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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 08:30

En ce 25 avril, nous commémorons l’anniversaire du débarquement allié sur la presqu’île de Gallipoli en 1915. Dans cette triste aventure qui se solda par un grave échec (la seule réussite ayant consisté dans le rembarquement des troupes dans la nuit du 7 au 8 janvier 1916) la France fut mise à contribution à hauteur de presque 80.000 hommes et déplora 9798 morts et 17.371 blessés. Parmi ces derniers se trouvait Jean Giraudoux, affecté au 176e régiment d’infanterie, qui y gagna les galons de sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre le 1er juin et la Légion d’honneur le 31 juillet.

Alors que l’immense majorité des récits des anciens combattants sont remplis d’héroïsme et de souvenirs « techniques », le texte de Giraudoux, publié en 1920 dans un chapitre complet de Admirable Clio, recueil de ses impressions sur le conflit, est marqué par le rêve et la fantaisie. C’est le ce texte qui mêle anecdotes précises, souvenirs retravaillés et réminiscences classiques que je vous propose aujourd’hui.

157 – Giraudoux et les Dardanelles

Photographie de Jean Giraudoux en uniformes (cliché tiré du site http://www.regietheatrale.com/index/index/thematiques/auteurs/giraudoux/jean-giraudoux-2.html).

À notre droite Marmara se vidait ; à gauche, le golfe enflait. Sur le bateau qui tient la ligne entre cette mer qui descend et cette mer qui monte, serrés les uns contre les autres, sur notre presqu’île, nous dormions. Mes voisins étaient les deux frères jumeaux ; si je m’éveillais j’avais la consolation de croire que tous les Français sont semblables. La guerre, alors, paraissait anodine ; il suffisait que l’un d’entre nous fût sauvé, un seul, et, quand je refermais les yeux, l’idée venait aussi, apaisante, d’un enfant unique, d’une femme unique. Pour vous donner un instant le sommeil du premier homme, la France, à cette distance, se simplifiait. Mais, soudain, la même main criminelle allumait à la fois, chacun sur un continent, l’aurore, l’aube et, du côté de l’Arménie 1, le petit jour. Les étoiles tombaient. Deux oliviers d’argent, vieille habitude des cinémas, agitaient entre les lignes les débris d’un feuillage immortel. Alors le soleil se levait.

1 Où, à partir de la fin du mois d’avril commença la déportation et le massacre de la population arménienne.

Il se levait au-dessous même de nous, sous notre képi, sous notre sac et je savais désormais ce qu’eût fait chacun de mes hommes s’il avait reçu en cadeau le soleil même. Baltesse le pétrissait, le roulait dans ses mains ; Riotard le posait sur sa tête, l’équilibrait, le reprenant quand il rebondissait. Soleil carmin, sur lequel tout prenait feu et auquel se piquaient nos regards devenus rayons tout à coup… Nous les y laissions. Séduite par nos armes, par nos gamelles, une alouette planait sur la tranchée, en suivait chaque retrait, chaque saillant ; il n’y avait, du poste turc, qu’à dessiner son vol pour connaître notre abri et repérer surtout, pires ennemis du prophète, ceux des Français qui usent d’un miroir. Sur la côte d’Asie chaque couleur s’étalait après l’autre et mon caporal, qui était des Beaux-Arts, criait et réclamait quand revenait la même. Chaque rocher noir, chaque cyprès bordé d’or n’était plus qu’un tampon appuyé contre une des sources du jour. Une lumière plus lourde que l’eau tombait peu à peu au fond du Détroit, et l’on y voyait les mosquées en équilibre sur leur minaret, les platanes retournés pour mesurer le temps ou la saison, on comprenait l’Orient… Mais déjà, sur la gauche, les peuples qui se lèvent tôt attaquaient, et des régiments de Sydney, surprenant les Kurdes, les exterminaient sans merci, car le Turc est l’ennemi national de l’Australien.

157 – Giraudoux et les Dardanelles

Chromolithographie publicitaire.

