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9 août 2013 5 09 /08 /août /2013 17:22

 

 


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En 1867 le futur Guillaume II avait 8 ans.

 

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Politique

 

3 février : accession au pouvoir de l’empereur Meiji.

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Timbre japonais de 1894 émis à l’occasion des noces d’argent de l’empereur Mutsu Hito et de l’impératrice Haru.

 

30 mars : les Etats-Unis achètent l’Alaska à la Russie pour 7,2 millions de dollars.

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Enveloppe commémorative américaine de 1967.

 

1er avril : les Straits Settlements (Singapour, Penang et Malacca), jusqu’alors dirigés par la compagnie des Indes, passent sous le contrôle direct du gouvernement britannique.

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Timbre britannique des Indes de 1867 surchargé pour les Etablissements des détroits.

 

8 juin : à la suite du compromis politique qui a créé l’Autriche-Hongrie, l’empereur François-Joseph est couronné roi de Hongrie à Pest.

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Timbre hongrois de 2001.

 

19 juin : Juarez fait exécuter l’empereur Maximilien en dépit de nombreux appels à la clémence, dont celui de Victor Hugo.

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Carnet de timbre guinéen avec le tableau de Manet représentant l’exécution de l’Empereur.

 

25 juin : la France annexe la Cochinchine pendant qu’Ernest Doudart de Lagrée et Francis Garnier poursuivent leur exploration du Mékong.

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Timbres indochinois de 1950.

 

3 novembre : bataille de Mentana au court de laquelle l’armée pontificale, aidée par des troupes françaises, met un terme à la 3 tentative de Garibaldi pour s’emparer de Rome.

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Timbre italien de 1987.

 

Sitting Bull devient chef des Sioux.

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Enveloppe américaine premier jour de 1989.

 

Karl Marx publie le premier volume de son Capital.

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Timbre est-allemand émis pour le 150e anniversaire de la naissance de Marx.

 

 

Sciences et techniques

 

Louis Pasteur découvre la méthode de destruction des germes par la chaleur qui portera son nom.

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Timbre français de 1923.

 

Vingt-quatre ans avant la naissance de Fritz Todt, Joseph Monier dépose un brevet sur le béton armé…

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Timbre autrichien de 1978, émis à l’occasion du 9e congrès international du béton…

 

Découverte de riches gisements diamantifères à Kimberley en Afrique du sud.

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Timbre du sud-ouest africain de 1979.

 

Fondation de la société suisse Nestlé.

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Vignette publicitaire.

 

Gustave Eiffel ouvre ses premiers ateliers.

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Enveloppe premier jour française de 1892.

 

Exposition universelle de Paris.

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Revers d’une médaille commémorative en étain.

 

 

Arts

 

11 mars : création du Don Carlos de Verdi.

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Timbre de San Marin de 2001.

 

20 janvier : la reine Victoria pose la première pierre du Royal Albert Hall.

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Enveloppe britannique premier jour de 1980.

 

 

Naissances

 

21 janvier : Maxime Weygand, qui sera l’un des signataires de l’armistice à Rethondes en 1918 en sa qualité de major général des armées alliées.

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Faire-part pour une messe anniversaire du décès du général Weygand.

 

25 mars : Arturo Toscanini, un des plus grands chef d’orchestre de tous les temps.

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Timbre italien émis pour commémorer le centenaire de cette naissance.

 

8 juin : Frank Lloyd Wright, pionnier de l’architecture moderne.

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Enveloppe américaine premier jour de 1966.

 

7 novembre : Marie Curie, prix Nobel de physique en 1903 et prix Nobel de chimie en 1911 (née 1 an après la mise au point de la dynamite, ses recherches sur le radium vont finir par reléguer cet explosif au rayon des pétards mouillés).

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Timbre français de 1987.

 

 

Décès

 

25 août : Michel Faraday, auteur de travaux fondamentaux sur l’électricité qui sera l’énergie du modernisme.

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Timbre britannique de 1991.

 

31 août : Charles Baudelaire, poète romantique et deuxième prix de vers latins au concours général.

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Timbre monégasque de 1972.

 

 


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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 19:57

 

 

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Caricature signée R. Laban de Varalja montrant le chancelier Bülow cherchant à empêcher Guillaume II de discourir et déplorant les conséquences des paroles de son impérial maître.

