franzosisch.html ; http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2022/02/190-rencontre-en-rade-1/2.html et http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2022/03/191-rencontre-en-rade-2/2.html

225 - Célimène et le Kaiser

Le Konzerthaus de Berlin (cliché tiré de la notice wikipédia de ce monument).

Aux lecteurs que la vie de mademoiselle Sorel intéresserait, je conseille la lecture de la biographie que lui a consacré Olivier Calon sous le titre Cécile Sorel idole des années folles (Buchet/Chastel ; Paris, 2023). Enfin, pour se faire une bonne idée de l’extravagante personnalité de celle-ci, je rajoute en forme de post-scriptum à ce billet un extrait d’un entretien qu’elle donna en 1965, juste un an avant sa mort :

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27 janvier 2024 6 27 /01 /janvier /2024 08:32
224 - Anniversaire

En ce 27 janvier, nous commémorons l’anniversaire de la naissance du Kaiser. A cette occasion, laissons lui la parole pour évoquer son dixième anniversaire, événement important dans sa vie car il marque aussi son entrée dans l’armée impériale.

 

Le dixième anniversaire de ma naissance fut d’une grande importance dans ma vie, parce qu’en ce jour, suivant l’usage de notre maison, je fus admis dans la glorieuse armée prussienne. Cet événement eut lieu de la façon suivante : le 27 janvier 1869, mon grand-père me conféra le grand ordre de l’Aigle noir en même temps que l’uniforme du premier régiment de la garde à pied. La cérémonie eut lieu dans le cercle étroit de notre famille ; mon père reçut des mains de l’empereur, sur un plateau d’or, les insignes de l’ordre et je dus immédiatement endosser l’uniforme pour m’annoncer à Sa Majesté. Avec une profonde émotion, l’empereur me dit que j’étais encore trop jeune pour me rendre compte de l’importance du fait que j’étais devenu officier prussien. Mais le temps de la compréhension devait venir, et alors je devais faire mon devoir, comme mon père l’avait fait. La solennité du moment me pénétra profondément de l’idée que je venais d’être armé chevalier.

224 - Anniversaire

Dans la cour de la caserne du premier régiment de la garde, à Potsdam, je fis, à la suite de la compagnie des gardes du corps, mes premiers exercices de marche. J’avais naturellement la plus grande peine à ajuster mon pas aux longues jambes des gardes, et n’y réussissais pas toujours. Il s’agissait de faire attention et de faire un saut pour rester dans le rang. 1

1 Souvenirs de ma vie (Payot ; Paris, 1926) pp. 50-51.

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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 08:03
223 - Good bye Oulianov !

Dernière photographie connue de l’énergumène – celle-ci, a été gardée au secret par les autorités soviétiques jusqu’à la fin de leur régime criminel (clichés tiré de la notice wikipédia de cet individu).

Ce 21 janvier où nous pleurons le martyre du bon Roy Louis XVI marque aussi le centenaire de la disparition (bien trop tardive…) du sieur Oulianov, plus connu sous son nom de scène de Lénine. Si, pendant des décennies, ses malhonnêtes épigones et ses navrants admirateurs lui vouèrent un culte laïque assez grotesque, la fin du régime soviétique, en ouvrant les archives, a enfin permis d’évaluer avec plus de justesse – et donc de justice – le personnage. Je vous propose donc trois vidéos qui, chacune à sa façon, corrigent les anciennes fantasmagories mensongères que nous imposait une certaine propagande.

Pour terminer, afin d’exorciser le fétide souvenir de ce vibrionnant sanguinaire, un hymne réparateur (les images ont été tournées en 1913 lors de la commémoration du tricentenaire du règne des Romanov) :

Le lecteur remarquera que dans ce billet j’ai abusé des adjectifs dans ma prose ; j’ai voulu par là plagier le style des sectateurs moscoutaires qui nous ont importuné durant tant d’années par leurs cantiques mensongers de louanges à Oulianov, Djougachvili et consorts…

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17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 20:33
222 - Voix du passé

Charles Cros (portrait tiré de sa notice wikipédia).

Le 19 décembre 1877 Thomas Alva Edison déposait le brevet de son phonographe, quelques mois seulement après que Charles Cros ait envoyé un mémoire à l’Académie des sciences pour son « paléophone ». Contrairement au français, l’américain construisit aussi l’appareil qu’il avait imaginé et le produisit pour le mettre sur le marché. Pour intéresser les consommateurs à son invention (et donc les pousser à mettre la main au porte-monnaie…), Edison déploya habilement ses talents de publiciste.

Ainsi, en Europe où son invention souffrait d’une image dégradante d’attraction foraine décida-t-il d’enregistrer de hautes personnalités pour vaincre les réticences de sa potentielle clientèle et n’hésita donc pas à viser les plus hautes sphères de la vie politique. Compte tenu des contraintes techniques imposées par l’appareil d’Edison, ces enregistrements ne pouvaient qu’être très brefs ; de plus, du fait de la fragilité des rouleaux de cire sur lesquels ceux-ci étaient gravés il n’en reste plus beaucoup et nombre de ceux qui ont été conservés sont assez détériorés.

222 - Voix du passé

Thomas Edison et son prototype de phonographe (cliché tiré de sa notice wikipédia).

Pour le premier enregistrement que je vous propose aujourd’hui, des opérateurs d’Edison se rendirent en octobre 1889 auprès d’Otto von Bismarck qui se reposait alors dans son domaine de Friedrichsruh 1, alors qu’il était toujours chancelier du jeune empereur Guillaume II. N’ayant pas oublié qu’il avait débuté sa carrière dans la diplomatie, il ne manque pas de faire montre de ses talents de polyglotte dans les cinq cours textes qu’il récite.

1 Localité du Schleswig-Holstein, à l’est de Hambourg, appartenant au domaine de Sachsenwald qui avait été donné à Bismarck après la guerre franco-allemande de 1870-1871.

 

I) Sans doute par courtoisie envers la langue de ses interlocuteurs, Bismarck commence par l’une des nombreuses versions d’une comptine anglaise du XIXsiècle, dont la version initiale s’intitulait Three Jolly Rogues :

Au bon vieux temps des colonies,

Quand nous vivions sous un Roi

Trois voyous sombrèrent dans le malheur

Parce qu’ils ne pouvaient pas chanter.

 

II) Dans le deuxième extrait Bismarck revient à l’allemand avec un poème célèbre à l’époque de Ludwig Uhland 2 :

Quand le vertueux empereur Rothbart

Vint en Terre sainte,

Alors avec une bonne armée

Par une montagne déserte et vide.