C’était la relève. À la jonction de la ligne anglo-française les agents de liaison cessaient d’échanger leurs timbres-poste et le raccord, sans ce papier gommé, devenait à nouveau précaire. Nous redescendions par les collines, nous heurtant, dans les couloirs, aux Bambaras, aux Peuls, à des yeux sans gloire, à toutes les images les plus brouillées et les plus ternes de nous-mêmes, car notre divisionnaire, stratège habile, faisait soutenir la nuit par ses soldats blancs et la journée par ses nègres. Tout l’éclat, tout le vide que les plus grands poètes, dans nos pays, ne soupçonnent qu’en s’étendant sur le dos au centre d’une prairie bombée, nous l’avions dans le boyau même. Tristes soldats que nous étions, voilà trois mois, quand il nous fallait partir en patrouille et risquer la mort pour apercevoir, entre deux mottes, la pointe du clocher de Nouvron ! 2 Mais aujourd’hui !… La mer dessinait sur les flancs de la presqu’île ces lignes parallèles qu’elle ne fait que dans les bonnes cartes. Nous descendions, remontant d’un geste le soleil à nos bras. Pour ceux qui n’aiment pas, dès le matin, voir un continent entier, des îles. Dans le golfe pourpre, les navires anglais ; dans les Détroits, les français, qui préfèrent les eaux dorées. Nous reconnaissions le Henri-IV 3, avec sa plage à l’arrière, le Châteaurenault 4, immobile, maquillé de fausse écume à l’avant pour que l’artillerie turque le crût lancé à trente nœuds, et les contre-torpilleurs, entrés jusqu’à Yenikeuï, se laissaient, au lieu de tourner, dériver lentement. Selon notre marche, Ténédos, à l’horizon, se déplaçait, s’ajoutait à chaque autre île comme l’article à son nom, et parfois, douce inversion, suivait Imbros, suivait Samothrace. Entre sa colline d’oliviers et sa colline de cyprès, le camp s’agitait et chaque oiseau aussi avait des ailes différentes. Des quatre pylônes s’élevaient les ramiers, qui volaient par trois, et les geais qui volaient eux par couples, comme si l’Amour, dans cette heure matinale, confondait encore ses symboles. Celles des cigales qui seraient nées ce matin-là, les arbres de la plaine coupés, s’élevaient d’abord, ambitieuses, à la hauteur d’un pin, ne trouvaient pas… à la hauteur d’un olivier, — plus d’oliviers, — retombaient alors et mouraient. Mais déjà nous parvenaient les sonneries des chasseurs d’Afrique, en rade depuis quinze jours, dont les trompettes sonnaient sans relâche pour que les chevaux, sur le pont, prissent patience.

2 Localité dans laquelle le sergent Jean Giraudoux avait combattu en 1914.

3 Cuirassé garde-côte lancé en 1899 ; bien que largement dépassé à l’époque, il fut envoyé en Orient pour bombarder les forts turcs côtiers et soutenir les troupes débarquées avec ses deux canons de 274 mm et ses sept canons de 138 mm. Il sera ferraillé en 1921.

4 Croiseur protégé de 1ère classe lancé en 1898 qui sera torpillé par l’UC 35 le 14 décembre 1917.

157 – Giraudoux et les Dardanelles

Le Henri IV, facilement identifiable grâce à sa plage arrière très basse sur l’eau (image tirée de la notice wikipédia consacrée au bâtiment).

Toute l’armée était là, entre ces pentes chauves maintenant de leurs jeunes seigles et de leurs jeunes orges, les cadets, dans ces dix hectares que franchissaient à toute heure, avec leur serviette, comme ils enjambent la France jusqu’à Nice, des Anglais qui allaient au bain. Ces chevaux mordorés, là-bas, étaient les chevaux trop blancs des spahis, maquillés sur ordre au permanganate, et, campés à l’embouchure, ils avaient donc, privilégiés, le droit de boire tout ce qui leur arrivait du ruisseau. Ce zouave avec des caisses sur la tête était l’ordonnance du colonel Niéger 5, qui portait au château les Tanagras trouvées par les sapeurs, et quand se rapprochait l’obus, qui demeurait debout, immobile, comme le torero déguisé en statue, en Espagne, quand le taureau le renifle. Ce Zélandais qui peignait son canon en tigre, pour qu’il eût l’air plus naturel, était celui qui m’expliquait hier ses manettes en répétant, au lieu du mot vélocité, le mot plus court, d’ailleurs, de volupté… De beaux aéroplanes apportaient au général Bailloud 6 les poulets de Ténédos.

5 Commandant d’un régiment d’infanterie coloniale.

6 Maurice Bailloud (1847-1921), rappelé de la section de réserve au début de la guerre, commandait alors la 156e division d’infanterie. Du 1er juillet au 4 octobre il sera à la tête de l’armée d’Orient repliée à Salonique.

