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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 06:21
221 - Les anglais entrent en guerre

L’Amirauté à Berlin (cliché tiré de : https://www.meisterdrucke.fr/fine-art-prints/Unbekannt/724014/Le-b%C3%A2timent-de-l&39;Amiraut%C3%A9-allemande,-Berlin,-1915.html).

Dans la suite chronologique implacable de l’été 1914 menant à la conflagration, un suspens s’installa brièvement pour savoir si le Royaume-Uni rentrerait dans la lutte ou resterait simple spectateur du conflit, comme il l’avait été en 1870 lors de la guerre franco-allemande… A Berlin, si les politiques penchaient pour la neutralité britannique, cette hypothèse fut rapidement battue en brèche par les militaires.

Franz von Rintelen 1, alors jeune officier affecté au bureau de renseignement de l’Etat-major de la Marine impériale nous fait vivre la journée au cours de laquelle l’ambassadeur du Royaume-Uni à Berlin notifia officiellement au Ministère allemand des Affaires Etrangères la déclaration de guerre de son pays à l’Empire allemand. Il revient ensuite sur les informations contradictoires en provenance de Londres qui précédèrent le dénouement de ce drame.

1 Franz Dagobert Johannes von Rintelen (1878-1949) spécialiste des affaires financières et de renseignement ; il jouera un grand rôle à partir de 1915 à l’ambassade d’Allemagne à Washington.

221 - Les anglais entrent en guerre

Franz von Rintelen (cliché tiré de l’édition française de ses mémoires).

C’est l’après-midi du 4 août 1914. Assis à nos tables nous, les jeunes officiers attachés à l’état-major de l’Amirauté, nous attendons, nous attendons… La guerre a été déclarée et de temps en temps les troupes expédiées vers l’ouest ou vers l’est défilent sous nos fenêtres. Les sons belliqueux des marches militaires éclatent jusque dans nos paisibles bureaux ; nous ouvrons un instant les fenêtres et saluons de la main les camarades que la guerre met en marche.

C’est l’après-midi du 4 août 1914. Nous sommes assis dans nos bureaux à l’Amirauté et nos nerfs supportent à peine la tension d’une plus longue attente. Parfois un bruit court le long des couloirs. Nos chefs ont informé, dit-on, le gouvernement que d’après les renseignements donnés par notre attaché naval à Londres et par nos agents secrets, la Grande-Bretagne ne restera certainement pas neutre. Nous, officiers de l’état-major naval, nous sommes convaincus que bientôt les navires de guerre anglais dirigeront leurs proues vers le sud. Dans la nuit, tandis qu’assis dans nos bureaux, nous parlons anxieusement à voix basse, nous attendons quelque chose, un événement, des nouvelles qui feront de nos pressentiment une réalité. La guerre contre la France et la Russie est une guerre qui sera faite par l’armée de terre, et le rôle de la marine ne sera vraisemblablement pas considérable. Mais si la Grande-Bretagne !... Nous attendons, nous attendons.

C’est l’après-midi du 4 août 1914. La porte de mon bureau s’ouvre ; je reçois de mon chef direct l’ordre d’aller immédiatement au ministère des Affaires étrangères pour y prendre des nouvelles d’importance. Je dois ensuite apporter ces nouvelles dans le plus bref délai à l’Amirauté, rue Königin Augusta.

Je me lève aussitôt mes instructions reçues. Quelques autres officiers se trouvent dans la salle ; et ils retiennent leur respiration pendant que je prends connaissance de mes ordres qui finissent sur ces mots :

« Toutes les minutes sont précieuses. »

Nous avons tous l’impression de l’imminence d’un événement qui nous touche de près. Nous dissimulons notre agitation devant les plantons de service, mais pendant que je m’apprête en hâte, un de mes camarades téléphone à la préfecture de police pour prévenir que dans quelques instants une voiture de l’Amirauté va passer à toute allure Bendlerstrasse 2 ; Tiergartenstrasse 3 et Vosstrasse 4 et qu’elle doit trouver la voie libre.

2 Artère rebaptisée Stauffenbergstrasse en 1955, en hommage au colonel Claus von Stauffenberg, principal acteur de l’attentat du 20 juillet 1944.

3 Artère au sud du parc de Tiergarten ; on y trouve aujourd’hui un bas relief représentant le chancelier Conrad Adenauer et le président de Gaulle.

4 Artère du centre de Berlin sur laquelle le caporal bohémien fit bâtir sa nouvelle chancellerie.

La voiture démarre. Et me voici peu après sur les marches du ministère des Affaires étrangères. Un huissier m’ouvre la porte et je traverse le hall pour me trouver tout à coup dans une vaste salle.

221 - Les anglais entrent en guerre

Sir Edward Goschen (photographie tirée de sa notice wikipédia en anglais).

Je vois deux gentlemen sur un divan de peluche, sir Edward Goschen, ambassadeur de Sa Majesté britannique 5 et Mr. James W. Gerard, ambassadeur des Etats-Unis 6. Le premier a l’air déprimé et parle à voix basse, à demi tourné vers Gerard.

5 Edward Goschen (1847-1924) après avoir été ambassadeur en Autriche-Hongrie de 1905 à 1908 avait été nommé à Berlin.

6 James Watson Gerard (1857-1951) avait été nommé ambassadeur en Allemagne en 1913 ; il jouera par la suite un grand rôle au sein du parti démocrate et contribuera à l’élection de Franklin Roosevelt comme président des Etats-Unis.

C’est l’après-midi du 4 août 1914 et debout dans cette salle, cette scène sous mes yeux, j’en saisis immédiatement la portée. Je connais maintenant la nature des nouvelles que je dois apporter aussi vite que possible à l’Amirauté. Je sais que sir Edward Goschen vient de remettre la déclaration de guerre de son pays et Mr. Gerard, l’ambassadeur américain, est venu au ministère avec lui pour annoncer qu’il est chargé de représenter les intérêts britanniques en Allemagne.

Un instant je sens mes genoux trembler pendant que toute la signification historique de cet incident s’impose à mon esprit. Puis je me rappelle que je suis officier de marine et un enthousiasme sans bornes s’empare de moi. Je vois la Flotte appareiller en quelques minutes et les lourds panaches de fumées crachées par nos flottilles de torpilleurs obscurcir dès ce soir le ciel de la mer du Nord.

221 - Les anglais entrent en guerre

James W. Gerard (photographie tirée de sa notice wikipédia en anglais).

Mais tout à coup je reprends mon sang-froid. Je remarque ce regard d’indifférence sur la face de Gerard assis sur le divan en complet de ville marron et non comme Goschen en redingote et chapeau haut de forme. Goschen est assis très correctement dans une attitude d’angoisse manifeste tandis que Gerard est à moitié vautré sur les coussins. Il a les jambes croisées et il reste là nonchalamment et tout à son aise en faisant tourner son chapeau de paille au bout de sa canne. Les yeux fixés au plafond il murmure avec un calme déconcertant : « Oui, le Mexique finira peut-être bien par demeurer le seul pays pacifique du monde. »

Le Mexique ! un pays déchiré alors par la guerre civile 7 !

7 Depuis 1911, le Mexique était entré en révolution, avec une succession rapide de présidents (Diaz, Madero, Huerta, Carranza), dont plusieurs finirent assassinés ; c’est aussi l’époque au cours de laquelle sévirent Pancho Villa et Emiliano Zapata.

Herr von Jagow, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères 8, pénètre dans la salle et me remet un pli scellé. Je sais ce qu’il contient. Je m’incline d’abord devant le secrétaire puis devant les deux ambassadeurs et me rends à peine compte comment je descends l’escalier. Ma voiture se lance le long des rues parcourues à l’aller jusqu’à l’Amirauté. Aux carrefours, devant les passages encombrés, les agents de police guettent l’auto pour arrêter aussitôt, de la main levée, la circulation et m’éviter tout retard.

8 Gottlieb von Jagow (1863-1935) fut ministre des Affaires étrangères de 1913 à 1916 ; il aurait été le principal inspirateur d’un projet consistant à faire entrer le Mexique en guerre contre les Etats-Unis.

221 - Les anglais entrent en guerre

Gottlieb von Jagow (photographie tirée de sa notice wikipédia).