 

Parmi tous les travers qui furent reprochés à Guillaume II, celui de trop parler – et de parler à tort et à travers – est sans doute celui qui revient le plus souvent avant 1914. Si le Kaiser fit effectivement preuve d’un goût immodéré pour les discours et les déclarations fracassantes, du moins employa-t-il toujours un langage très châtié en public. Il est vrai qu’en privé il ne se gênait pas pour se montrer parfois plus direct, ce qui donne encore plus de sel aux anecdotes qu’il aimait rappeler à propos de l’un de ses lointains parents britanniques : le duc de Cambridge.

 

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Le duc de Cambridge (vignette publicitaire 193/500 de la première série des Célébrités contemporaines).

 

Son Altesse Royale George William Frédéric Charles (1819-1904), duc de Cambridge, était le petit-fils du roi Georges III d’Angleterre. Il fut commandant en chef de l’armée britannique de 1856 à 1895 et fut nommé maréchal par la reine Victoria le 9 novembre 1862. Ayant contracté un mariage inégal avec une ancienne actrice, le titre de duc de Cambridge s’éteignit avec lui ; ce qui permit à Sa Majesté la Reine Elisabeth II de l’attribuer à son petit-fils William au moment de ses noces avec Catherine Middleton.

 

Un jour à Noël, l’Empereur était dans les meilleures dispositions pour raconter des anecdotes ; il s’entretenait avec sa suite et racontait toutes sortes de traits amusants du dernier duc de Cambridge, l’oncle Georges, comme il l’appelait. Sa Majesté rappelait que l’oncle Georges était, fait bien connu, un de ces types de militaires qui juraient et sacraient à cœur-joie (type aujourd’hui disparu, affirme-t-on). Bref il lançait des bordées de jurons sous le moindre prétexte. Mais quelqu’un ayant un jour appelé l’attention sur la grande influence que peut exercer un langage convenable dans l’armée, le duc de Cambridge, absolument inconscient de ses propres écarts de langage, se mit en tête d’opérer cette réforme, à l’époque où il était commandant en chef. Après une longue harangue adressée aux officiers convoqués par lui, et entrelardée d’une quantité de jurons, il dit en terminant : « Le diable m’emporte si j’admets désormais que l’on conserve cette habitude de sacrer ainsi. Qui diable m’a jamais entendu sacrer ainsi ? »

 

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Guillaume II et le duc de Cambridge lors d’une visite officielle du Kaiser en Grande-Bretagne en 1889. à droite de l’Empereur, en uniforme de hussard, se tient le prince Albert-Victor, duc de Clarence et d’Avondale (1864-1892), fils aîné du futur Edouard VII.

 

Un jour il avait projeté de montrer à l’Empereur d’Allemagne et au roi de Grèce 1, tous deux de visite en Angleterre, quelques légères innovations introduites par lui récemment dans l’exercice, et dont il se montrait extrêmement fier. Après avoir été traitées royalement au mess des officiers, où l’on avait vidé force coupes de champagne, Leurs Altesses royales montèrent sur leurs chevaux et on se dirigea vers le champ de manœuvre de Woolwich afin d’y apprécier les exercices en question. Malheureusement le duc avait oublié de tenir compte de ce que l’on se trouvait précisément un jour de congé, et à son grand dépit et à son étonnement il trouva ledit champ de manœuvre noir de promeneurs « Il y en a bien cinquante mille », disait l’Empereur en riant. Le duc suffoquait de rage et donna l’ordre à son escorte (dix-huit hussards) de charger et de disperser cette populace. L’impossibilité d’obéir à cet ordre ayant été démontrée, le duc, perché sur son grand carcan maigre, se mit à haranguer les promeneurs, les envoyant au diable corps et âmes impartialement ; mais c’est en vain qu’il s’efforçait de leur démontrer quelle énormité ils avaient commise, en choisissant justement ce jour-là pour prendre leurs ébats sur le champ de manœuvre.

1 Georges Ier (1846-1913), roi des Hellènes depuis le 30 mars 1863.

 

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Le champ de manœuvre de Woolwich.

 

Quand il cessa enfin de parler, « faute de souffle », dit l’Empereur, un silence de mort plana un instant sur la foule étonnée, qui s’attendait tristement à être dispersée. Mais soudain un ouvrier anglais qui se trouvait près du duc et, comme tous les ouvriers anglais, ne se laissait pas démonter, souleva son chapeau, l’agita et cria : « Trois applaudissements pour son Altesse Royale le duc de Cambridge ! » Et immédiatement les trois applaudissements demandés retentirent avec la plus grande spontanéité ; la foule maintenant semblait se divertir des invectives que lui avait lancées Son Altesse. Mais, comme le duc lui-même le fit observer après, « ils ne bougèrent pas d’un pouce, pas d’un pouce, ils restèrent là tous immobiles ». Les évolutions militaires projetées n’eurent pas lieu ce jour-là, et furent renvoyées à un moment plus propice 2.