Tout ce que la guerre d’Europe s’était refusé était là, tous ceux que les ingénieurs, le siècle prochain exileront et cloîtreront dans une île : les savants, les fous, les chasseurs. Il y avait le plus fameux entomologiste d’Irlande, que les Indiens, frères des fourmis, arrêtaient parfois comme espion, et la guerre dans le secteur anglais était dure aussi aux insectes. Il y avait les créoles de la Réunion, dont les adjudants, leur donnant à viser sans cesse Achi-Baba 7, voulaient en vain allonger, sur cette presqu’île, le pauvre regard circulaire. Il y avait le millionnaire accouru avec ses neuf chasseurs d’izards espagnols, armés de jumelles géantes, dont ils se servaient comme les Marocains du fusil, étendus sur le dos, et l’un prétendait toujours voir de la neige. Rien que des volontaires, ceux des Auvergnats et des Bourguignons qui ont toujours désiré voir Byzance, âmes simples, qu’on pouvait juger de vue comme avant le mensonge, les grands plus chevaleresques, les petits plus pratiques, les bruns plus passionnés. Il y avait Duparc et Garrigue, le trapu aux yeux vairons et le géant aux cheveux nattés qui, jadis, dans les sièges, s’offraient à pousser le bélier. Il y avait les deux gendarmes de Béziers qui, tout le jour, nous empêchaient de couper du bois, de dénicher les geais sous peine de procès-verbal et qui, le soir tombé, toujours pour le général Bailloud, pêchaient eux-mêmes à la grenade. Il y avait Moréas, Toulouse Lautrec, Albalat 8. En conseil dans une tranchée ronde, les Turcs et les Grecs de la brigade s’occupaient à rédiger le petit dictionnaire pratique de l’entrée à Constantinople et ne s’entendaient ni sur le mot « renard », ni sur le mot « immortel » 9… Ils se levaient parfois tous ensemble et réclamaient la croix de guerre.

7 Hauteur dominant la péninsule.

8 L’écrivain et critique littéraire Antoine Albalat (1856-1935) ?

9 Jean Giraudoux avait été chargé avec leur collaboration d’élaborer un manuel de conversation à l’usage des soldats de son régiment. Aux phrases stéréotypées que l’on trouve habituellement dans ce genre d’ouvrage, il n’avait pas manqué d’ajouter « Je suis entré le premier dans le harem »…

157 – Giraudoux et les Dardanelles

Carte de la partie méridionale de la péninsule de Gallipoli où avaient débarqué les troupes alliées (tirée de la notice wikipédia consacrée à la bataille des Dardanelles).

Nous déjeunions. Nous avions un demi-quart de vin, un gigot frigorifié, un petit beurre. Ivres et repus, nous prêtions sans regret nos stylos aux camarades qui donnaient l’assaut demain et recopiaient, par impuissance à aimer mieux, leurs lettres de la dernière attaque. Hoffmann jouait de son piston de poche en pleurant, — il pleurait toujours en jouant, sinon nous aurions eu de la flûte qu’il avait dû abandonner, pour cette raison, dès le lycée. Juéry faisait des vers, la tête au fond de la tranchée, les pieds sur le rebord, de sorte que toutes les mêmes lettres roulaient en lui par masses, et il ne lui est venu aux Dardanelles que des allitérations. Pour notre barbet, Garrigue rassemblait les tortues, les couleuvres orangées, les scorpions, mais ne lui présentait les monstres que séparément, pour qu’il ne crût pas à une seule bête trop puissante. Le sacristain de Sainte-Eugénie de Biarritz, qui devait mourir le premier, s’égratignait déjà à son fusil, et l’on cassait pour lui mon premier tube d’iode. J’en profitais pour offrir une tournée de laudanum. Désormais, tout avait servi de mes cadeaux du départ ; rien que je n’eusse utilisé de la petite pharmacie, du bidon anglais, de la couverture mauve et rouge… tous mes amis m’avaient été utiles… je n’avais trompé la bonté d’aucun… je pouvais mourir.