Devant l’Amirauté le conducteur manœuvre ses freins et sa voiture stoppe brusquement. Deux officiers supérieurs debout à la porte du grand chef s’élancent vers moi. Le capitaine von Bülow, directeur du service central ouvre l’enveloppe.

Il s’absorbe un instant dans sa lecture, puis faisant demi-tour à gauche, il appelle le commandant de la station de T.S.F. de Nauen 9 debout derrière lui :

9 Ville du Brandebourg située à 27 kilomètres au nord-ouest de Potsdam. En 1914 sa station radio était réputée être la plus puissante au monde.

« Commandant. Faites donner Nauen. »

Le commandant se précipite dans son bureau et décroche le récepteur de l’appareil qui communique directement avec cette station.

Deux secondes après la Flotte de Haute Mer saura et encore deux secondes plus tard toutes les flottilles de torpilleurs sauront :

« Guerre avec l’Angleterre ! »

Les stations de la Baltique et de la mer du Nord, les croiseurs de l’Atlantique et nos escadres seront avertis dans peu de minutes.

221 - Les anglais entrent en guerre

Antenne de la station de T.S.F. de Nauen (cliché tiré de sa notice wikipédia en anglais).

Nous avions tous pensé que la Flotte de Haute Mer se mettrait en mouvement aussitôt après la déclaration de guerre britannique ; nous avions imaginé que l’Amirauté deviendrait un centre où se rassembleraient tous les fils de la grande mobilisation navale ; nous avions cru que la marine interviendrait elle aussi dans la lutte pour l’existence du pays. Mais ce que nous attendions avec tant de confiance n’arriva pas ; la flotte resta où elle était et, au lieu de prendre part aux hostilités, l’état-major de la marine s’engagea dans des conflits politiques des plus passionnés. Au moment précis où nous pensions que le commandement naval donnerait l’ordre d’attaquer, nous fûmes convoqués à une conférence d’officiers. Là nous apprîmes ce qui suit :

« Les vues du chancelier d’Empire 10 peuvent se résumer ainsi : nous ne devons pas provoquer la Grande-Bretagne. Les plus hautes autorités britanniques nous assurent que leur pays ne prend part à la guerre qu’en apparence et pour remplir des engagements d’ordre purement militaires qu’on avait laissé ignorer au « Foreign Office. » Toute action énergique de la Flotte allemande provoquerait nécessairement un changement de vues en Angleterre. »

10 Theobald Theodor Friedrich Alfred von Bethmann Hollweg (1856-1921) était chancelier d’empire depuis le 14 juillet 1909.

221 - Les anglais entrent en guerre

Telle était l’opinion du chancelier ; ce n’était pas celle de l’Amirauté ; et il était à prévoir que les hommes politiques ne s’entendraient pas avec les amiraux pour cette interprétation des intentions britanniques avant la guerre et au moment où elle éclaterait.

Peu avant la guerre déjà les deux partis étaient profondément divisés sur cette question : l’Angleterre prendra-t-elle part à la guerre ou non ? Cette divergence de vues s’était fort accentuée au début du mois d’août, alors que les hostilités étaient déjà engagées à fond sur le continent ; mais l’Angleterre conservait encore son attitude de réserve.

Chaque fois qu’arrivait de Lichnowsky, notre ambassadeur à la cour de Saint-James 11, un télégramme annonçant que l’Angleterre ne songeait ni à rompre avec son principe de non-intervention dans les querelles européennes, ni à prendre les armes contre l’Allemagne, le capitaine von Müller 12, notre attaché naval à Londres télégraphiait de son côté pour avertir que tout faisait croire que l’Angleterre était sur le point d’ouvrir les hostilités sur mer. Cet état de chose finissait même par devenir grotesque. Tous les jours arrivaient des télégrammes affirmant ces deux points de vue opposés jusqu’à ce que finalement la guerre éclatât, l’Angleterre s’étant proclamée notre ennemie.

11 Karl Max von Lichnowsky (1860-1928) était ambassadeur de l’Empire allemand à Londres depuis 1912.

12 Ce nom étant très commun en Allemagne, il ne m’a pas été possible d’identifier cet officier ; il ne faut toutefois pas le confondre avec le commandant Karl von Müller (1873-1923) qui commandait le croiseur Emden dans l’escadre du Pacifique.

221 - Les anglais entrent en guerre

L’ambassadeur von Lichnowsky (photographie tirée de sa notice wikipédia).

Le matin même du 4 août, jour de la déclaration de guerre britannique par le canal de sir Edward Goschen, le capitaine von Müller avait télégraphié en ces termes :

 « Je demeure convaincu que malgré l’opinion contraire de l’ambassadeur il se prépare ici du vilain pour nous. »

Dans la matinée du 5 août, douze heures après la déclaration formelle de la guerre, alors que personne n’attendait plus de télégrammes de notre ambassade à Londres, le prince Lichnowsky câblait encore :

« Le vieux gentleman (Asquith 13) vient de me déclarer, les larmes aux yeux, qu’une guerre est impossible entre nos deux peuples unis par les liens du sang. »

13 Herbert Henry Asquith (1852-1928), 1er comte d’Oxford et Asquith, était premier ministre du Royaume-Uni depuis le 8 avril 1908.

221 - Les anglais entrent en guerre

Herbert Henry Asquith (portrait tiré de sa notice wikipédia).

Le Kaiser l’annota de sa grande écriture si caractéristique et il écrivit en marge du télégramme de l’ambassadeur :

« Quel réveil pour cet homme, quand il sortira de ses rêves diplomatiques ! »

Les opinions du chancelier d’Empire n’avaient donc rien pour nous surprendre. Le hasard voulut que je dusse rencontrer l’amiral von Tirpitz quelques heures après. Des amitiés de famille lui avaient à l’occasion permit de me prendre pour confident. Je le trouvai dans un état de véritable désespoir. Il était assis dans son fauteuil, vieilli de plusieurs années et me dit à différentes reprises qu’il n’avait pas le moindre désir d’aller à Coblence « avec ce maudit Quartier Général ». Il craignait de s’y trouver échec et mat ; et pendant qu’il parlait ainsi comme pour lui-même, je vis soudain un abîme se creuser devant nous. A cette heure terrible, alors que tout en Allemagne eût dû se subordonner à la seule volonté de sauver la patrie menacée de tous côtés par ses ennemis, c’étaient des intrigues, des malices et des mobiles d’ordre personnel et mesquin qui dominaient la situation. Alors que Tirpitz aurait dû prendre le commandement de la Flotte de Haute Mer et concentrer ses unités dans la mer du Nord, le chef du cabinet naval, l’amiral von Müller 14 et quelques personnes de son entourage faisaient les plus grands efforts pour le couler, le chancelier avait fait valoir auprès de l’empereur que Tirpitz était trop âgé pour remplir en temps de guerre des fonctions aussi importantes 15.

14 Georg Alexander von Müller (1854-1940) était chef du cabinet maritime du Kaiser depuis 1906.

15 L’amiral Tirpitz avait alors 65 ans, soit un an de moins qu’Helmuth von Moltke qui dirigeait le Grand Etat-Major général de l’armée allemande...

221 - Les anglais entrent en guerre

L’amiral von Müller (portrait tiré de sa notice wikipédia).

Il va sans dit que le corps des jeunes officiers n’avait, dans ces circonstances aucune envie de faire passer la politique avant les considérations purement militaires. Cela était d’autant moins probable que nous savions depuis des années que rien ne pouvait compenser notre infériorité numérique sur mer, sinon le succès d’une offensive rapide prenant l’ennemi au dépourvu. La tactique qui prévalut alors de parer tout simplement les mouvements que ferait l’ennemi fut loin de rallier nos suffrages. Il fallut néanmoins donner un certain jeu à notre besoin d’agir et nous mîmes donc toute notre énergie à encourager l’activité de nos croiseurs dans le reste du monde. 16

16 Mes souvenirs de guerre secrète (Payot ; Paris, 1933) pp. 9-15.

221 - Les anglais entrent en guerre
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20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 18:15

Preuve paradoxale de sa modernité, Napoléon III fut un pionnier dans le domaine de l’archéologie expérimentale. En effet, dans le cadre de ses recherches sur Jules César – en qui il voyait le précurseur du bonapartisme – il encouragea les recherches sur l’armée romaine de la fin de la période républicaine en général et sur la guerre des Gaules en particulier. Il désigna notamment le commandant Stoffel 1 pour superviser les fouilles de Gergovie et d’Alésia, fit construire sur des plans de Dupuy de Lôme 2 (conseillé par Auguste Jal 3) une reproduction de galère de 130 rameurs et de près de 40 mètres de long et fit réaliser par le colonel de Reffye 4 des reconstitutions de balistes, onagres et autres catapultes.

