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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 21:45
140 - Un cadeau original

En ces jours où les sujets du céleste empire fêtent la nouvelle année sous le signe du cochon, il me semble opportun pour rendre hommage à ceux d’entre-eux qui seraient lecteurs de ce blog d’évoquer un cadeau original fait par le Kaiser à sa fille qui saura en faire bon usage…

Vers cette époque, l’Empereur passe quelques jours à Cadinen, sa maison de campagne en Prusse orientale, où il se livrait à de grandes opérations de culture ; de là il envoya à la Princesse un cadeau propre à lui plaire, un cochon de lait gros et gras. De la fenêtre de ma chambre à coucher, je photographiai ce porcelet, out frais lavé et brossé, avec un ruban bleu enroulé autour de la queue en trompette ; il bondissait à travers la cour, poursuivi par quelques valets de pied et par les deux princesses qui avaient décidé que ct exercice devait lui être nécessaire après une journée passée en chemin de fer, enfermé à l’étroit dans un petit panier. En le voyant, joufflu comme un baby, filer entre les jambes des laquais lancés à sa poursuite, les sentinelles elles-mêmes ne pouvaient s’empêcher de se relâcher de leur sévérité militaire et souriaient aux gambades grotesques de ce petit porc, chaque fois qu’il échappait à ses poursuivants, évitant ainsi pour l’instant la capture.

140 - Un cadeau original

La Princesse était charmée du cadeau de son papa et plutôt ennuyée de n’être point autorisée à l’introduire dans ses appartements ; néanmoins il était confortablement installé dans l’étable de Lindstedt, villa qui appartient à l’empereur et qui s’élevait près de la porte du Nouveau Palais ; et comme notre animal était de caractère tranquille, il engraissa rapidement ; perdant vite l’innocente gaîté de ses premiers jours, il prit tous les jours du poids et de la graisse, si bien que vers Noël, il dut subir la destinée ordinaire de tous les porcs. Sa maîtresse ne manifesta point sentimentalement de regrets de sa mort, elle mangea sans scrupule les savoureuses saucisses qu’il fournit et garda un souvenir reconnaissant de la gentille somme que lui rapporta sa vente : naturellement, bien qu’elle n’eût jamais rien déboursé pour sa nourriture, elle demanda et reçut en effet la somme que le charcutier versa pour l’achat de l’animal. A peine eut-elle empoché l’argent qu’on l’entendit dire en soupirant : « Je voudrais bien que papa me fit cadeau d’un autre porc ; celui-là était si avantageux ! » mais il n’en vint aucun autre : ce fut le premier et le dernier de la tribu. 1

1 Miss A. Topham Souvenirs de la Cour du Kaiser (Librairie Delagrave ; Paris, 1915) pp. 61-62.

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