2 Anne Topham Souvenirs de la Cour du Kaiser pp. 101-103.

 

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Le vieux duc de Cambridge saluant le jeune Kaiser en visite à Aldershot en 1889.

Un grand merci à Jean-Pierre Offelman pour l'illustration musicale de cet article !

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 15:44

 

 

 

 

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Vignette publicitaire 6/500 de la première série des Célébrités contemporaines.

 

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Albert Ier (timbre monégasque de 1980).

 

Après le renvoi de Bismarck et dans l’esprit de la politique du « nouveau court » menée par le chancelier von Caprivi, le Kaiser tenta à plusieurs reprises d’amorcer un rapprochement politique avec la France. Comme il aurait été politiquement risqué de tendre trop ostensiblement la main aux vaincus de 1871, il lui fallait trouver un truchement ayant ses entrées assurées dans les milieux dirigeants français. Le prince Albert Ier de Monaco répondait parfaitement à ce qu’attendait Guillaume II : engagé volontaire dans la marine française au début de la guerre de 1870, pacifiste et dreyfusard, en relations d’amitiés avec le Kaiser et avec la France, il ne pouvait a priori pas être suspecté de parti pris par le président Félix Faure…

 

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L’entrée de l’Elysée au début du XXsiècle.

 

Paris, le 1er février 1899

J’ai reçu aujourd’hui le prince de Monaco, qui m’a très longuement entretenu de ses relations avec l’empereur d’Allemagne et s’est étendu sur la rencontre de Guillaume avec lui qui avait eu lieu l’an dernier à Kiel et plus tard dans le nord au large des côtes de Norvège 1. L’empereur s’est montré particulièrement aimable pour tous les Français qui se trouvaient avec le prince, ainsi qu’il a fait d’ailleurs à chaque fois qu’il trouve l’occasion de s’entretenir avec nos compatriotes. Le docteur Regnard 2, gendre du sénateur Poirier, a été tout à fait séduit par l’amabilité du souverain. Celui-ci a fait plus et pendant les 48 heures qu’il a passées à bord de la Princesse Alice il n’est pas de petites attentions qu’il n’ait eues pour tous, y compris pour les hommes de l’équipage. C’est un esprit supérieur, ouvert à toutes les combinaisons, désireux d’assurer la paix et prêt pour le faire à entrer en conversation avec la France. Le prince doit le revoir cet été ; il est certain qu’une conversation dans le sens d’un rapprochement, s’il était autorisé à l’ouvrir et à la suivre, aurait les résultats les plus importants et les plus précieux pour la paix du monde.

1 Dans ses mémoires, Guillaume II confirme l’intérêt porté par Albert Ier à un rapprochement franco-allemand, même s’il rapporte des événements survenus  à une époque postérieure : « La chute de Delcassé et son remplacement par Rouvier doivent être en partie attribués à l’influence du prince de Monaco. Au cour de la semaine des régates de Kiel le Prince s’était assuré lui-même, dans ses conversations avec moi, le Chancelier impérial et des représentants du gouvernement, de la sincérité de notre volonté de compromis avec la France afin d’établir la paix entre nos pays. Il s’entendait bien avec notre ambassadeur, le Prince Radolin, et travaillait activement à un rapprochement entre les deux nations » (The Kaiser’s Memoirs pp. 109-110). On trouve dans les Souvenirs du prince Eulenburg – croisières à bord du Hohenzollern plusieurs évocations de rencontres entre le Kaiser et le Prince dans les eaux du nord.

2 Albert Regnard (1836-1903), médecin et publiciste républicain et anticlérical. D’abord proche des Communards, il s’était rapproché de Gambetta et tenait alors de hautes fonctions au ministère de l’intérieur.

La France y gagnerait de pouvoir envisager d’autres questions extérieures que celle qui subsiste depuis 1870 3. La crise que nous venons de traverser 4 prouve qu’il serait bon de se prémunir contre de pareilles tentatives de la part de l’Angleterre, etc., etc., etc.

3 Allusion évidente à l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’empire allemand à la suite de la ratification du traité de Francfort par le gouvernement français.