1 Eugène Stoffel (1821-1907) polytechnicien et officier d’ordonnance de Napoléon III ; il sera nommé attaché militaire à l’ambassade de France à Berlin en 1866, après ses travaux à Alise-Sainte-Reine.

2 Stanislas Charles Henri Laurent Dupuy de Lôme (1816-1885) polytechnicien et ingénieur du génie maritime qui conçut en 1850 le premier navire de ligne au monde à propulsion à vapeur ainsi que du premier cuirassé français en 1852.

3 Auguste Jal (1795-1873) archiviste et écrivain, père de l’archéologie navale en France.

4 Jean-Baptiste Verchère de Reffye (1821-1880) polytechnicien et officier d’ordonnance de Napoléon III ; il mit au point un « canon à balles », ancêtre de la mitrailleuse et contribua à l’introduction en France des canons à âmes rayées ainsi que des systèmes de chargement de ces pièces par la culasse.

220 - Accident de Baliste

Grande baliste reconstituée par le colonel de Reffye (cliché tiré de : https://archeologie.culture.gouv.fr/sources-archeologie/fr/mediatheque/reconstitution-grandeur-nature-dune-baliste).

Nous avons déjà eu l’occasion de voir l’intérêt de l’empereur Guillaume II pour l’archéologie 5. Aussi fut-il intéressé par les travaux du major Erwin Schramm 6 qui, à l’exemple de Napoléon III, s’était lancé dans des tentatives de reconstitution de machines de siège antiques. La nouvelle de ses travaux en poliorcétique étant parvenues jusqu’aux oreilles impériales, Guillaume II profita en juin 1904 de l’un de ses séjours à la Saalburg pour assister à une démonstration menée par Erwin Schramm en personne.

5 Voir : http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/article-saalburg-81067172.html.

6 Erwinn Schramm (1856-1935) artilleur dans l’armée saxonne et archéologue ; il avait notamment participé au début des années 1900 aux fouilles des vestiges de l’amphithéâtre de Metz (cette ville appartenant depuis 1871 à l’empire allemand).

220 - Accident de Baliste

Le Kaiser lors de la démonstration.

Cette visite faillit toutefois mettre un terme définitif au règne du Kaiser… En effet, comme le montre le court documentaire qui ouvre ce billet, le réglage de la sangle et de la poche qui positionnent et donnent son élan au projectile est très délicat. Et lors de cette visite un boulet fut projeté en l’air, au lieu de glisser le long de la rainure destinée à diriger sa trajectoire, et vint atterrir au plus près de l’auguste visiteur, heureusement sans mal : tout allait bien qui finissait bien. D’ailleurs Guillaume II n’en tint pas rancune au major Schramm puisque ce dernier fut promu lieutenant-colonel dès l’année suivante et sera finalement nommé général de division en 1915.

220 - Accident de Baliste

Le général Erwin Schramm (cliché tiré de : http://prussianmachine.com/divb/schramm.htm).

Annexe

L’image de ce boulet venant possiblement se poser sur le casque impérial a-t-elle inspiré André Franquin pour le célèbre bilboquet-casque à pointe 7 de Gaston Lagaffe ? J’avoue ne pas le savoir et je laisse à chacun le soin de se faire un avis à ce sujet…

7 Sa base, trouvée par Gaston dans le grenier de sa tante Hortense, est un casque modèle 1905/1906 d’un régiment prussien, du fait de la présence de l’aigle comme plaque frontale.

220 - Accident de Baliste

Figurine Hachette.

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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 19:08

Le mythe de la dame blanche est un des grands classiques de l’occultisme, au point qu’il inspira en 1825 un opéra à Boieldieu 1 sur un livret de Scribe 2, l’un de ses thèmes musicaux ayant inspiré la marche qui ouvre ce billet. D’ailleurs Erasme avait déjà écrit : « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières ». Aussi ne faut-il pas s’étonner que la maison de Hohenzollern se soit vue attribuer sa propre dame blanche.

1 François-Adrien Boieldieu (1775-1834), un des principaux compositeurs normand d’opéra du premier quart du XIXe siècle, rallié à tous les régimes qui se sont succédés pendant cette période agitée…

2 Eugène Scribe (1791-1861) dramaturge et librettiste prolifique dont l’œuvre est aujourd’hui largement tombée dans l’oubli.

Qui était-elle ? Les auteurs ne sont pas d’accord entre eux, comme bien on peut bien l’imaginer et semblent embrouiller à plaisir les noms et les époques. Aussi je me bornerai à un bref rappel de leurs principales hypothèses. Deux candidates rallient la majorité des suffrages : la première, Bertha de Rosenberg 3; la seconde, la comtesse Orlamunde de Plassenbourg qui, devenue veuve, aurait tué ses deux jeunes enfants pour les beaux yeux d’un jeune burgrave avant de devenir abbesse du couvent d’Himmelkron, qu’elle aurait fondé 4. Toutefois, ce pourrait tout aussi bien être Anna Sidow 5, favorite du prince électeur Joachim II de Brandebourg 6 qui dépensa des sommes folles pour elle ou une anonyme qui aurait servi de modèle pour la terrible vierge de fer 7 fabriquée à la demande du prince électeur Frédéric à la Dent de Fer 8

3 Perchta de Rosenberg (vers 1429 - 1476) épousa contre son gré Jan de Lichtenstein lequel l’aurait maltraité tant par la parole que par le geste.

4 La fondatrice du couvent d’Himmelkron fut Agnès de Weimar-Orlamunde, morte le 19 septembre 1354, dont rien ne prouve les turpitudes qui lui sont prêtées par les « experts » en ésotérisme.

5 Anna Sydow (vers 1525 - 1575), fut internée dans la forteresse de Spandau où elle mourut par Jean II Georges de Hohenzollern, successeur de Joachim II.

6 Joachim II Hector de Hohenzollern (1505-1571), prince électeur de Brandebourg à partir de 1535.

7 Instrument de torture constitué d’un sarcophage garni de pointes métalliques destinées à percer le supplicié. Le modèle exposé à Nuremberg n’apparaissant pas avant 1802 a toutes les chances d’être un faux et ne peut en aucun cas être attribué au prince électeur Frédéric II ; il a été détruit lors des bombardements de la ville par les  alliés à la fin de la seconde guerre mondiale.

8 Frédéric II de Hohenzollern (1413-1471), prince électeur de Brandebourg à partir de 1440.

219 - La dame blanche des Hohenzollern

Vierge de fer (image tirée de : http://ironmaidencommentary.com/?url=album01_ironmaiden/maidennuremberg&lang=fra&link=albums).

Quelle que soit son identité, on a rapporté son apparition peu avant les morts de l’électeur Albert Achille de Brandebourg en 1486 9, de la princesse Louise-Henriette en 1667 10, du margrave Erdmann Philipp de Brandebourg en 1677 11, de l’électeur Frédéric-Guillaume Ier en 1688 12, du prince Louis de Prusse en 1806 13 et de la princesse Marie-Auguste de Prusse en 1914 14. Elle aurait encore été vue en juillet 1857 à Pillnitz 15 où séjournait le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse 16, peu avant que ce malheureux souverain ne soit frappé de folie. On doit cependant noter qu’elle aurait aussi été vue en 1659 et en 1666 par l’électeur Frédéric-Guillaume Ier sans la moindre suite fâcheuse pour lui.

9 Albert III Achille de Hohenzollern (1414-1486) prince électeur de Brandebourg à partir de 1471.

10 Louise-Henriette d’Orange (1627-1667) avait épousé le prince électeur Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg en 1646.