Midi. Dans chaque vague, le soleil et une méduse entière. Dans chaque motte de terre, un mille-pattes étreignant le centre du jour. Le vent de Russie soufflait et nous couvrait de sable, à part les bras et les jambes que nous pouvions secouer. Au milieu de leur sieste, dans leur trou bordé de mosaïque, les Sénégalais faisaient ce que nous faisons à minuit, se retournaient en gémissant, appelaient leurs griots. La guerre assoupie, pour ménager son poing, ne frappait que sur ce qui est élastique, sur la mer, sur les vaisseaux, s’acharnait sur le bateau-citerne, le coulait. L’Annam 10, le courrier, brûlait en rade, et jusqu’à nous flottaient des papiers noirs. Torpillé, le Triumph 11 se retournait, on entendait l’équipage, au garde-à-vous sur le pont, scander son nom. Le Détroit se bombait entre ses deux rives, comme s’il pénétrait par son centre un énorme sous-marin. Tous les bateaux sifflaient l’alarme, toutes les sirènes résonnaient et, dans des tourbillons de lumière, les navires soudain aveugles manœuvraient avec plus de bruit et de précautions que dans le plus épais brouillard. Sur les mines dérivantes, les légionnaires faisaient des feux de salve. Au fond du golfe, à peine visible, le plus gros cuirassé du monde, agacé, s’enveloppait par intervalle d’une poudre dorée comme de leur pollen ces fleurs que le mauvais insecte approche. Comme des enfants réfugiés dans un orgue, nous dormions.

10 Cargo mixte des Messageries Maritimes lancé en 1899. il reçut 4 obus turc le 7 juin 1915 en participant au débarquement du cap Hellès. Il sera finalement coulé par l’UC 35 au large de Péloponnèse le 10 juin 1917.

11 Cuirassé britannique lancé en 1903 et coulé par l’U 20 le 25 mai 1915.

157 – Giraudoux et les Dardanelles

Le HMS Triumph (photographie tirée de sa notice wikipédia).

Mais Affre le juge, ruisselant de sueur, revenait du cap chargé de citrons doux. Il nous les offrait avec de fines allusions, car il a toujours confondu, même de vue, les Dardanelles et les Hespérides, et il nous emmenait au bain. Enjambant les coloniaux et les légionnaires étendus l’un contre l’autre, sans pouvoir faire, jusqu’à la plage, un pas moins étroit ni plus large qu’un homme endormi, nous arrivions à Myrto 12. Nous nagions, heurtant des nègres qui, alors, bons hippopotames, s’enfonçaient. L’œil au niveau du fleuve, tout ce que nous avions de notre ombre se réfugiait sur nos têtes et il eût suffi de plonger pour s’en délivrer à jamais.

12 En fait la baie de Morto (Myrto constituant une réminiscence du nom grec de la partie sud-Ouest de la mer Egée).

157 – Giraudoux et les Dardanelles

Ainsi nous vivions sans trop vivre, sur des jours éblouissants et plats, et nous nous sentions si minces au-dessus de la joie entière, de la tristesse entière, et nous ne creusions pas non plus nos abris, car l’eau venait. Pas de courrier. La petite bosse du portefeuille aux lettres sous la capote, qui varie chez les soldats d’Europe comme le cœur chez les civils, était toujours chez nous constante et à peine visible. Aucun acte vil ou futile n’était imaginable, on était vu de toutes parts, et pas un geste permis qui ne put être accepté par les dix peuples différents. Un monde inoffensif, insouciant, comme les mondes d’un seul sexe, et les historiens pourront, sans que leur récit en paraisse faux, raconter nos exploits au féminin et laisser croire que les armées des Dardanelles étaient des armées de femmes. Soirs fabuleux. Les colonelles, alanguies par la fournaise, venaient se rafraîchir les mains au courant du Détroit comme on va, en Bretagne, se les réchauffer au Gulf-Stream. Un enfant de Miramas, seul rejeton de ces cent mille guerriers, passait de compagnie en compagnie, — enfant inventé, — pour qu’on l’admirât. Les Africaines déjà se glissaient hors de leurs trous vers les cimetières pour voler les galets des tombes et achever leur mosaïque. Les Françaises, auxquelles il paraissait tout à coup impossible qu’elles ne revissent pas une fois la gare du P.-L.-M. 13, qu’il n’y eût pas encore une fois dans leur existence du civet, du vouvray, rassurées sur leur sort, chantaient en chœur ; et chacun de leurs fromages aussi, le brie, le levroux, le cantal, était pour elles une promesse de vie, et, logiquement, si elles raisonnaient, d’éternité. Les Australiennes fumaient, les manches de leur chemise relevées, ne pensant pas à l’avenir, mortelles…

13 Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée.