2 Ludwig Uhland (1787-1862) appartenait à un groupe littéraire appelé le « cercle souabe » rassemblant de 1820 à 1850 des artistes libéraux ; aujourd’hui il est surtout célèbre pour son poème Der gute Kamerad (J’avais un camarade dans sa traduction française) mis en musique en 1825 par Friedrich Silcher.

 

III) Puis Bismarck passe à un chant d’étudiant apparut au XVIIIsiècle, sans doute souvenir de ses études de droit à l’université de Göttingen :

Réjouissons-nous donc,

Tant que nous sommes jeunes

Après une jeunesse agréable

Après une vieillesse pénible

La terre nous aura.

 

IV) Pour sa citation française, Bismarck choisit les premiers vers d’une chanson dont on ne peut que s’étonner quand on se rappelle les relations pour le moins difficiles qu’il eut avec notre pays 3

3 C’est d’ailleurs  pour ménager l’effet de surprise que j’ai reporté l’enregistrement de Bismarck après ces courtes présentations.

 

V) Enfin, il reprend en allemand une maxime extraite d’un texte connu sous le titre de « conseils d’un père à son fils », rappelant son goût immodéré pour les boisons fortes

Faites tout avec modération et moralité, à savoir travailler, mais aussi manger, et en dehors de cela surtout boire.

Le Palais mis plus de temps que la Chancellerie pour considérer l’appareil d’Edison autrement que comme une distraction de foire. Il fallut en effet attendre 1904 pour que le Kaiser accepte de se faire enregistrer…

 

Etre fort dans la douleur, ne pas vouloir ce qui est inaccessible ou sans valeur, prendre le jour comme il vient, voir le bien en tout et prendre plaisir dans la nature et dans l’homme comme ils sont, se consoler soi-même d’un millier d’heures amères avec une seule qui est belle, et toujours donner le meilleur de son cœur et de son talent, même si l’on ne reçoit aucun remerciement. Quiconque apprend cela et est capable de l’appliquer est heureux, libre et fier, sa vie sera toujours belle ! Quiconque est suspicieux commet une injustice contre autrui et se fait du mal : nous avons le devoir de penser qu’autrui est bon jusqu’à ce qu’il nous prouve le contraire. Le monde est si grand et nous humains sommes si petits : tout ne peut pas tourner autour de nous seuls. Si quelque chose nous fait du mal, parfois nous blesse, qui peut savoir si ce n’est pas nécessaire pour l’ensemble de la Création ? Dans chaque chose du monde, qu’elle soit morte ou respire, vit la grande et sage volonté du Créateur tout puissant et omniscient. Nous petites créatures manquons d’intelligence pour le comprendre. Comme tout ce qui est, ainsi doit-il en être dans le monde, quoi qu’il en soit, parce que c’est toujours bon dans le plan du Créateur !

222 - Voix du passé

Caricature parue dans le journal satirique Ullespiegel du 26 mars 1904.

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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 06:21
221 - Les anglais entrent en guerre

L’Amirauté à Berlin (cliché tiré de : https://www.meisterdrucke.fr/fine-art-prints/Unbekannt/724014/Le-b%C3%A2timent-de-l&39;Amiraut%C3%A9-allemande,-Berlin,-1915.html).

Dans la suite chronologique implacable de l’été 1914 menant à la conflagration, un suspens s’installa brièvement pour savoir si le Royaume-Uni rentrerait dans la lutte ou resterait simple spectateur du conflit, comme il l’avait été en 1870 lors de la guerre franco-allemande… A Berlin, si les politiques penchaient pour la neutralité britannique, cette hypothèse fut rapidement battue en brèche par les militaires.

Franz von Rintelen 1, alors jeune officier affecté au bureau de renseignement de l’Etat-major de la Marine impériale nous fait vivre la journée au cours de laquelle l’ambassadeur du Royaume-Uni à Berlin notifia officiellement au Ministère allemand des Affaires Etrangères la déclaration de guerre de son pays à l’Empire allemand. Il revient ensuite sur les informations contradictoires en provenance de Londres qui précédèrent le dénouement de ce drame.

1 Franz Dagobert Johannes von Rintelen (1878-1949) spécialiste des affaires financières et de renseignement ; il jouera un grand rôle à partir de 1915 à l’ambassade d’Allemagne à Washington.

221 - Les anglais entrent en guerre

Franz von Rintelen (cliché tiré de l’édition française de ses mémoires).

C’est l’après-midi du 4 août 1914. Assis à nos tables nous, les jeunes officiers attachés à l’état-major de l’Amirauté, nous attendons, nous attendons… La guerre a été déclarée et de temps en temps les troupes expédiées vers l’ouest ou vers l’est défilent sous nos fenêtres. Les sons belliqueux des marches militaires éclatent jusque dans nos paisibles bureaux ; nous ouvrons un instant les fenêtres et saluons de la main les camarades que la guerre met en marche.

C’est l’après-midi du 4 août 1914. Nous sommes assis dans nos bureaux à l’Amirauté et nos nerfs supportent à peine la tension d’une plus longue attente. Parfois un bruit court le long des couloirs. Nos chefs ont informé, dit-on, le gouvernement que d’après les renseignements donnés par notre attaché naval à Londres et par nos agents secrets, la Grande-Bretagne ne restera certainement pas neutre. Nous, officiers de l’état-major naval, nous sommes convaincus que bientôt les navires de guerre anglais dirigeront leurs proues vers le sud. Dans la nuit, tandis qu’assis dans nos bureaux, nous parlons anxieusement à voix basse, nous attendons quelque chose, un événement, des nouvelles qui feront de nos pressentiment une réalité. La guerre contre la France et la Russie est une guerre qui sera faite par l’armée de terre, et le rôle de la marine ne sera vraisemblablement pas considérable. Mais si la Grande-Bretagne !... Nous attendons, nous attendons.

C’est l’après-midi du 4 août 1914. La porte de mon bureau s’ouvre ; je reçois de mon chef direct l’ordre d’aller immédiatement au ministère des Affaires étrangères pour y prendre des nouvelles d’importance. Je dois ensuite apporter ces nouvelles dans le plus bref délai à l’Amirauté, rue Königin Augusta.

Je me lève aussitôt mes instructions reçues. Quelques autres officiers se trouvent dans la salle ; et ils retiennent leur respiration pendant que je prends connaissance de mes ordres qui finissent sur ces mots :

« Toutes les minutes sont précieuses. »

Nous avons tous l’impression de l’imminence d’un événement qui nous touche de près. Nous dissimulons notre agitation devant les plantons de service, mais pendant que je m’apprête en hâte, un de mes camarades téléphone à la préfecture de police pour prévenir que dans quelques instants une voiture de l’Amirauté va passer à toute allure Bendlerstrasse 2 ; Tiergartenstrasse 3 et Vosstrasse 4 et qu’elle doit trouver la voie libre.