4 Avec l'incident de Fachoda (1898) l’opinion française avait pu craindre un conflit avec l’Angleterre et les milieux nationalistes étaient même allés jusqu’à prôner un rapprochement avec l’Allemagne pour s’opposer aux visées britanniques. Guillaume II ne pouvait pas manquer de profiter de la situation pour encourager le gouvernement français de suivre cette voie…

Cette proposition du prince est faite pour surprendre. Je ne veux pas y voir de noirs desseins, je ne crois pas à sa fourberie mais je le crois très naïf : il a la rage de s’occuper de choses qui ne le regardent pas, de proposer de s’entremettre en tout, ainsi qu’il le voulait faire dans l’affaire Dreyfus. Il est véritablement fort indiscret et il se monte un peu la tête. Son agitation l’amène à penser qu’il joue un rôle sérieux dans la politique de l’Europe et j’ajoute qu’il devient ou qu’il peut devenir gênant. C’est ainsi que, tout récemment, il a accrédité à Rome un agent de la Principauté et, par surcroît, cet agent contrecarre paraît-il, l’action de notre ambassadeur. Dans la récente conférence sur les anarchistes 5, il votait dans un sens opposé à celui que nous suivions de sorte que la voix de la France était annulée par la voix de Monaco ! Nous devrons revenir sur cette question.

5 Face à la montée du terrorisme anarchiste, l’Italie avait réuni à Rome en novembre et décembre 1898 une conférence internationale pour développer la coopération entre les différentes polices européennes.

Revenant à la conversation que j’avais avec lui, après l’avoir longuement et attentivement écouté, je lui répondis :

« Mon Dieu, Monseigneur, nous savons fort bien qu’il serait préférable pour la France de n’avoir avec l’Allemagne que des relations courtoises et de les voir se développer. Mais les Français se gouvernent plus par le sentiment que par l’intérêt et il faut tenir compte de ce sentiment. Nos relations avec l’empire d’Allemagne sont très améliorées ; on peut facilement reconnaître qu’il y a une véritable détente depuis plusieurs années et notamment depuis quelques mois. Mais il ne faut rien brusquer.

Puisque vous estimez que l’empereur désire entrer en conversation avec nous, vous savez sans doute, d’une manière très vague certainement, mais vous devez avoir une idée, sur les prévisions de S.M. Guillaume II quant aux points qui pourraient être abordés dans cette conversation. Ce n’est point à nous de parler mais nous pouvons écouter. Nous ne demandons qu’à vivre en bonne intelligence avec nos voisins de l’est, mais si l’on veut assurer cette bonne intelligence, il faut par quelques projets prouver qu’on apprécie ce rapprochement. Nous ne pouvons nous hasarder dans une conversation de cette nature sans qu’on nous ait indiqué nettement qu’on veut la tenir. Nous voulons d’abord savoir où nous allons et où on peut nous mener. Il ne manque pas de questions sur lesquelles la France et l’Allemagne peuvent se rencontrer. »

 

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Le Kaiser et le prince Albert Ier sur le pont du yacht Meteor.

 

La presse française, impressionnable et nerveuse, a fait récemment une campagne très imprudente, prêchant un rapprochement avec l’Allemagne pour faire opposition aux menaces de l’Angleterre. Comment y a-t-on répondu de l’autre côté des Vosges ? Très froidement. Il n’y a donc pas lieu d’aller plus loin. Si le prince revoit l’empereur cet été, qu’il lui tienne le même langage qu’il vient de me tenir. S’il y a avantage pour la France à ce rapprochement, il y a aussi avantage pour l’Allemagne. Je n’ai pas à m’y étendre.

En résumé, je crois que le prince de Monaco rêve.

 

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Vignette publicitaire avec une photographie du comte de Münster.

 

2 février

Cette conversation tenue hier, j’ai reçu aujourd’hui le comte de Munster 6 qui revient de Berlin où il va chaque année pour le chapitre de l’Aigle noir 7. Il m’a apporté beaucoup de compliments de la part de l’empereur, mais sur la politique, je l’ai trouvé très boutonné 8.

6 Georg Herbert zu Münster (1820-1902), fut ambassadeur d’Allemagne à Paris de 1885 à 1900 ; il sera remplacé dans ce poste par le prince Radolin.

7 Principal ordre honorifique du royaume de Prusse, créé le 17 janvier 1701 par le prince-électeur Frédéric de Brandebourg à la veille de son couronnement comme premier roi en Prusse.