Ô toi, je hais qui t’aime et je hais qui te déteste !… Les fumées des cuisines venaient jusqu’à nous, mais, tapis au fond de la mer dorée comme au fond d’un terrier, nous résistions à leur parfum… Ô guerre, pourquoi ne te passes-tu pas en nous-mêmes, ou pourquoi, tout au plus, n’es-tu pas à quelques amis isolés, à quelques personnes nues, comme tu le fus soudain cet après-midi où tous les obus, au sortir du bain, ne tombaient que sur Jacques et sur moi ? Nous ne pouvions avancer jusqu’à nos vêtements, nous étions allés à la terre comme les lutteurs qui se savent résistants, Jacques parallèle au tombeau de Patrocle, moi perpendiculaire à Jacques, et tu nous forças à former, pour t’échapper, toutes les figures de l’amitié. Puis, stupides, les trajectoires agacées se tendirent, et, nous délaissant, les obus tombaient sur le camp pour y blesser Colomb, notre lieutenant, et y tuer le pauvre Coulomb, son ordonnance, car les gens du peuple qui portent nos noms, ou à peu près, sont tués, ou à peu près, pour nous.

Minuit… Les grenouilles du ruisseau turc répondaient à nos grenouilles dans un langage convenu, et je n’en comprenais que ce qui se rapporte au temps 14. Un canon d’Asie, plus étroit que le Français d’un millimètre, l’attaquait avec furie, et, dilaté, s’apaisait. Chacun, sûr de sa mort, passait et confiait sa lettre d’adieu à son voisin de droite, immortel.

14 Après l’évocation du tombeau de Patrocle, Jean Giraudoux, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, ne pouvait manquer de penser aux Grenouilles d’Aristophane.

Journée de cire, journée lisse. Quel relief, quel soir de jeune femme en France appliquer contre toi, pour que renaisse un jour notre âme double, notre langage double… et, avec les taxis rapides 15, Paris !... 16

15 Souvenir des taxis de la Marne ?

16 Jean Giraudoux Adorable Clio (Emile-Paul frères ; Paris, 1920) pp. 207-222.

Pour clore ce billet, je vous propose quelques images d’actualité de la visite du Kaiser en Turquie d’octobre 1917, qui ne pouvait manquer de passer par une visite du champ de batailles de Gallipoli…

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commentaires

P
Au sujet de la bataille des Dardanelles, et de ses resultats, je cite Wikipedia:<br /> "<br /> Si elle permit de détourner une partie des forces ottomanes des autres fronts du Moyen-Orient, la bataille demanda également des ressources que les Alliés auraient pu employer sur le front de l'Ouest, d'autant plus qu'elle fut particulièrement sanglante.<br /> "<br /> On pourrait ajouter le Caucase, l'effort des Alliés a vraisemblablement réduit la pression militaire ottomane sur le Caucase, a un moment où la Russie faisait face à l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, permettant aussi de garder un refuge pour les Arméniens au sud du Caucase, ce n'était peut-être pas "une campagne pour rien" ?<br /> Salutations amicales, <br /> Patrick D
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P
Bonsoir Patrick,<br /> Merci pour ta fidélité à ce blog !<br /> Lors de la préparation de cette opération il s'agissait aussi d'aider les Russes qui faisaient alors face à une importante offensive ottomane dans le Caucase. Toutefois, dès la mi-janvier 1915 (soit 2 mois avant le début de la bataille des Dardanelles) cette attaque a déjà tourné à la débâcle pour les Turcs et Enver Pacha, ministre de la guerre et commandant de l'armée vaincue, va devoir trouver un bouc émissaire pour dégager sa responsabilité dans le désastre : il le fera en accusant les Arméniens de trahison et en déclenchant un véritable génocide qui va durer tout au long de l'expédition des Dardanelles et jusqu'à l'automne 1916. Rares furent les Arméniens qui purent échapper à ce massacre (où, pour une fois, l'administration ottomane sut malheureusement faire preuve d'efficacité) et être aidés par les Alliés comme ceux du Musa Dagh embarqués sur le croiseur Guichen en septembre 1915 afin d'être évacués sur Port-Saïd.<br /> Aucun des objectifs de cette campagne (forcer les Détroits, pousser l'empire ottoman à quitter le conflit, ouvrir la route de la Mer noire pour disposer d'une liaison maritime permanente avec la Russie, aider les Russes à repousser l'armée turque, convaincre les Grecs et les Bulgares à entrer en guerre aux côtés des Alliés) n'a été atteint.<br /> Amicalement.<br />
P
Bonsoir Patrick, je te remercie pour cette lecture du texte de Giraudoux aux Dardanelles, je suppose que la consommation de laudanum est en partie responsable pour ce texte fascinant, et comme précurseur du sur-réalisme ? De la marche des opérations on n'apprend rien, si ce n'est le sacrifice des marines alliées dans les eaux du détroit (ou mines et sous-marins seront des dangers redoutables) ?<br /> Toujours un plaisir de lire tes posts de blog !! <br /> Patrick D
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