2 Artère rebaptisée Stauffenbergstrasse en 1955, en hommage au colonel Claus von Stauffenberg, principal acteur de l’attentat du 20 juillet 1944.

3 Artère au sud du parc de Tiergarten ; on y trouve aujourd’hui un bas relief représentant le chancelier Conrad Adenauer et le président de Gaulle.

4 Artère du centre de Berlin sur laquelle le caporal bohémien fit bâtir sa nouvelle chancellerie.

La voiture démarre. Et me voici peu après sur les marches du ministère des Affaires étrangères. Un huissier m’ouvre la porte et je traverse le hall pour me trouver tout à coup dans une vaste salle.

221 - Les anglais entrent en guerre

Sir Edward Goschen (photographie tirée de sa notice wikipédia en anglais).

Je vois deux gentlemen sur un divan de peluche, sir Edward Goschen, ambassadeur de Sa Majesté britannique 5 et Mr. James W. Gerard, ambassadeur des Etats-Unis 6. Le premier a l’air déprimé et parle à voix basse, à demi tourné vers Gerard.

5 Edward Goschen (1847-1924) après avoir été ambassadeur en Autriche-Hongrie de 1905 à 1908 avait été nommé à Berlin.

6 James Watson Gerard (1857-1951) avait été nommé ambassadeur en Allemagne en 1913 ; il jouera par la suite un grand rôle au sein du parti démocrate et contribuera à l’élection de Franklin Roosevelt comme président des Etats-Unis.

C’est l’après-midi du 4 août 1914 et debout dans cette salle, cette scène sous mes yeux, j’en saisis immédiatement la portée. Je connais maintenant la nature des nouvelles que je dois apporter aussi vite que possible à l’Amirauté. Je sais que sir Edward Goschen vient de remettre la déclaration de guerre de son pays et Mr. Gerard, l’ambassadeur américain, est venu au ministère avec lui pour annoncer qu’il est chargé de représenter les intérêts britanniques en Allemagne.

Un instant je sens mes genoux trembler pendant que toute la signification historique de cet incident s’impose à mon esprit. Puis je me rappelle que je suis officier de marine et un enthousiasme sans bornes s’empare de moi. Je vois la Flotte appareiller en quelques minutes et les lourds panaches de fumées crachées par nos flottilles de torpilleurs obscurcir dès ce soir le ciel de la mer du Nord.

221 - Les anglais entrent en guerre

James W. Gerard (photographie tirée de sa notice wikipédia en anglais).

Mais tout à coup je reprends mon sang-froid. Je remarque ce regard d’indifférence sur la face de Gerard assis sur le divan en complet de ville marron et non comme Goschen en redingote et chapeau haut de forme. Goschen est assis très correctement dans une attitude d’angoisse manifeste tandis que Gerard est à moitié vautré sur les coussins. Il a les jambes croisées et il reste là nonchalamment et tout à son aise en faisant tourner son chapeau de paille au bout de sa canne. Les yeux fixés au plafond il murmure avec un calme déconcertant : « Oui, le Mexique finira peut-être bien par demeurer le seul pays pacifique du monde. »

Le Mexique ! un pays déchiré alors par la guerre civile 7 !

7 Depuis 1911, le Mexique était entré en révolution, avec une succession rapide de présidents (Diaz, Madero, Huerta, Carranza), dont plusieurs finirent assassinés ; c’est aussi l’époque au cours de laquelle sévirent Pancho Villa et Emiliano Zapata.

Herr von Jagow, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères 8, pénètre dans la salle et me remet un pli scellé. Je sais ce qu’il contient. Je m’incline d’abord devant le secrétaire puis devant les deux ambassadeurs et me rends à peine compte comment je descends l’escalier. Ma voiture se lance le long des rues parcourues à l’aller jusqu’à l’Amirauté. Aux carrefours, devant les passages encombrés, les agents de police guettent l’auto pour arrêter aussitôt, de la main levée, la circulation et m’éviter tout retard.

8 Gottlieb von Jagow (1863-1935) fut ministre des Affaires étrangères de 1913 à 1916 ; il aurait été le principal inspirateur d’un projet consistant à faire entrer le Mexique en guerre contre les Etats-Unis.

221 - Les anglais entrent en guerre

Gottlieb von Jagow (photographie tirée de sa notice wikipédia).

Devant l’Amirauté le conducteur manœuvre ses freins et sa voiture stoppe brusquement. Deux officiers supérieurs debout à la porte du grand chef s’élancent vers moi. Le capitaine von Bülow, directeur du service central ouvre l’enveloppe.

Il s’absorbe un instant dans sa lecture, puis faisant demi-tour à gauche, il appelle le commandant de la station de T.S.F. de Nauen 9 debout derrière lui :

9 Ville du Brandebourg située à 27 kilomètres au nord-ouest de Potsdam. En 1914 sa station radio était réputée être la plus puissante au monde.

« Commandant. Faites donner Nauen. »

Le commandant se précipite dans son bureau et décroche le récepteur de l’appareil qui communique directement avec cette station.

Deux secondes après la Flotte de Haute Mer saura et encore deux secondes plus tard toutes les flottilles de torpilleurs sauront :

« Guerre avec l’Angleterre ! »

Les stations de la Baltique et de la mer du Nord, les croiseurs de l’Atlantique et nos escadres seront avertis dans peu de minutes.

221 - Les anglais entrent en guerre

Antenne de la station de T.S.F. de Nauen (cliché tiré de sa notice wikipédia en anglais).

Nous avions tous pensé que la Flotte de Haute Mer se mettrait en mouvement aussitôt après la déclaration de guerre britannique ; nous avions imaginé que l’Amirauté deviendrait un centre où se rassembleraient tous les fils de la grande mobilisation navale ; nous avions cru que la marine interviendrait elle aussi dans la lutte pour l’existence du pays. Mais ce que nous attendions avec tant de confiance n’arriva pas ; la flotte resta où elle était et, au lieu de prendre part aux hostilités, l’état-major de la marine s’engagea dans des conflits politiques des plus passionnés. Au moment précis où nous pensions que le commandement naval donnerait l’ordre d’attaquer, nous fûmes convoqués à une conférence d’officiers. Là nous apprîmes ce qui suit :

« Les vues du chancelier d’Empire 10 peuvent se résumer ainsi : nous ne devons pas provoquer la Grande-Bretagne. Les plus hautes autorités britanniques nous assurent que leur pays ne prend part à la guerre qu’en apparence et pour remplir des engagements d’ordre purement militaires qu’on avait laissé ignorer au « Foreign Office. » Toute action énergique de la Flotte allemande provoquerait nécessairement un changement de vues en Angleterre. »

10 Theobald Theodor Friedrich Alfred von Bethmann Hollweg (1856-1921) était chancelier d’empire depuis le 14 juillet 1909.