11 Peut-être Erdmann Philippe de Brandebourg-Culmbach (1659-1678) membre de l’une des branches de la maison de Hohenzollern.

12 Frédéric-Guillaume Ier de Hohenzollern (1620-1688), surnommé le Grand Electeur suite à sa victoire sur les Suédois lors de la bataille de Fehrbellin en 1675, fut prince électeur de Brandebourg à partir de 1640.

13 Louis-Ferdinand de Hohenzollern (1772-1806) neveu de Frédéric II et cousin des rois Frédéric-Guillaume II et Frédéric-Guillaume III de Prusse, fut tué lors de la bataille de Saalfeld.

14 Je n’ai malheureusement pas réussi à identifier précisément cette princesse.

15 Village situé près de Dresde, célèbre pour son château.

16 Frédéric-Guillaume IV (1795-1861) roi de Prusse depuis 1840 fut victime en 1858 d’une congestion cérébrale qui le laissa diminué physiquement et intellectuellement et fit nommer régent du royaume son frère cadet, futur roi Guillaume Ier de Prusse et empereur allemand.

219 - La dame blanche des Hohenzollern

En dépit de ce dernier contre-exemple, la malédiction de la dame blanche des Hohenzollern ne pouvait manquer d’inspirer la propagande alliée pendant la première guerre mondiale. Une curieuse petite brochure rédigée par un certain J.-H. Lavaur (inconnu par ailleurs) des Editions pratiques et documentaires 17, parue au tout début du conflit 18 en témoigne. Toutefois, comme cette publication se veut « sérieuse », elle ne manque pas d’inclure à l’attention du lecteur un avertissement assez ambigu :

17 Maison d’édition a priori spécialisée dans l’ésotérisme, si l’on en juge par nombre de ses titres : Les prédictions sur l’avenir prochain de la France, Comment se réalise en ce moment même la fin de l’empire allemand ou encore Quelle sera la durée de la guerre ?

18 Bien que ne portant aucune date de parution, cet opuscule prédit la fin des hostilités et la défaite allemande pour 1915…

De toute façon donc, nous devions pour ainsi dire, avoir une apparition de la Dame blanche en 1914. nous le devions d’autant plus que Guillaume II, comme nous l’avons expliqué dans nos précédents ouvrages sur des sujets analogues, est bien le souverain le plus mystique et le plus superstitieux que l’Allemagne ait jamais vu présider à ses destinées.

Avec un homme pareil, la Dame blanche ne pouvait manquer au rendez-vous de la fatalité.

A la vérité, nous n’avons pas eu seulement une apparition. Nous en avons eu trois… et cette triple manifestation du fantôme traditionnel de la Prusse s’explique, sans doute, par l’importance particulière des événements en cours.

Sur ces trois apparitions, nous allons dire ce qui nous a été rapporté – par des personnes pleines de bon sens et de jugement, qui se trouvaient à Berlin quelques semaines seulement avant la guerre.

Nous tenons pour certain le récit de ces personnes, en tant qu’il reproduit ce qu’elles ont entendu dire en Prusse. Mais nous faisons ici la même observation que nous avons déjà faite au sujet des apparitions du passé, racontées dans de nombreux ouvrages : nous ne pouvons garantir l’authenticité des faits. D’abord lesdites personnes n’en ont pas été les témoins. Au surplus, nous ne saurions nous prononcer davantage sur la nature véritable de ces faits, d’apparence merveilleuse.

Donc il s‘agit de relations faites par des gens sérieux mais qui n’ont pas été témoins directs des faits et dont on ne donne pas l’identité ; de plus, l’auteur tient ces récits pour certains mais s’empresse d’ajouter qu’il ne peut en garantir l’authenticité. Ne soyons toutefois pas trop sévère avec lui, nombre d’actuels journalistes ou experts auto-proclamés de la presse écrite, radio ou télédiffusée nous proposent leurs commentaires de la même façon. Donc ces trois apparitions assurées –mais que rien ne prouve – eurent lieu à Potsdam, à Berlin et dans le parc d’un palais non précisé en juin et juillet 1914 et à chaque fois elles auraient laissé le Kaiser dans un profond état d’hébétude. Pas au point toutefois de le dissuader en ce fatidique mois de juillet 1914 de partir pour trois semaines de croisière dans les eaux scandinaves…

219 - La dame blanche des Hohenzollern

Après cette dame blanche aussi fantomatique qu’improbable, une dame blanche bien plus concrète vint se mettre en travers du chemin de l’armée allemande pendant la guerre. En effet, non sans humour, des résistants belges utilisèrent son nom pour baptiser leur réseau d’espionnage en pays occupé.

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21 juin 2023 3 21 /06 /juin /2023 20:48
218 - Année 1887

En 1887 le futur Guillaume II avait 28 ans

Politique

21 février : victoire des conservateurs suite à la dissolution du Reichstag après son refus de voter les crédits militaires prévus par Bismarck

218 - Année 1887

Timbre allemand de 1965

20 avril : début de l’affaire Schnaebelé, commissaire de police français attiré dans un traquenard par l’un de ses collègues allemands

218 - Année 1887

Timbre allemand de 1876

30 avril : démission du général Boulanger de son poste de ministre de la guerre

218 - Année 1887

18 juin : traité de réassurance germano-russe

20 juin : les Etats-Unis installent un dépôt de charbon pour leur marine à Pearl Harbour (royaume d’Hawaï)

218 - Année 1887

Timbre hawaïen de 1883

25 juin : élection de Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha, protégé de l’Autriche-Hongrie, comme prince de Bulgarie malgré l’opposition de la Russie

218 - Année 1887

Timbre bulgare de 1901

17 octobre : création par la France de l’Union indochinoise (Cochinchine, Annam, Tonkin Cambodge)

218 - Année 1887

Pièce de 1947

18 novembre : avènement de Charles XI au trône de France

218 - Année 1887

1er décembre : traité de Pékin accordant au Portugal l’occupation permanente et l’administration de Macao

218 - Année 1887

2 décembre : démission du président Jules Grévy à la suite du scandale des décorations (voir infra)

218 - Année 1887

Timbre français de 2002

Sciences et techniques

4 juin : décret créant l’Institut Pasteur de Paris

218 - Année 1887

Timbre français de 1987

26 septembre : l’ingénieur américain d’origine allemande Emile Berliner dépose un brevet pour l’enregistrement des sons sur un disque de zinc

218 - Année 1887

Arts

6 janvier : première apparition de Sherlock Holmes dans le Beeton’s Christmas Annual

218 - Année 1887

Timbre de San Marin de 2003

5 février : création d’Otello de Giuseppe Verdi

218 - Année 1887

Naissances

28 janvier : Arthur Rubinstein, pianiste polonais

218 - Année 1887

Timbre israélien de 1986

25 mars : padre Pio, capucin italien

218 - Année 1887

Timbre italien de 2002

12 août : Erwin Schrödinger, physicien et philosophe autrichien qui a perdu son chat…

218 - Année 1887

Timbre autrichien de 1987

17 août : Charles François Joseph de Habsbourg-Lorraine, futur empereur d’Autriche et roi de Hongrie (entre autres)

218 - Année 1887

Timbre austro-hongrois de 1917

6 octobre : Charles-Edouard Jeanneret-Gris, alias Le Corbusier, architecte suisse naturalisé français

218 - Année 1887

Timbre monégasque de 1987

31 octobre : Tchang Kaï-chek, futur président de la république de Chine

218 - Année 1887

Décès

18 novembre : Jean III, roi de France

218 - Année 1887

« Pipole »

29 janvier : naissance du prince Auguste-Guillaume de Hohenzollern, quatrième fils du Kaiser

Suite aux confidences d’une prostituée retirée des affaires galantes, une enquête de police a finalement révélé que Daniel Wilson, député d’Indre-et-Loire mais surtout gendre du président Jules Grévy, utilisait son influence pour négocier des participations d’hommes d’affaires dans ses entreprises en échange de décorations. Comme en France tout finit par des chansons, Emile Carré 1 composa pour l’occasion la chanson suivante :

1 Emile Carré (1829-1892) après un début de carrière militaire devint chansonnier.

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4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 07:46
217 - Requiem

Sépulture du Kaiser à Doorn (cliché tiré de la page : https://www.wilhelm-der-zweite.de/heute/doorn.php).

