Un lecteur vient de m’envoyer le message, suivant via le formulaire de contact du blog :
« Bonjour Monsieur. A 18 mn 05s, allusion à l'intervention diplomatique de l'Empereur Guillaume II dans un conflit opposant américains et britanniques. Je vous laisse le soin de découvrir cet épisode méconnu (peut-être?) en tapant les mots clés dans google "les guerres les plus absurdes de l'histoire Nota Bene youtube 1 ».
1 Il s’agit de la vidéo qui inaugure ce billet et dont la guerre du cochon constitue la quatrième et dernière partie (la séquence concernant la guerre des cochons commence à 14 mn 20 s).
Je laisse aux lecteurs le soin de découvrir les faits tels que rapportés par Benjamin Brillaud, réalisateur de cette intéressante vidéo (par ailleurs webmaster d’une excellente chaîne sur youtube). Ne disposant pas de l’adresse mail de mon correspondant, je publie donc ce court billet pour corriger le rôle attribué au Kaiser.
Au moment des faits (juin 1859) il n’y a pas encore d’empire allemand et le futur Guillaume II n’a que quelques mois… La résolution diplomatique du conflit intervient en 1871 avec la signature du traité de Washington qui réglait la question des dédommagements des pertes occasionnées par les navires britanniques vendus à la Confédération pendant la guerre de sécession (« Allabama case ») et prévoyait l’arbitrage de la question de délimitation de la frontière entre les deux pays par l’empereur allemand 2. C’est donc le Kaiser Guillaume Ier (grand-père de Guillaume II) qui fut sollicité à cette occasion.
2 Articles 34 à 42 du traité.
La réponse impériale datée du 21 octobre 1872 et rédigée dans le plus pur style juridique, fut la suivante :
Nous, Guillaume, par la grâce de Dieu, Empereur allemand, Roi de Prusse, etc., etc., etc.
Après examen du traité conclu à Washington le 6 mai 1871, conclu entre les Gouvernements de Sa Majesté britannique et des Etats-Unis d’Amérique, stipulant que lesdits gouvernements soumettent à notre arbitrage la question de savoir si la frontière qui, conformément au traité de Washington du 15 juin 1846 qui la prolonge vers l’ouest le long du quarante neuvième parallèle de latitude nord jusqu’au milieu du détroit qui sépare le continent de l’île de Vancouver, puis vers le sud par le milieu dudit détroit et le détroit de Fuca jusqu’au Pacifique, doit passer par le détroit de Rosario comme l’affirme le Gouvernement de Sa Majesté britannique, ou passer par le détroit de Haro comme l’affirme le Gouvernement des Etats-Unis, afin que nous décidions en dernier ressort et sans appel laquelle de ces deux revendications est le plus en accord avec le véritable esprit du traité du 15 Juin 1846.
Après avoir entendu les rapports qui nous été faits par les experts et juristes mandés par nous sur le contenu des mémoires et appendices qui nous ont été soumis –
Nous décrétons ce qui suit :
La revendication du Gouvernement des Etats-Unis selon laquelle la frontière entre les territoires de Sa Majesté britannique et des Etats-Unis doit passer par le détroit de Haro est la plus conforme avec le véritable esprit du traité du 15 juin 1846 conclu entre les Gouvernements de Sa Majesté britannique et des Etats-Unis.
Authentifié par notre signature autographe et par l’apposition de notre grand sceau impérial. 3
3 Traduit d’après la version anglaise de la décision (https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1872p2v5/d156).
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Carte des détroits (tirée de la notice wikipédia du détroit de Haro).
En dépit de cette confusion entre deux Guillaume, un grand merci au lecteur qui m’a rappelé cette guerre des cochons et félicitations à Benjamin Brillaud, webmaster de Nota Bene, pour ses vidéos si intéressantes !
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Guillaume Ier et son petit-fils
Un grand merci à Franck Sudon pour ses recherches documentaires.
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