221 - Les anglais entrent en guerre

Telle était l’opinion du chancelier ; ce n’était pas celle de l’Amirauté ; et il était à prévoir que les hommes politiques ne s’entendraient pas avec les amiraux pour cette interprétation des intentions britanniques avant la guerre et au moment où elle éclaterait.

Peu avant la guerre déjà les deux partis étaient profondément divisés sur cette question : l’Angleterre prendra-t-elle part à la guerre ou non ? Cette divergence de vues s’était fort accentuée au début du mois d’août, alors que les hostilités étaient déjà engagées à fond sur le continent ; mais l’Angleterre conservait encore son attitude de réserve.

Chaque fois qu’arrivait de Lichnowsky, notre ambassadeur à la cour de Saint-James 11, un télégramme annonçant que l’Angleterre ne songeait ni à rompre avec son principe de non-intervention dans les querelles européennes, ni à prendre les armes contre l’Allemagne, le capitaine von Müller 12, notre attaché naval à Londres télégraphiait de son côté pour avertir que tout faisait croire que l’Angleterre était sur le point d’ouvrir les hostilités sur mer. Cet état de chose finissait même par devenir grotesque. Tous les jours arrivaient des télégrammes affirmant ces deux points de vue opposés jusqu’à ce que finalement la guerre éclatât, l’Angleterre s’étant proclamée notre ennemie.

11 Karl Max von Lichnowsky (1860-1928) était ambassadeur de l’Empire allemand à Londres depuis 1912.

12 Ce nom étant très commun en Allemagne, il ne m’a pas été possible d’identifier cet officier ; il ne faut toutefois pas le confondre avec le commandant Karl von Müller (1873-1923) qui commandait le croiseur Emden dans l’escadre du Pacifique.

221 - Les anglais entrent en guerre

L’ambassadeur von Lichnowsky (photographie tirée de sa notice wikipédia).

Le matin même du 4 août, jour de la déclaration de guerre britannique par le canal de sir Edward Goschen, le capitaine von Müller avait télégraphié en ces termes :

 « Je demeure convaincu que malgré l’opinion contraire de l’ambassadeur il se prépare ici du vilain pour nous. »

Dans la matinée du 5 août, douze heures après la déclaration formelle de la guerre, alors que personne n’attendait plus de télégrammes de notre ambassade à Londres, le prince Lichnowsky câblait encore :

« Le vieux gentleman (Asquith 13) vient de me déclarer, les larmes aux yeux, qu’une guerre est impossible entre nos deux peuples unis par les liens du sang. »

13 Herbert Henry Asquith (1852-1928), 1er comte d’Oxford et Asquith, était premier ministre du Royaume-Uni depuis le 8 avril 1908.

221 - Les anglais entrent en guerre

Herbert Henry Asquith (portrait tiré de sa notice wikipédia).

Le Kaiser l’annota de sa grande écriture si caractéristique et il écrivit en marge du télégramme de l’ambassadeur :

« Quel réveil pour cet homme, quand il sortira de ses rêves diplomatiques ! »

Les opinions du chancelier d’Empire n’avaient donc rien pour nous surprendre. Le hasard voulut que je dusse rencontrer l’amiral von Tirpitz quelques heures après. Des amitiés de famille lui avaient à l’occasion permit de me prendre pour confident. Je le trouvai dans un état de véritable désespoir. Il était assis dans son fauteuil, vieilli de plusieurs années et me dit à différentes reprises qu’il n’avait pas le moindre désir d’aller à Coblence « avec ce maudit Quartier Général ». Il craignait de s’y trouver échec et mat ; et pendant qu’il parlait ainsi comme pour lui-même, je vis soudain un abîme se creuser devant nous. A cette heure terrible, alors que tout en Allemagne eût dû se subordonner à la seule volonté de sauver la patrie menacée de tous côtés par ses ennemis, c’étaient des intrigues, des malices et des mobiles d’ordre personnel et mesquin qui dominaient la situation. Alors que Tirpitz aurait dû prendre le commandement de la Flotte de Haute Mer et concentrer ses unités dans la mer du Nord, le chef du cabinet naval, l’amiral von Müller 14 et quelques personnes de son entourage faisaient les plus grands efforts pour le couler, le chancelier avait fait valoir auprès de l’empereur que Tirpitz était trop âgé pour remplir en temps de guerre des fonctions aussi importantes 15.

14 Georg Alexander von Müller (1854-1940) était chef du cabinet maritime du Kaiser depuis 1906.

15 L’amiral Tirpitz avait alors 65 ans, soit un an de moins qu’Helmuth von Moltke qui dirigeait le Grand Etat-Major général de l’armée allemande...

221 - Les anglais entrent en guerre

L’amiral von Müller (portrait tiré de sa notice wikipédia).

Il va sans dit que le corps des jeunes officiers n’avait, dans ces circonstances aucune envie de faire passer la politique avant les considérations purement militaires. Cela était d’autant moins probable que nous savions depuis des années que rien ne pouvait compenser notre infériorité numérique sur mer, sinon le succès d’une offensive rapide prenant l’ennemi au dépourvu. La tactique qui prévalut alors de parer tout simplement les mouvements que ferait l’ennemi fut loin de rallier nos suffrages. Il fallut néanmoins donner un certain jeu à notre besoin d’agir et nous mîmes donc toute notre énergie à encourager l’activité de nos croiseurs dans le reste du monde. 16

16 Mes souvenirs de guerre secrète (Payot ; Paris, 1933) pp. 9-15.

221 - Les anglais entrent en guerre
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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 18:15

Preuve paradoxale de sa modernité, Napoléon III fut un pionnier dans le domaine de l’archéologie expérimentale. En effet, dans le cadre de ses recherches sur Jules César – en qui il voyait le précurseur du bonapartisme – il encouragea les recherches sur l’armée romaine de la fin de la période républicaine en général et sur la guerre des Gaules en particulier. Il désigna notamment le commandant Stoffel 1 pour superviser les fouilles de Gergovie et d’Alésia, fit construire sur des plans de Dupuy de Lôme 2 (conseillé par Auguste Jal 3) une reproduction de galère de 130 rameurs et de près de 40 mètres de long et fit réaliser par le colonel de Reffye 4 des reconstitutions de balistes, onagres et autres catapultes.