Nous commémorons en ce jour l’anniversaire du décès du Kaiser en son exil hollandais. Pour cette occasion, j’ai trouvé sur un site américain de vente aux enchères 1 deux télégrammes du Kronprinz adressés à cette occasion à Hermann Göring alors ministre-président de Prusse 2 (et seul dignitaire nazi ayant jamais été reçu par l’empereur à Doorn, un peu avant la prise du pouvoir par le caporal bohémien 3).

1 https://www.alexautographs.com/auction-lot/hermann-goering_822409F847

2 Hermann Göring avait été nommé à ce poste le 11 avril 1933, en remplacement de Franz von Papen, après la victoire des nazis aux élections générales, laquelle portera leur meneur à la chancellerie.

3 Indépendamment de sa douteuse carrière politique, Hermann Göring pouvait se targuer de ses exploits dans l’aviation impériale pendant la première guerre mondiale, sanctionnés par l’attribution de la prestigieuse croix pour le Mérite le 2 juin 1918.

217 - Requiem

Le premier de ces télégrammes a la sécheresse d’un message quasi administratif, annonçant brièvement le décès ainsi que les dernières volontés du défunt quant à son enterrement ; il est d’ailleurs envoyé à l’adresse officielle de son destinataire. En somme, une simple annonce pour l’état civil prussien de la disparition de l’un de ses « ressortissants », dont le passé, la qualité et la célébrité justifiaient la notification directe au chef de l’administration de son land d’origine…

au ministre-président de prusse, monsieur le reichsmarschall goering 3 rue de Leipzig Berlin W 8

mon père, l'ancien empereur et roi guillaume II, s'est éteint paisiblement aujourd'hui, le 4 juin, à 11h30, à doorn, après une courte maladie. mon père, dans ses dernières volontés, souhaite que les funérailles se déroulent dans la plus grande simplicité et sobriété possibles et que sa dépouille soit inhumée à doorn.

guillaume

217 - Requiem

Le second télégramme a une teneur plus personnelle 4, sur un ton assez dérangeant – bien que non dépourvu d'ambiguïté – d’allégeance au régime nazi, laquelle n’engage, bien sûr, que son rédacteur. En effet, si le Kaiser s’était réjoui des succès des armes allemandes jusqu’en 1941 il était plus que réservé sur le régime lui-même et sur ses dirigeants (voir : http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2013/11/53-un-entretien-avec-guillaume-ii-en-septembre-1938.html).

4 La mention du destinataire se contente d’ailleurs de donner son grade, sans mentionner sa fonction de ministre-président ni son adresse officielle.

au reichsmarschall

du grand reich

monsieur hermann goering

c'est avec une profonde émotion que j'ai reçu vos condoléances à l’occasion du décès de mon père et je vous remercie de tout cœur de la preuve de votre fidèle camaraderie. jusqu'à sa mort, l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air sont restées très proches du cœur de mon père qui est décédé avec la conviction que la lutte difficile pour l'honneur de l'allemagne, son droit et sa liberté, lutte de la nouvelle Wehrmacht sous une direction géniale 5, conduira à la victoire finale de l'allemagne.

veuillez transmettre mes remerciements les plus sincères à votre chère épouse 6.

votre guillaume

5 On ne peut qu’être frappé par l’imprécision de cette formulation : qui est visé par cette « direction géniale » : le caporal bohémien ou l’Etat-major de la Wehrmacht ?

6 Emma Johanna Henny Sonnemann (1893-1973) seconde épouse de Göring.

217 - Requiem

Hermann Göring en 1918, alors qu’il n’est pas encore devenu un criminel ventripotent (cliché tiré de sa notice wikipédia).

Un grand merci à Franck Sudon pour ses traductions et ses remarques.

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 21:02
216 - Dans l'Allemagne de 1915

Au début de l’année 1915, le cinéaste américain Wilbur Durborough 1 convainquit un groupe d’investisseurs de financer son voyage en Allemagne afin d’y filmer la guerre. Accompagné par Irving Ries 2, autre cinéaste américain qu’il présente comme son « assistant cameraman », il obtint les autorisations nécessaires des autorités du Reich et réussit notamment à suivre l’offensive allemande conduisant à la conquête de presque toute la Pologne ainsi qu’au dégagement de la Galicie austo-hongroise.

1 Wilbur Henry Durborough (1882-1946) après un début de carrière dans le journalisme devint en 1913 photographe pour la Newspaper Enterprise association (NEA) couvrant l’année suivante l’occupation de la ville de Veracruz, opération militaire spéciale destinée à protéger les intérêts américains au cours de la lutte entre chefs révolutionnaires mexicains ; c’est d’ailleurs là qu’il apprit à se servir d’une caméra. Après le premier conflit mondial, il travailla dans les relations publiques et fonda sa propre agence photographique.

2 Irving G. Ries (1890-1963) fut acteur du temps du cinéma muet puis se reconvertit à l’époque du parlant dans la conception et la réalisation d’effets spéciaux ; en 1957, il fut nominé à l’oscar de cette catégorie pour sa participation au cultissime film Planète interdite.

Un excellent documentaire diffusé par Arte dans la série « mystères d’archives » (6saison, 2019) de Serge Viallet relate la façon dont cette œuvre fut réalisée et décrypte les trucs utilisés par Wilbur Durborough pour faire croire à ses spectateurs qu’il avait suivi les troupes au plus près des combats, ainsi que son goût de se mettre en scène au long de ses images. En conclusion il présente aussi les moyens utilisés par Durborough pour faire la publicité de son film à son retour aux Etats-Unis et le triste sort qui lui fut réservé lorsque ce pays finit par entrer dans le conflit…

En complément aux pertinentes analyses d’images présentées dans ce documentaire, on me permettra d’ajouter les quelques précisions qui suivent :

0’20’’ :       les cavaliers qui passent sont des cuirassiers

1’30’’ :       signe de la pénurie de matériel après neuf mois de guerre, ce soldat porte un casque ersatz dont le cuir bouilli de la coiffe a été remplacé par du feutre

5’30’’ :       de gauche à droite le prince Auguste-Guillaume de Prusse, la princesse Alexandra-Victoria de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg, le kronprinz Frédéric-Guillaume de Prusse, la kronprinzessin Cécilie de Mecklembourg-Schwerin, le prince Eitel-Frédéric de Prusse, la princesse Sophie-Charlotte d’Oldenbourg

5’52’’ :       en plus de ses prestigieux liens familiaux Maximilien de Bade fut le dernier – et le plus court – chancelier de l’empire allemand (3 octobre au 9 novembre 1918) ; c’est dans cette fonction qu’il annonça par anticipation l’abdication du Kaiser, ce que ce dernier ne lui pardonna jamais

De gauche à droite, le jeune Christian-Günther Bernstorff (fils du comte Johann Heinrich von Bernstorff, ambassadeur d’Allemagne aux Etats-Unis de 1908 à 1917), le prince Max de Bade et le prince Heinrich de Reuss branche cadette ; on remarquera que pour l’occasion Wilbur Durborough a troqué sa casquette pour une élégant canotier

8’04’’ :       à gauche du personnage central, un zouave à la tenue distinctive

11’35 :        Ortelsburg est aujourd’hui située en Pologne, dans la voïvodie de Varmie-Mazurie et s’appelle Szczytno (bon courage à qui voudra tenter de prononcer ce nom…)

13’59’’ :     le général Limbrecht von Schlieffen (1852-1935) membre de l’état-major d’Hindenbourg

17’54’’ :     la première crainte est en fait de voir augmenter le nombre des soldats inaptes au combat du fait de la maladie ; les craintes pour la population allemande lors des retours de permissionnaires n’est que très secondaire

18’15’’ :     rappelons qu’à l’époque la Pologne n’existe plus et qu’elle est alors partagée entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Russie ; depuis le traité de Vienne Varsovie est russe

20’25 :           Posen, aujourd’hui Poznań en Pologne, était prussienne depuis le traité de Vienne

20’28’’ :         ces soldats portant schako sont des chasseurs à pied

216 - Dans l'Allemagne de 1915

Wilbur Durborough debout au centre avec des correspondants de presse à l’hôtel Adlon à Berlin (cliché tiré de : https://shootingthegreatwar.blogspot.com/2015/09/durborough-war-film-premiere-set-for.html).

