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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 15:25

 

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Timbres du sud-ouest africain de 1983 à l’effigie d’Auguste Stauch.

 

En 1908, soit 41 ans après la découverte des gisements de Kimberley en Afrique du sud, une équipe menée par Auguste Stauch 1 trouvait des diamants dans le sud-ouest africain allemand. Cette trouvaille fut vite connue et déclancha une véritable fièvre de prospection, si bien qu’en 1914 Lüderitz 2 était considérée comme l’une des plus riches villes de toute l’Afrique. Une telle réussite, semblant concurrencer celle des britanniques, ne pouvait que faire la joie du Kaiser.

1 August Stauch (1878-1947) était arrivé à Lüderitz en 1907. Souffrant de l’asthme et s’intéressant à la minéralogie, il alla dans le désert dans l’espoir d’améliorer sa santé et d’y poursuivre son hobby. Ruiné par la crise des années 30, il rentra en Allemagne et y mourut dans la pauvreté.

2 Fondée par les Portugais en 1485 sous le nom d’Angra Pequena, c’est la plus ancienne ville du sud-ouest africain. Rachetée par le négociant allemand Adolf Lüderitz à un chef local en 1883, elle devient avec la découverte de diamants la capitale d’un district prospère de la taille de la Belgique, entièrement interdit aux étrangers.

 

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Timbres du sud-ouest africain de 1983 commémorant la fièvre du diamant.

 

Cette allégresse était d’autant plus grande, qu’après la crise politique qui avait suivi l’affaire du Daily Telegraph, elle lui permettait aussi d’exprimer tout son épris envers ces politiciens qui avaient osé remettre en cause sa politique et sa personne. Comme souvent, le comte Zedlitz-Trützschler donne un récit désapprobateur des réactions du Kaiser à ce sujet lors de repas officiels à la fin de l’année 1908.

Son Excellence Dernburg (secrétaire d’Etat aux Colonies) 3 annonça dernièrement la découverte d’une importante couche de diamants en Afrique Sud-Occidentale allemande. D’après l’empereur, elle avait quarante kilomètres de long et deux kilomètres de large et il cita encore beaucoup de chiffres et de détails. C’était fort intéressant de voir sa réaction à cette première bonne nouvelle après son récent état de dépression. Indépendamment du fait qu’il ne parlait plus que de cela, et qu’à chaque nouveau récit les chiffres montaient et les espérances se faisaient plus fantaisistes 4, il y trouva aussi l’occasion d’exprimer son mépris pour les membres du Reichstag : « Il y a quinze jours à peine, dit-il, lorsque les premières nouvelles sont arrivés, ces imbéciles croyaient la chose impossible. On voit maintenant quelles sottises peuvent raconter ces veilleurs de nuit. » « Il leur faut un chef pour les mener à la baguette dans la bonne direction, sinon ils se fourvoieront toujours. » « Et celui dont ils ne comprennent pas les idées et sans qui ils ne pourraient absolument pas progresser, ils le couvrent d’opprobre et ne lui témoignent qu’envie et haine. » Ces discours accompagnaient chaque repas et toujours, comme auparavant, en présence des dames et des messieurs qui y assistaient, ainsi que d’éventuels invités et naturellement des domestiques 5.

3 Bernhard Dernburg (1865-1937), banquier et homme politique libéral, fut secrétaire d’Etat aux colonies de 1907 jusqu’à la chute du chancelier Bülow en 1910.

4 Bien que loin d’égaler la production de la Russie ou même de l’Afrique du sud, la Namibie est encore aujourd’hui le 9e producteur mondial de diamants.

5 Douze années à la cour impériale allemande p. 212-213.

 

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Bernhard Dernburg.

 

Dans un style plus jovial, miss Anne Topham rapporte elle aussi l’exubérance du Kaiser à la suite de cette découverte. Et elle nous le montre même assez débonnaire face à ses insinuations perfides quant à l’origine de ces gemmes...

L’Empereur avait été peu de temps auparavant enchanté par la découverte récente de petits diamants dans cette colonie allemande ; il aimait à montrer l’étui à cigarettes dans lequel ces diamants avaient été sertis. Il nous expliqua qu’ils avaient été trouvés non, comme d’habitude, incrustés dans de l’argile bleue, mais déposés à la surface du sable ; un des Allemands qui travaillaient au nouveau chemin de fer en avait ramassé une poignée en quelques minutes ; il supposait que ces diamants avaient dû descendre d’une mine non encore découverte quelque part dans les collines.

Je murmurai à l’oreille de la Princesse, qui avait un air triomphant parce que ces diamants avaient été découverts en pays allemand : « Ils sont venus de la frontière des colonies anglaises en territoire allemand. » Elle communiqua immédiatement cette idée à son père.

« Non, non ! cria l’Empereur avec une colère feinte. Vraiment venir des colonies anglaises ! Que non pas ! » Il me regarda d’un œil mauvais et, suivant son habitude, en me menaçant du doigt 6.

6 Souvenirs de la cour du Kaiser pp. 201-202.

 

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Chercheurs de diamants allemands près de Swakopmund.

 

Certaines de ces pierres, serties sur une monture de platine, permirent de créer le « diadème prussien », bijou offert par le Kaiser à sa fille la princesse Victoria Louise à l’occasion de son mariage en 1913 avec le prince Ernst August de Hanovre 5. A son tour, la princesse l’offrit en 1937 à sa fille la princesse Frédérika à l’occasion de son mariage avec le futur roi Paul Ier des Hellènes. Il appartient aujourd’hui à leur fille aînée, la reine Sophie d’Espagne qui l’a prêté en 2004 à Letizia Ortiz pour son mariage avec le prince des Asturies.

5 Princesse Victoria Louise The Kaiser’s daughter p. 69.

 

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La princesse Victoria Louise, coiffée de l’un des diadèmes qu’elle avait reçu à l’occasion de son mariage,

et son époux le prince Ernst August de Hanovre.

 

 

 


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