1 Eugène Stoffel (1821-1907) polytechnicien et officier d’ordonnance de Napoléon III ; il sera nommé attaché militaire à l’ambassade de France à Berlin en 1866, après ses travaux à Alise-Sainte-Reine.

2 Stanislas Charles Henri Laurent Dupuy de Lôme (1816-1885) polytechnicien et ingénieur du génie maritime qui conçut en 1850 le premier navire de ligne au monde à propulsion à vapeur ainsi que du premier cuirassé français en 1852.

3 Auguste Jal (1795-1873) archiviste et écrivain, père de l’archéologie navale en France.

4 Jean-Baptiste Verchère de Reffye (1821-1880) polytechnicien et officier d’ordonnance de Napoléon III ; il mit au point un « canon à balles », ancêtre de la mitrailleuse et contribua à l’introduction en France des canons à âmes rayées ainsi que des systèmes de chargement de ces pièces par la culasse.

220 - Accident de Baliste

Grande baliste reconstituée par le colonel de Reffye (cliché tiré de : https://archeologie.culture.gouv.fr/sources-archeologie/fr/mediatheque/reconstitution-grandeur-nature-dune-baliste).

Nous avons déjà eu l’occasion de voir l’intérêt de l’empereur Guillaume II pour l’archéologie 5. Aussi fut-il intéressé par les travaux du major Erwin Schramm 6 qui, à l’exemple de Napoléon III, s’était lancé dans des tentatives de reconstitution de machines de siège antiques. La nouvelle de ses travaux en poliorcétique étant parvenues jusqu’aux oreilles impériales, Guillaume II profita en juin 1904 de l’un de ses séjours à la Saalburg pour assister à une démonstration menée par Erwin Schramm en personne.

5 Voir : http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/article-saalburg-81067172.html.

6 Erwinn Schramm (1856-1935) artilleur dans l’armée saxonne et archéologue ; il avait notamment participé au début des années 1900 aux fouilles des vestiges de l’amphithéâtre de Metz (cette ville appartenant depuis 1871 à l’empire allemand).

220 - Accident de Baliste

Le Kaiser lors de la démonstration.

Cette visite faillit toutefois mettre un terme définitif au règne du Kaiser… En effet, comme le montre le court documentaire qui ouvre ce billet, le réglage de la sangle et de la poche qui positionnent et donnent son élan au projectile est très délicat. Et lors de cette visite un boulet fut projeté en l’air, au lieu de glisser le long de la rainure destinée à diriger sa trajectoire, et vint atterrir au plus près de l’auguste visiteur, heureusement sans mal : tout allait bien qui finissait bien. D’ailleurs Guillaume II n’en tint pas rancune au major Schramm puisque ce dernier fut promu lieutenant-colonel dès l’année suivante et sera finalement nommé général de division en 1915.

220 - Accident de Baliste

Le général Erwin Schramm (cliché tiré de : http://prussianmachine.com/divb/schramm.htm).

Annexe

L’image de ce boulet venant possiblement se poser sur le casque impérial a-t-elle inspiré André Franquin pour le célèbre bilboquet-casque à pointe 7 de Gaston Lagaffe ? J’avoue ne pas le savoir et je laisse à chacun le soin de se faire un avis à ce sujet…

7 Sa base, trouvée par Gaston dans le grenier de sa tante Hortense, est un casque modèle 1905/1906 d’un régiment prussien, du fait de la présence de l’aigle comme plaque frontale.

220 - Accident de Baliste

Figurine Hachette.

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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 19:08

Le mythe de la dame blanche est un des grands classiques de l’occultisme, au point qu’il inspira en 1825 un opéra à Boieldieu 1 sur un livret de Scribe 2, l’un de ses thèmes musicaux ayant inspiré la marche qui ouvre ce billet. D’ailleurs Erasme avait déjà écrit : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières ». Aussi ne faut-il pas s’étonner que la maison de Hohenzollern se soit vue attribuer sa propre dame blanche.

1 François-Adrien Boieldieu (1775-1834), un des principaux compositeurs normand d’opéra du premier quart du XIXe siècle, rallié à tous les régimes qui se sont succédés pendant cette période agitée…

2 Eugène Scribe (1791-1861) dramaturge et librettiste prolifique dont l’œuvre est aujourd’hui largement tombée dans l’oubli.

Qui était-elle ? Les auteurs ne sont pas d’accord entre eux, comme bien on peut bien l’imaginer et semblent embrouiller à plaisir les noms et les époques. Aussi je me bornerai à un bref rappel de leurs principales hypothèses. Deux candidates rallient la majorité des suffrages : la première, Bertha de Rosenberg 3; la seconde, la comtesse Orlamunde de Plassenbourg qui, devenue veuve, aurait tué ses deux jeunes enfants pour les beaux yeux d’un jeune burgrave avant de devenir abbesse du couvent d’Himmelkron, qu’elle aurait fondé 4. Toutefois, ce pourrait tout aussi bien être Anna Sidow 5, favorite du prince électeur Joachim II de Brandebourg 6 qui dépensa des sommes folles pour elle ou une anonyme qui aurait servi de modèle pour la terrible vierge de fer 7 fabriquée à la demande du prince électeur Frédéric à la Dent de Fer 8

3 Perchta de Rosenberg (vers 1429 - 1476) épousa contre son gré Jan de Lichtenstein lequel l’aurait maltraité tant par la parole que par le geste.

4 La fondatrice du couvent d’Himmelkron fut Agnès de Weimar-Orlamunde, morte le 19 septembre 1354, dont rien ne prouve les turpitudes qui lui sont prêtées par les « experts » en ésotérisme.

5 Anna Sydow (vers 1525 - 1575), fut internée dans la forteresse de Spandau où elle mourut par Jean II Georges de Hohenzollern, successeur de Joachim II.

6 Joachim II Hector de Hohenzollern (1505-1571), prince électeur de Brandebourg à partir de 1535.

7 Instrument de torture constitué d’un sarcophage garni de pointes métalliques destinées à percer le supplicié. Le modèle exposé à Nuremberg n’apparaissant pas avant 1802 a toutes les chances d’être un faux et ne peut en aucun cas être attribué au prince électeur Frédéric II ; il a été détruit lors des bombardements de la ville par les  alliés à la fin de la seconde guerre mondiale.