Ainsi donc, avec l’entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917 le film de Wilbur Durborough fut retiré des écrans et sombra peu à peu dans l’oubli. Après presque un siècle d’obscurité, il connut une renaissance inattendue en 2015 lorsque la Bibliothèque du Congrès, s’appuyant sur les recherches des historiens James W. Castellan, Cooper C. Graham et Ron van Ropperen, entreprit de le restaurer. C’est aujourd’hui le seul exemple connu d’un documentaire américain conservé dans son intégralité sur les débuts de la première guerre mondiale. Après la savante présentation qui en a été donnée par la série « mystères d’archives », je vous propose donc de le visionner entièrement. Attention toutefois :

- les images montrant le Kaiser partant passer en revue les fameux hussards « à tête de mort » ont en fait été tournées en 1913 par d’autres que Wilbur Durborough et Irving Ries à l’occasion du mariage de la fille du souverain, la princesse Victoria-Louise, avec le prince Ernest-Auguste de Brunswick, tout comme celles montrant l’impératrice Augusta-Victoria et sa fille...

- la plupart des images montrant fantassins et artilleurs se préparant au combat ont été tournées sur un terrain de manœuvre et non sur le champ de bataille comme le laissent entendre les cartels de présentation ;

- à 1 heure 31 du début du film on voit des artilleurs autrichiens mettant en batterie un mortier Skoda de 305 mm modèle 1911, destiné à écraser les forts les mieux défendus, comme ils le firent contre les forts de Liège dès le début du conflit.

Le lecteur américanophone 3 pourra se reporter au lien suivant afin de visionner ce film avec les commentateurs de deux des historiens l’ayant redécouvert.

3 Personne ne saurait être parfait, même parmi mes chers et fidèles lecteurs (avec mes compliments à mes excellents amis Caroline et Bertrand B-L…)

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7 mars 2023 2 07 /03 /mars /2023 18:10
215 - Les combinaisons du Figaro

L’actualité nous rappelle à quel point la préparation et l’équipement des troupes ainsi que la constitution de stock de matériel adapté sont nécessaires en cas de guerre. C’est curieusement une évidence que l’on redécouvre à chaque conflit. Ainsi en fut-il déjà en 1914, comme en témoigne René Chambre 1, alors aviateur dans la M.S. 12, première escadrille de chasse française.

1 René Michel Jules Joseph Chambe (1889-1983) jeune lieutenant de cavalerie a rejoint l’aviation en décembre 1914. Après la guerre il y poursuivra sa carrière et créera en 1936 le service historique de l’armée de l’air avant de devenir ministre de l’information du général Giraud à Alger puis chef de cabinet de ce dernier lorsque celui-ci coprésidera avec le général De Gaulle le Comité Français de Libération Nationale et enfin, après avoir participé au débarquement en Provence, chef de cabinet du général de Lattre de Tassigny, commandant de la Ire armée. Le lecteur intéressé par cet officier pourra se connecter au site : https://generalrenechambe.com/.

215 - Les combinaisons du Figaro

René Chambe (portrait tiré de l’ouvrage dont la couverture ouvre ce billet).

On ne peut pas dire que la France ait été surprise par la déclaration de guerre de 1914, elle s’y attendait et s’y préparait depuis des années. Elle apparaissait alors comme la première puissance militaire du monde. Seule, l’Allemagne serait en état de lui disputer ce titre. Mais dans la préparation de leurs armées, l’une comme l’autre, auraient des lacunes à se reprocher, dues à des erreurs d’appréciation, ou à un manque évident d’imagination. Personne n’allait prévoir avec clairvoyance la forme que devraient prendre les hostilités, encore moins leur durée.

La guerre éclaterait l’été, à la belle saison (sur ce point tout le monde était d’accord) et n’excéderait pas quelques semaines. L’effroyable force de destruction (déjà) des engins modernes ne permettrait certainement pas à l’homme de subsister longtemps sur le champ de bataille. L’un des deux camps – le plus éprouvé – serait fatalement amené à déposer les armes dans un délai très court. Il était impensable que les hostilités pussent se prolonger au-delà de l’automne. Sur ce second point l’Histoire devait se charger de donner la réplique aux augures.

L’été avait passé et, à son tour, l’automne ; l’hiver était venu. L’armée française (comme l’armée allemande) s’était laissé surprendre par les grands froids, sans que rien eût été préparé pour l’en préserver. Pas d’équipements spéciaux, pas de vêtements chauds, pas de vareuses molletonnées, pas de tricots de laine, pas même de gants fourrés, rien. Il avait fallu tout improviser pour doter les combattants du strict indispensable. Un effort énorme avait été entrepris en faveur des fantassins transformés en taupes misérables, dans leurs tranchées emplies de boue, de neige et de glace. Ils montaient la garde nuit et jour sans pouvoir ni s’abriter, ni se chauffer. Il était légitime que ce fût sur eux, avant tous autres, que s’exerçât la vigilance du commandement et que se penchât la tendre pitié de l’opinion publique.

Les peaux de moutons, les passe-montagnes, les bottes matelassées et les mitaines avaient fait leur apparition. Les combattants du sol étaient maintenant à peu près correctement pourvus.

215 - Les combinaisons du Figaro

Une vision un peu moins optimiste (et sans doute bien plus réaliste) que celle de René Chambe sur l’équipement d’hiver des poilus.

Pour les aviateurs, personne n’y avait pensé. Rien de plus naturel. Malgré l’admiration qu’on leur portait, on se représentait mal leur existence. On ignorait tout des conditions dans lesquelles les équipages avaient à remplir leurs missions. On savait qu’ils étaient bien logés près de leurs terrains, dans des villas et parfois des châteaux, qu’ils étaient bien nourris, qu’ils mangeaient dans des assiettes, avec des serviettes, comme en temps de paix, qu’ils couchaient dans de vrais lits, qu’ils portaient de ces belles bottes lacées et de ces beaux képis noirs, ou bleu-de-ciel, qu’avaient popularisés les gravures de la Vie Parisienne 2 3, mais on ne savait pas qu’en vol ils étaient dénué de tout, qu’ils affrontaient tous les jours à 2.000 mètres ou 3.000 mètres d’altitude des froids mortels de – 30 à – 40°. L’ère des avions fermés, des cockpits, n’était pas née, elle ne s’ouvrirait que dans un quart de siècle. Pour le moment, les aviateurs tenaient l’air des heures durant sur leurs frêles ailes de libellules, immobiles dans des fuselages invraisemblables, ouverts à tous les vents, faits d’une simple toile tendue sur quelques bouts de bois. L’hiver venu, on ne leur avait rien distribué. Ils ne possédaient toujours que leur veste de cuir, si enviée cependant des autres armes, la même qui leur servait l’été. Pas de survêtements chauds, pas de bottes fourrées. Les plus débrouillards s’étaient procuré, de-ci de-là, quelques peaux de bique et se les prêtaient entre eux. La future combinaison de l’aviateur, hermétiquement close, était encore dans les limbes. Personne ne l’avait dessinée. Les aviateurs souffraient cruellement.

2 Magazine illustré fondé en 1863 ; pendant la guerre il fut surtout célèbre pour avoir publié nombre d’annonces de marraines de guerre. C’est dans ses colonnes que Colette publia ses premières nouvelles.

3 On reconnaît bien là ce fond de jalousie qui, sous le couvert du vocable d’Egalité, se tapit au fond de notre subconscient national et fait préférer l’abaissement de tous à l’élévation de certains…

215 - Les combinaisons du Figaro

L’image populaire de l’aviateur français au début du conflit (carte postale d’époque tirée de l’excellent site : http://bleuhorizon.canalblog.com/archives/2007/02/24/4117538.html).

