En ce jour anniversaire du Kaiser, je laisse la plume à l’amiral de Faramond, attaché naval français à Berlin et à Vienne (que nous avons déjà croisé dans un précédent billet) pour décrire les festivités qui marquaient cet heureux jour. Hélas, comme souvent dans les récits de ceux qui combattront l’Empereur quelques temps après, il ne peut se retenir de déprécier la fête donnée à cette occasion…
Outre les trois grands bals de la saison au palais, on fête, le 27 janvier, l’anniversaire du kaiser. La grande salle de l’Opéra de Berlin offre ce jour-là un coup d’œil féerique. Toute la famille impériale, la plupart des princes régnant des Etats confédérés, les membres de la plus haute aristocratie, les grands dignitaires de l’empire, les maréchaux, les généraux en chef, les ambassadeurs, ministres, attachés militaires et navals, apportent leurs hommages à l’empereur. La salle est décorée d’une profusion de fleurs et de superbes tapis qui pendent des loges et des balcons. Le spectacle choisi par le souverain lui-même est généralement fort ennuyeux. Quatre fois en quatre ans j’ai vu défiler sur l’écran, les splendeurs du château de Corfou 1. Qui eût osé dire au César allemand que, quelques années plus tard, les généraux français victorieux feraient de cette impériale demeure leur quartier général 2 ? Après le spectacle, Guillaume II tient un cercle au foyer. Puis, la cérémonie terminée, on se transporte à l’Esplanade 3 où la fête continue jusqu’à 2 heures du matin. 5
1 L’Achilleion, acheté par Guillaume II en 1907.
2 Nous aurons bientôt l’occasion de consacrer un billet de ce blog à l’Achilleion…
3 Hôtel luxueux ouvert en 1908 dans lequel le Kaiser venait régulièrement. Sa Kaisersaal a été intégré dans l’actuel Sony Center et les restes de sa salle des petits déjeuner dans l’actuel café Josty.
4 Souvenirs d’un attaché naval en Allemagne et en Autriche (Plon ; Paris, 1932) pp. 42-43.