8 Frédéric II de Hohenzollern (1413-1471), prince électeur de Brandebourg à partir de 1440.

219 - La dame blanche des Hohenzollern

Vierge de fer (image tirée de : http://ironmaidencommentary.com/?url=album01_ironmaiden/maidennuremberg&lang=fra&link=albums).

Quelle que soit son identité, on a rapporté son apparition peu avant les morts de l’électeur Albert Achille de Brandebourg en 1486 9, de la princesse Louise-Henriette en 1667 10, du margrave Erdmann Philipp de Brandebourg en 1677 11, de l’électeur Frédéric-Guillaume Ier en 1688 12, du prince Louis de Prusse en 1806 13 et de la princesse Marie-Auguste de Prusse en 1914 14. Elle aurait encore été vue en juillet 1857 à Pillnitz 15 où séjournait le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse 16, peu avant que ce malheureux souverain ne soit frappé de folie. On doit cependant noter qu’elle aurait aussi été vue en 1659 et en 1666 par l’électeur Frédéric-Guillaume Ier sans la moindre suite fâcheuse pour lui.

9 Albert III Achille de Hohenzollern (1414-1486) prince électeur de Brandebourg à partir de 1471.

10 Louise-Henriette d’Orange (1627-1667) avait épousé le prince électeur Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg en 1646.

11 Peut-être Erdmann Philippe de Brandebourg-Culmbach (1659-1678) membre de l’une des branches de la maison de Hohenzollern.

12 Frédéric-Guillaume Ier de Hohenzollern (1620-1688), surnommé le Grand Electeur suite à sa victoire sur les Suédois lors de la bataille de Fehrbellin en 1675, fut prince électeur de Brandebourg à partir de 1640.

13 Louis-Ferdinand de Hohenzollern (1772-1806) neveu de Frédéric II et cousin des rois Frédéric-Guillaume II et Frédéric-Guillaume III de Prusse, fut tué lors de la bataille de Saalfeld.

14 Je n’ai malheureusement pas réussi à identifier précisément cette princesse.

15 Village situé près de Dresde, célèbre pour son château.

16 Frédéric-Guillaume IV (1795-1861) roi de Prusse depuis 1840 fut victime en 1858 d’une congestion cérébrale qui le laissa diminué physiquement et intellectuellement et fit nommer régent du royaume son frère cadet, futur roi Guillaume Ier de Prusse et empereur allemand.

219 - La dame blanche des Hohenzollern

En dépit de ce dernier contre-exemple, la malédiction de la dame blanche des Hohenzollern ne pouvait manquer d’inspirer la propagande alliée pendant la première guerre mondiale. Une curieuse petite brochure rédigée par un certain J.-H. Lavaur (inconnu par ailleurs) des Editions pratiques et documentaires 17, parue au tout début du conflit 18 en témoigne. Toutefois, comme cette publication se veut « sérieuse », elle ne manque pas d’inclure à l’attention du lecteur un avertissement assez ambigu :

17 Maison d’édition a priori spécialisée dans l’ésotérisme, si l’on en juge par nombre de ses titres : Les prédictions sur l’avenir prochain de la France, Comment se réalise en ce moment même la fin de l’empire allemand ou encore Quelle sera la durée de la guerre ?

18 Bien que ne portant aucune date de parution, cet opuscule prédit la fin des hostilités et la défaite allemande pour 1915…

De toute façon donc, nous devions pour ainsi dire, avoir une apparition de la Dame blanche en 1914. nous le devions d’autant plus que Guillaume II, comme nous l’avons expliqué dans nos précédents ouvrages sur des sujets analogues, est bien le souverain le plus mystique et le plus superstitieux que l’Allemagne ait jamais vu présider à ses destinées.

Avec un homme pareil, la Dame blanche ne pouvait manquer au rendez-vous de la fatalité.

A la vérité, nous n’avons pas eu seulement une apparition. Nous en avons eu trois… et cette triple manifestation du fantôme traditionnel de la Prusse s’explique, sans doute, par l’importance particulière des événements en cours.

Sur ces trois apparitions, nous allons dire ce qui nous a été rapporté – par des personnes pleines de bon sens et de jugement, qui se trouvaient à Berlin quelques semaines seulement avant la guerre.

Nous tenons pour certain le récit de ces personnes, en tant qu’il reproduit ce qu’elles ont entendu dire en Prusse. Mais nous faisons ici la même observation que nous avons déjà faite au sujet des apparitions du passé, racontées dans de nombreux ouvrages : nous ne pouvons garantir l’authenticité des faits. D’abord lesdites personnes n’en ont pas été les témoins. Au surplus, nous ne saurions nous prononcer davantage sur la nature véritable de ces faits, d’apparence merveilleuse.

Donc il s‘agit de relations faites par des gens sérieux mais qui n’ont pas été témoins directs des faits et dont on ne donne pas l’identité ; de plus, l’auteur tient ces récits pour certains mais s’empresse d’ajouter qu’il ne peut en garantir l’authenticité. Ne soyons toutefois pas trop sévère avec lui, nombre d’actuels journalistes ou experts auto-proclamés de la presse écrite, radio ou télédiffusée nous proposent leurs commentaires de la même façon. Donc ces trois apparitions assurées –mais que rien ne prouve – eurent lieu à Potsdam, à Berlin et dans le parc d’un palais non précisé en juin et juillet 1914 et à chaque fois elles auraient laissé le Kaiser dans un profond état d’hébétude. Pas au point toutefois de le dissuader en ce fatidique mois de juillet 1914 de partir pour trois semaines de croisière dans les eaux scandinaves…

219 - La dame blanche des Hohenzollern

Après cette dame blanche aussi fantomatique qu’improbable, une dame blanche bien plus concrète vint se mettre en travers du chemin de l’armée allemande pendant la guerre. En effet, non sans humour, des résistants belges utilisèrent son nom pour baptiser leur réseau d’espionnage en pays occupé.