Or un jour le journal Le Figaro, informé de cette situation, s’était avisé d’y remédier par une campagne bien menée. Il avait alerté l’opinion. Les meilleures plumes de ses rédacteurs avaient décrit avec des détails de circonstance ce que pouvaient représenter ces vols de guerre par des températures que nul ne soupçonnait, dans le tourbillon glacé des hélices. Les mains gelées, les visages gelés, les pieds gelés ne se comptaient plus dans les escadrilles. Certains pilotes en étaient venus à voler avec des chaussons de laine et des galoches de bois, comme en portent les paysans dans les étables.

Le Figaro avait ouvert ses colonnes à une souscription, en espèce et en nature, pour suppléer à la carence de l’Intendance militaire (elle avait tant à faire !) et doter sans retard les aviateurs de vêtements chauds. La population parisienne avait, à son habitude, réagi avec tout son cœur. De nombreux dons, la plupart anonymes, avaient été déposés au guichet du grand quotidien. Pelisses d’hommes, manteaux de fourrure de femmes, certains de très haut prix, étoles et manchons, astrakans, chinchillas, skunks, visons et même zibelines avaient été ainsi livrés au ciseau du couturier, pour devenir doublures de combinaisons d’aviateurs. Cette fois, la combinaison de vol était née, créée par un tailleur militaire de la capitale, peut-être bien Bidal ? Il n’y avait pas eu de quoi fournir encore tous les équipages, mais en quelques jours Le Figaro avait été en mesure de procéder à une première distribution exclusivement réservée aux escadrilles engagées sur le front. Le commandement, informé, avait lui-même averti par voie officielle les chefs de formation et les avait autorisés à déléguer à Paris un représentant, pour recevoir du Figaro un contingent de deux manteaux, ou de deux combinaisons fourrées, au choix.

Celles-ci marquaient un progrès considérable qui avait enchanté les aviateurs. D’une seule pièce, serrées au cou, aux poignets et aux chevilles, de forte toiles, de cuir, ou de moleskine à l’extérieur, de fourrure (parfois la plus rare et la plus riche) à l’intérieur, elles ne présentaient aucune ouverture qui ne pût être étroitement fermée.

Plus encore qu’à la satisfaction de pouvoir combattre sans avoir à supporter de terribles froids, l’aviation avait été sensible à celle de constater un tel mouvement d’affection de la population française à son égard.

215 - Les combinaisons du Figaro

Le lieutenant de Bernis 4 avait envoyé au Figaro, comme étant, avec ses cheveux poivre et sel, le plus sérieux, et par son domicile d’avant-guerre, le plus parisien d’entre nous, Méseguich 5 prendre livraison du lot attribué à la M.S.12.

4 Pons Raymond Guillaume Jules de Pierre de Bernis (1880-1945) était alors commandant de l’escadrille M.S.12.

5 Calixte Léon René Mesguich (1874-1917) diplômé en architecture – il fera les plans de la villa algéroise de la reine exilée Ranavalona III de Madagascar –, passionné par le vol avant même le début du conflit il rejoint l’aviation dès le 24 août 1914 et la M.S.12 le 12 février 1915 ; il disparaîtra en mer aux commandes de son hydravion. Sa biographie complète peut être consultée sur : https://p7.storage.canalblog.com/71/03/702570/126884639.pdf.

215 - Les combinaisons du Figaro

Portrait de René Mesguich (tiré de : https://gw.geneanet.org/smesguich?lang=fr&n=mesguich&oc=0&p=calixte+leon+rene).

Quarante-huit heures plus tard, Méseguich était revenu sous les lazzis d’usage de toute l’escadrille envieuse, porteur de deux de ces merveilleuses combinaisons ultra modernes.

Il avait les yeux encore pleins d’étoiles, éblouis de tout ce qu’ils avaient vu.

– Mon vieux, y en avait haut comme ça, jusqu’aux fenêtres, qui attendaient ! Je connaissais justement un des rédacteurs préposés à la distribution. Ils savaient plus qu’en faire là-bas. On n’aurait jamais cru ! de ces manteaux de femme d’un bath ! De la zibeline parfumée à l’origan 6 tant que tu en aurais voulu !

6 En plus de ses propriétés aromatiques, l’origan est aussi antiseptique et fongicide.

– Pourquoi n’en as-tu pas rapporté ? avait interrogé Navarre 7, la lèvre gourmande.

7 Jean Navarre (1895-1919) sera un des as français de la première guerre mondiale avec 12 victoires aériennes homologuées.

– Non, des fois, tu charries ! On aurait tous eu l’air de gonzesses 8. Tu te vois descendu en combat aérien par un boche, en manteau de zibeline ?

8 Toutes mes excuses à la femme Rousseau et à ses coreligionnaires écumantes pour ces propos sexistes, mais le respect de la vérité historique, comme du témoignage de René Chambre, m’obligent à les retranscrire…

Les rires avaient éclaté et Méseguich avait été absous. L’escadrille s’était enrichie de ces dons généreux, fort appréciés de tous. Un ordre avait été établi, pour que chaque membre du personnel navigant de la M.S.12 en bénéficiât à son tour. 9

9 René Chambre Au temps des carabines (Flammarion ; Paris, 1955) pp. 109-112.

215 - Les combinaisons du Figaro

Dans son numéro du 20 août 1915, le Figaro confirmait en sa page 3 le succès de son initiative, tout en donnant les chiffres de ses distributions :

Un certain nombre d'aviateurs permissionnaires sont venus nous demander, ces jours-ci, des nouvelles de certaines “combinaisons fourrées ” distribuées par le Figaro l'hiver dernier, et qui eurent une fort bonne presse, comme on dit, dans le monde des spécialistes. Et les permissionnaires qui ne connaissaient que de réputation les “combinaisons” du Figaro nous posaient la question attendue: “Est-ce qu'il en reste? ”

Hélas! Non. Pour le moment, il n'en reste pas: un don important, spécialement réservé aux aviateurs, nous a permis de commander en quelques semaines et de distribuer, au fur et à mesure des livraisons, 351 combinaisons, 364 paires de bottes et 352 paires de gants fourrés ; à quoi divers dons en nature et en espèces nous ont permis d'ajouter 14 paletots fourrés, 50 passe-montagnes fourrés, 50 cols de fourrure et 2 manchons. Tout cela a disparu... comme dans un nuage, et pour l'instant notre stock de fourrures est épuisé.

215 - Les combinaisons du Figaro

Manteau de fourrure d’aviateur (cliché tiré  de : http://bleuhorizon.canalblog.com/archives/2007/02/24/4117538.html).

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5 mars 2023 7 05 /03 /mars /2023 19:19
214 - Année 1886

En 1885 le futur Guillaume II avait 27 ans.

Politique

7 janvier : le général Boulanger devient ministre de la Guerre en France

214 - Année 1886

6 avril : traité entre l’Allemagne et le Royaume-Uni délimitant leurs zones d’influence dans le Pacifique

214 - Année 1886

Timbre allemand de 1897

14 avril : publication de La France juive d’Edouard Drumont qui va marquer l’entrée de l’antisémitisme comme thème dans la vie politique française

4 mai : massacre de Haymarket Square de Chicago, évènement mythique de l’histoire de la « journée internationale des travailleurs »

214 - Année 1886

Timbre nord coréen de 1984

22 juin : loi scélérate interdisant la présence en France des chefs des familles ayant régné en France ainsi qu’à leurs descendants par ordre de primogéniture (elle ne sera abrogée que le 2 juin 1950)

7 septembre : Alexandre Ier de Bulgarie est contraint d’abdiquer

214 - Année 1886

29 octobre et 1er novembre : arrangement entre l’Allemagne et le Royaume-Uni pour le partage de l’Afrique orientale

214 - Année 1886

Timbre allemand de 1896

Sciences et techniques

29 janvier : l’allemand Carl Benz dépose le brevet de sa première automobile

214 - Année 1886

8 mars : les allemands Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach adaptent un moteur à explosion sur une voiture hippomobile, créant ainsi la première automobile à quatre roues

214 - Année 1886

13 novembre : le physicien allemand Heinrich Hertz démontre l’existence des ondes électromagnétiques

214 - Année 1886

Timbre allemand de 1994

Arts

Publication de Par-delà le bien et le mal de Friedrich Nietzsche

214 - Année 1886

Timbre guinéen de 1998

Publication des Illuminations d’Arthur Rimbaud

214 - Année 1886

Timbre français de 1951

9 mars : Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns

214 - Année 1886

Timbre français de 1952

Naissances

25 janvier : Wilhelm Furtwängler, chef d’orchestre allemand

214 - Année 1886

Timbre allemand de 1955

11 mars : Edward Rydz-Smigly, futur commandant en chef de l’armée polonaise au début de la seconde guerre mondiale

214 - Année 1886

Timbre polonais de 1937

3 octobre : Alain Fournier, écrivain français et symbole de la jeunesse fauchée par la guerre

214 - Année 1886

16 octobre : David Grün, qui sous le nom de David Ben Gourion sera le 1er chef de l’état d’Israël

214 - Année 1886

Timbre israélien de 1986

Décès

13 juin : Louis II de Bavière

214 - Année 1886

Timbre allemand de 1986

31 juillet : Franz Liszt, compositeur hongrois

214 - Année 1886

Timbre autrichien de 2011

22 octobre : Karl Lüderitz, commerçant ayant fondé la première ville coloniale allemande en Afrique du sud-ouest

214 - Année 1886

Timbre du sud-ouest africain de 1983

18 novembre : Chester A. Arthur, ancien président de Etats-Unis

214 - Année 1886
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15 février 2023 3 15 /02 /février /2023 15:52
213 - Visite à Pola

En 1917, le Kaiser se rendit plusieurs fois en Autriche-Hongrie pour conférer avec les responsables de la Double monarchie. Lors d’un de ces déplacements, sans doute poussé par son goût pour la mer, il visita le port de Pola 1 et en profita pour se rendre à bord de l’un des sous-marins de la marine impériale et royale. C’est le bâtiment du commandant Georg von Trapp 2, tout juste rentré de croisière, qui accueillit l’auguste visiteur.

1 Pola (aujourd’hui Pula en Croatie) était alors le principal port de la marine austro-hongroise.

2 Georg Ludwig von Trapp (1880-1947), chevalier de l’Ordre militaire de Marie-Thérèse, chevalier de l’Ordre impérial de Léopold, chevalier de la 2classe de l’Ordre de la Couronne de fer, affichait un palmarès impressionnant auquel étaient notamment attachés le croiseur cuirassé français Léon Gambetta (27 avril 1915) et le sous-marin italien Néréide (5 août 1915). Quasi ruiné après la crise de 1929 la famille se lança dans la chanson ; son histoire inspira un premier film en 1959 intitulé The sound of Music – La mélodie du bonheur en VF – puis un second sous le même titre en 1965 dans lequel Christopher Plummer (que nous avons déjà vu incarner un Guillaume II criant de vérité sur : http://kaiser-wilhelm-ii.over-blog.com/2020/12/169-bon-baiser-du-kaiser.html) interprète le rôle du commandant von Trapp. Opposée aux nazis la famille quitta l’Autriche après l’anschluss et finit par s’installer aux Etats-Unis.

213 - Visite à Pola

Le commandant Georg von Trapp (photographie tirée de : https://www.reddit.com/r/HistoryPorn/comments/bdjg14/baron_georg_von_trapp_whose_life_was_later/).

L’U14 3 va recevoir une nouvelle batterie. Il fait route sur Pola.

3 Sous-marin français de la classe Brumaire lancé en 1909 et alors baptisé Curie ; coulé par les Autrichiens en décembre 1914 lors d’une tentative d’attaque du port de Pola. il est renfloué et remis en servie en septembre 1915 par la marine impériale et royale. Il sera rendu à la France en 1919 avant d’être définitivement désarmé en 1928 et ferraillé l’année suivante. Georg von Trapp le commandera du 14 octobre 1915 au 13 janvier 1918.

Une vedette automobile vient à sa rencontre, accoste : le sous-marin se placera près de l’île des Oliviers à côté des docks. L’empereur Guillaume l’inspectera à huit heures du matin !

Une heure suffira à mettre le bateau en état, à faire disparaître les traces du long voyage, à se préparer à la visite impériale. Une large passerelle relie le bâtiment au quai sur lequel se groupent déjà des invités.

213 - Visite à Pola

L’U14 (photographie tirée de sa notice wikipédia en anglais).

L’empereur paraît à l’heure dite 4. Brefs saluts. D’un geste, il refuse toute suite et monte à bord, seul. Le commandant 5 lui fait son rapport.

4 On ne peut manquer de se rappeler la vieille maxime prêtée à Louis XVIII : « La ponctualité est la politesse des rois ». Aujourd’hui que nous sommes en république nos dirigeants l’ont bien oubliée…

5 Dans ses mémoires Georg von Trapp parle toujours de lui à la 3e personne.

Le premier mot de Sa Majesté est pour le canon 6. Puis elle pose quelques questions, s’enquiert des succès de l’U14.

6 Les Autrichiens avaient installé un canon de 88 mm sur le bâtiment pour lui permettre d’attaquer les navires de commerce non escortés sans avoir besoin d’entamer son stock, forcément limité, de torpilles.

Enfin Elle passe devant l’équipage rangé à l’arrière sur tribord.

– Quelles nationalités avez-vous ici ?

– Presque toutes celles de la monarchie, Sire : Allemands, Hongrois, Italiens, Roumains, Slaves, Polonais… mais tous doivent parler allemand dans le service.

– Une nouvelle preuve du rôle essentiel joué par la langue allemande en Autriche !

Le commandant n’a pas encore trouvé de réponse. 7

7 Georg von Trapp Amenez les couleurs ! (Editions de la nouvelle revue critique ; Paris, 1936) p. 221.

213 - Visite à Pola

L’empereur Guillaume II en uniforme autrichien et l’empereur Charles Ier en uniforme allemand.

On pourrait s’étonner, avec le commandant von Trapp, de l’ultime remarque impériale aussi faut-il revenir au contexte de l’époque. En effet, depuis le mois de mars 1917 l’empereur Charles Ier, conscient des faiblesses de l’Autriche-Hongrie tentait de nouer des liens avec les Alliés par le biais des princes Sixte et Xavier de Bourbon Parme, frères de l’impératrice Zita, alors officiers dans l’armée belge, pour mettre un terme au conflit. Même si elles avaient été menées dans le plus grand secret à l’initiative du souverain, le comte Czernin 8 informa l’Allemagne de ces ouvertures. On comprend donc mieux la réponse du Kaiser, irrité par les démarches de l’empereur Charles, rappelant de façon détournée la prédominance allemande dans l’alliance des deux empires à un commandant von Trapp bien éloigné de toutes ces considérations politiques…

8 Ottokar Czernin (1872-1932) avait été nommé ministre des Affaires étrangères le 22 décembre 1916 ; bien que lui aussi partisan d’une paix rapide afin de sauvegarder l’existence même de la Double monarchie, son initiative ne contribua en fait qu’à rendre intenable la situation de Charles Ier.

Nota : les images montrant la reconstitution de l’embarquement du couple impérial à bord du navire anglais devant le conduire en exil ont en fait étaient tournées sur le SMS Leitha, ancien monitor fluvial de la marine austro-hongroise aujourd’hui restauré à Budapest.

Que l’on me permette de critiquer l’une des conclusions de ce film, en faisant remarquer que l’on n’a pas plus de chance d’éviter d’avoir des dirigeants sans envergure par l’élection que par l’hérédité (et nul besoin pour cela de remonter jusqu’à l’ineffable président Deschanel)…

Gott erhalte Karl den Kaiser !

213 - Visite à Pola
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9 février 2023 4 09 /02 /février /2023 18:39
212 - In memoriam Branca Veselinovic

Portrait de Branca Veselinovic tiré de sa notice wikipédia.

Pour être tout à fait franc, je ne connaissais pas du tout Branca Veselinovic jusqu’à ce jour, où son décès a été annoncé à l’âge vénérable de 104 ans. Elle était en effet née dans la ville d’Altbetsche (aujourd’hui Becej en Serbie) appartenant alors à l’empire austro-hongrois le 16 septembre 1918 ; de ce fait, c’était une des dernières sujettes vivantes du bienheureux empereur Charles Ier et c’est donc à ce titre que je lui rends hommage aujourd’hui.

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