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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 20:48
218 - Année 1887

En 1887 le futur Guillaume II avait 28 ans

Politique

21 février : victoire des conservateurs suite à la dissolution du Reichstag après son refus de voter les crédits militaires prévus par Bismarck

218 - Année 1887

Timbre allemand de 1965

20 avril : début de l’affaire Schnaebelé, commissaire de police français attiré dans un traquenard par l’un de ses collègues allemands

218 - Année 1887

Timbre allemand de 1876

30 avril : démission du général Boulanger de son poste de ministre de la guerre

218 - Année 1887

18 juin : traité de réassurance germano-russe

20 juin : les Etats-Unis installent un dépôt de charbon pour leur marine à Pearl Harbour (royaume d’Hawaï)

218 - Année 1887

Timbre hawaïen de 1883

25 juin : élection de Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, protégé de l’Autriche-Hongrie, comme prince de Bulgarie malgré l’opposition de la Russie

218 - Année 1887

Timbre bulgare de 1901

17 octobre : création par la France de l’Union indochinoise (Cochinchine, Annam, Tonkin Cambodge)

218 - Année 1887

Pièce de 1947

18 novembre : avènement de Charles XI au trône de France

218 - Année 1887

1er décembre : traité de Pékin accordant au Portugal l’occupation permanente et l’administration de Macao

218 - Année 1887

2 décembre : démission du président Jules Grévy à la suite du scandale des décorations (voir infra)

218 - Année 1887

Timbre français de 2002

Sciences et techniques

4 juin : décret créant l’Institut Pasteur de Paris

218 - Année 1887

Timbre français de 1987

26 septembre : l’ingénieur américain d’origine allemande Emile Berliner dépose un brevet pour l’enregistrement des sons sur un disque de zinc

218 - Année 1887

Arts

6 janvier : première apparition de Sherlock Holmes dans le Beeton’s Christmas Annual

218 - Année 1887

Timbre de San Marin de 2003

5 février : création d’Otello de Giuseppe Verdi

218 - Année 1887

Naissances

28 janvier : Arthur Rubinstein, pianiste polonais

218 - Année 1887

Timbre israélien de 1986

25 mars : padre Pio, capucin italien

218 - Année 1887

Timbre italien de 2002

12 août : Erwin Schrödinger, physicien et philosophe autrichien qui a perdu son chat…

218 - Année 1887

Timbre autrichien de 1987

17 août : Charles François Joseph de Habsbourg-Lorraine, futur empereur d’Autriche et roi de Hongrie (entre autres)

218 - Année 1887

Timbre austro-hongrois de 1917

6 octobre : Charles-Edouard Jeanneret-Gris, alias Le Corbusier, architecte suisse naturalisé français

218 - Année 1887

Timbre monégasque de 1987

31 octobre : Tchang Kaï-chek, futur président de la république de Chine

218 - Année 1887

Décès

18 novembre : Jean III, roi de France

218 - Année 1887

« Pipole »

29 janvier : naissance du prince Auguste-Guillaume de Hohenzollern, quatrième fils du Kaiser

Suite aux confidences d’une prostituée retirée des affaires galantes, une enquête de police a finalement révélé que Daniel Wilson, député d’Indre-et-Loire mais surtout gendre du président Jules Grévy, utilisait son influence pour négocier des participations d’hommes d’affaires dans ses entreprises en échange de décorations. Comme en France tout finit par des chansons, Emile Carré 1 composa pour l’occasion la chanson suivante :

1 Emile Carré (1829-1892) après un début de carrière militaire devint chansonnier.

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4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 07:46
217 - Requiem

Sépulture du Kaiser à Doorn (cliché tiré de la page : https://www.wilhelm-der-zweite.de/heute/doorn.php).

Nous commémorons en ce jour l’anniversaire du décès du Kaiser en son exil hollandais. Pour cette occasion, j’ai trouvé sur un site américain de vente aux enchères 1 deux télégrammes du Kronprinz adressés à cette occasion à Hermann Göring alors ministre-président de Prusse 2 (et seul dignitaire nazi ayant jamais été reçu par l’empereur à Doorn, un peu avant la prise du pouvoir par le caporal bohémien 3).

1 https://www.alexautographs.com/auction-lot/hermann-goering_822409F847

2 Hermann Göring avait été nommé à ce poste le 11 avril 1933, en remplacement de Franz von Papen, après la victoire des nazis aux élections générales, laquelle portera leur meneur à la chancellerie.

3 Indépendamment de sa douteuse carrière politique, Hermann Göring pouvait se targuer de ses exploits dans l’aviation impériale pendant la première guerre mondiale, sanctionnés par l’attribution de la prestigieuse croix pour le Mérite le 2 juin 1918.

217 - Requiem

Le premier de ces télégrammes a la sécheresse d’un message quasi administratif, annonçant brièvement le décès ainsi que les dernières volontés du défunt quant à son enterrement ; il est d’ailleurs envoyé à l’adresse officielle de son destinataire. En somme, une simple annonce pour l’état civil prussien de la disparition de l’un de ses « ressortissants », dont le passé, la qualité et la célébrité justifiaient la notification directe au chef de l’administration de son land d’origine…

au ministre-président de prusse, monsieur le reichsmarschall goering 3 rue de Leipzig Berlin W 8

mon père, l'ancien empereur et roi guillaume II, s'est éteint paisiblement aujourd'hui, le 4 juin, à 11h30, à doorn, après une courte maladie. mon père, dans ses dernières volontés, souhaite que les funérailles se déroulent dans la plus grande simplicité et sobriété possibles et que sa dépouille soit inhumée à doorn.

guillaume

217 - Requiem

Le second télégramme a une teneur plus personnelle 4, sur un ton assez dérangeant – bien que non dépourvu d'ambiguïté – d’allégeance au régime nazi, laquelle n’engage, bien sûr, que son rédacteur. En effet, si le Kaiser s’était réjoui des succès des armes allemandes jusqu’en 1941 il était plus que réservé sur le régime lui-même et sur ses dirigeants (voir : http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2013/11/53-un-entretien-avec-guillaume-ii-en-septembre-1938.html).

4 La mention du destinataire se contente d’ailleurs de donner son grade, sans mentionner sa fonction de ministre-président ni son adresse officielle.

au reichsmarschall

du grand reich

monsieur hermann goering

c'est avec une profonde émotion que j'ai reçu vos condoléances à l’occasion du décès de mon père et je vous remercie de tout cœur de la preuve de votre fidèle camaraderie. jusqu'à sa mort, l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air sont restées très proches du cœur de mon père qui est décédé avec la conviction que la lutte difficile pour l'honneur de l'allemagne, son droit et sa liberté, lutte de la nouvelle Wehrmacht sous une direction géniale 5, conduira à la victoire finale de l'allemagne.

veuillez transmettre mes remerciements les plus sincères à votre chère épouse 6.

votre guillaume

5 On ne peut qu’être frappé par l’imprécision de cette formulation : qui est visé par cette « direction géniale » : le caporal bohémien ou l’Etat-major de la Wehrmacht ?

6 Emma Johanna Henny Sonnemann (1893-1973) seconde épouse de Göring.

217 - Requiem

Hermann Göring en 1918, alors qu’il n’est pas encore devenu un criminel ventripotent (cliché tiré de sa notice wikipédia).

Un grand merci à Franck Sudon pour ses traductions et ses remarques.

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 21:02
216 - Dans l'Allemagne de 1915

Au début de l’année 1915, le cinéaste américain Wilbur Durborough 1 convainquit un groupe d’investisseurs de financer son voyage en Allemagne afin d’y filmer la guerre. Accompagné par Irving Ries 2, autre cinéaste américain qu’il présente comme son « assistant cameraman », il obtint les autorisations nécessaires des autorités du Reich et réussit notamment à suivre l’offensive allemande conduisant à la conquête de presque toute la Pologne ainsi qu’au dégagement de la Galicie austo-hongroise.

1 Wilbur Henry Durborough (1882-1946) après un début de carrière dans le journalisme devint en 1913 photographe pour la Newspaper Enterprise association (NEA) couvrant l’année suivante l’occupation de la ville de Veracruz, opération militaire spéciale destinée à protéger les intérêts américains au cours de la lutte entre chefs révolutionnaires mexicains ; c’est d’ailleurs là qu’il apprit à se servir d’une caméra. Après le premier conflit mondial, il travailla dans les relations publiques et fonda sa propre agence photographique.

2 Irving G. Ries (1890-1963) fut acteur du temps du cinéma muet puis se reconvertit à l’époque du parlant dans la conception et la réalisation d’effets spéciaux ; en 1957, il fut nominé à l’oscar de cette catégorie pour sa participation au cultissime film Planète interdite.

Un excellent documentaire diffusé par Arte dans la série « mystères d’archives » (6saison, 2019) de Serge Viallet relate la façon dont cette œuvre fut réalisée et décrypte les trucs utilisés par Wilbur Durborough pour faire croire à ses spectateurs qu’il avait suivi les troupes au plus près des combats, ainsi que son goût de se mettre en scène au long de ses images. En conclusion il présente aussi les moyens utilisés par Durborough pour faire la publicité de son film à son retour aux Etats-Unis et le triste sort qui lui fut réservé lorsque ce pays finit par entrer dans le conflit…

En complément aux pertinentes analyses d’images présentées dans ce documentaire, on me permettra d’ajouter les quelques précisions qui suivent :

0’20’’ :       les cavaliers qui passent sont des cuirassiers

1’30’’ :       signe de la pénurie de matériel après neuf mois de guerre, ce soldat porte un casque ersatz dont le cuir bouilli de la coiffe a été remplacé par du feutre

5’30’’ :       de gauche à droite le prince Auguste-Guillaume de Prusse, la princesse Alexandra-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg, le kronprinz Frédéric-Guillaume de Prusse, la kronprinzessin Cécilie de Mecklembourg-Schwerin, le prince Eitel-Frédéric de Prusse, la princesse Sophie-Charlotte d’Oldenbourg

5’52’’ :       en plus de ses prestigieux liens familiaux Maximilien de Bade fut le dernier – et le plus court – chancelier de l’empire allemand (3 octobre au 9 novembre 1918) ; c’est dans cette fonction qu’il annonça par anticipation l’abdication du Kaiser, ce que ce dernier ne lui pardonna jamais

De gauche à droite, le jeune Christian-Günther Bernstorff (fils du comte Johann Heinrich von Bernstorff, ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis de 1908 à 1917), le prince Max de Bade et le prince Heinrich de Reuss branche cadette ; on remarquera que pour l’occasion Wilbur Durborough a troqué sa casquette pour une élégant canotier

8’04’’ :       à gauche du personnage central, un zouave à la tenue distinctive

11’35 :        Ortelsburg est aujourd’hui située en Pologne, dans la voïvodie de Varmie-Mazurie et s’appelle Szczytno (bon courage à qui voudra tenter de prononcer ce nom…)

13’59’’ :     le général Limbrecht von Schlieffen (1852-1935) membre de l’état-major d’Hindenbourg

17’54’’ :     la première crainte est en fait de voir augmenter le nombre des soldats inaptes au combat du fait de la maladie ; les craintes pour la population allemande lors des retours de permissionnaires n’est que très secondaire

18’15’’ :     rappelons qu’à l’époque la Pologne n’existe plus et qu’elle est alors partagée entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie ; depuis le traité de Vienne Varsovie est russe

20’25 :           Posen, aujourd’hui Poznań en Pologne, était prussienne depuis le traité de Vienne

20’28’’ :         ces soldats portant schako sont des chasseurs à pied

216 - Dans l'Allemagne de 1915

Wilbur Durborough debout au centre avec des correspondants de presse à l’hôtel Adlon à Berlin (cliché tiré de : https://shootingthegreatwar.blogspot.com/2015/09/durborough-war-film-premiere-set-for.html).

Ainsi donc, avec l’entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917 le film de Wilbur Durborough fut retiré des écrans et sombra peu à peu dans l’oubli. Après presque un siècle d’obscurité, il connut une renaissance inattendue en 2015 lorsque la Bibliothèque du Congrès, s’appuyant sur les recherches des historiens James W. Castellan, Cooper C. Graham et Ron van Ropperen, entreprit de le restaurer. C’est aujourd’hui le seul exemple connu d’un documentaire américain conservé dans son intégralité sur les débuts de la première guerre mondiale. Après la savante présentation qui en a été donnée par la série « mystères d’archives », je vous propose donc de le visionner entièrement. Attention toutefois :

- les images montrant le Kaiser partant passer en revue les fameux hussards « à tête de mort » ont en fait été tournées en 1913 par d’autres que Wilbur Durborough et Irving Ries à l’occasion du mariage de la fille du souverain, la princesse Victoria-Louise, avec le prince Ernest-Auguste de Brunswick, tout comme celles montrant l’impératrice Augusta-Victoria et sa fille...

- la plupart des images montrant fantassins et artilleurs se préparant au combat ont été tournées sur un terrain de manœuvre et non sur le champ de bataille comme le laissent entendre les cartels de présentation ;

- à 1 heure 31 du début du film on voit des artilleurs autrichiens mettant en batterie un mortier Skoda de 305 mm modèle 1911, destiné à écraser les forts les mieux défendus, comme ils le firent contre les forts de Liège dès le début du conflit.

Le lecteur américanophone 3 pourra se reporter au lien suivant afin de visionner ce film avec les commentateurs de deux des historiens l’ayant redécouvert.

3 Personne ne saurait être parfait, même parmi mes chers et fidèles lecteurs (avec mes compliments à mes excellents amis Caroline et Bertrand B-L…)

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