8 Félix Faure Journal à l’Elysée (Editions des Equateurs ; Paris, 2009) pp. 385-388.

 

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Félix Faure, deux semaines après sa rencontre avec le prince de Monaco et peu après un entretien privé avec Marguerite Japy, épouse puis veuve Steinheil, qui finira par épouser Robert Brooke Campbell Scarlett – 6baronet Abinger – et mourra dans le Sussex (on ne peut vraiment pas lutter contre son destin…)

 

Ces lignes sont les dernières du Journal de Félix Faure, qui disparaîtra brutalement 14 jours plus tard. Ces avances allemandes restèrent sans suite de la part de la France, sans que la diplomatie allemande puisse savoir si ce silence était dû à la mort abrupte de Félix Faure ou à un refus officiel. Aussi, dès l’année suivante, Guillaume II tentera une nouvelle ouverture en profitant de ses croisières scandinaves pour honorer le navire école français Iphigénie de son impériale et royale visite (voir : 18 - Hohenzollern et Iphigénie à Bergen ).

 

 

 

Appendice.

 

En 1906, Paul Marinier 9 composa sur une musique d’Adrien Serge une chansonnette intitulée Les alliances de Guillaume dans laquelle sont brocardés les liens diplomatiques entre l’empire allemand et la principauté de Monaco ; elle sera interprétée par le fantaisiste Félix Mayol 10. Même si elle ne porte pas directement sur les avances faites par le Kaiser à la France par l’entremise du prince Albert Ier, je ne peux m’empêcher de vous la donner ici…

9 Paul Marinier (1866-1953) auteur, compositeur et interprète.

10 Félix Mayol (1872-1941) fut l’un des plus grands artistes français du début du XX siècle.

 

 


 

 

 

Cherchant pour l’Allemagne

Des alliances partout,

Guillaume dit à l’Espagne :

« Soyez donc avec nous !  ».

Ou ! Ou ! Ou ! Ou !

C’est un sal’ coup.

Mais l’Espagn’ très gentille,

Lui dit dans l’embarras :

« J’viens d’recevoir Emile 11,

Pour l’instant je n’peut pas ».

Ah ! ah ! ah !ah !

11 Une autre version donne : « Faut que je me marrie ». En 1905, le roi Alphonse XIII s’était rendu à Paris où il avait rencontré le président Emile Loubet ; le 31 mai 1906, il épousait la princesse Victoire Eugénie de Battenberg. L’existence de ces deux versions montre l’évolution du texte original en fonction de l’actualité.

 

Voyant ça, très maussade,

Dit : « ça m’est bien égal ! »

Envoie une ambassade

Auprès du Portugal.

Al ! al ! al ! al !

C’était fatal !

Mais l’Portugal résiste

Et dit aux délégués :

« La guerre c’est trop triste !

Les Portugais sont gais ! »

Gué ! gué ! gué ! gué !

Ma mie, ô gué !

 

Va lui-même un dimanche

D’Belgiqu’trouver le roi,

« Voudrais-tu ma vieill’branche,

Profitaïe avec moi ?  »

Oi ! oi ! oi ! oi !

Quoi pour une fois,

Léopold, ce brave homme,

Lui répond: « Si j’fais ça,

J’pourrai plus, Godfordomme !

Allaïe à l’Opéra… »

Ah ! ah! ah ! ah!

Cléo gueul'ra 12.

 12 Allusion à la danseuse Cléo de Mérode (1875-1966) pour laquelle Léopold II avait un faible. Une autre version, plus faible, donne : " ça n'se peut pas ".

 

Travers’ des plain’s immenses,

Dit au Tsar, au Congrès :

« Je prendrai ta défense,

j’prendrai tes intérêts…

eh ! eh ! eh ! eh !

j’suis v’nu esprès !... »

L’autr’dit : « Grand bien vous fasse,

Pendant qu’vous y êt’s, oui-dâ,

Prenez aussi ma place,

Moi, j’n’y tiens pas plus qu’ça! »

Ah ! ah ! ah ! ah !

Ah ! j’comprends ça !

 

S’en va chercher de l’aide

Au pays norvégien

Et dit au roi de Suède :

« Prêtez-moi votr’soutien…

Hein ! hein ! hein ! hein !

Vous m’le d’vez bien ! »

« J’avais, quelle infortune !

Deux patri’s, dit Oscar,

On m’en a chipé une 13,

J’suis vraiment pas veinard

Ah ! ah ! ah ! ah !

R’passez plus tard. »

13 En 1905, l'union de la Suède et de la Norvège avait été dissoute et le prince Christian de Danemark était monté sur le trône norvégien sous le nom de Haakon VII.

 

Va trouver l’Angleterre

Et lui tient ce discours :

« Nous nous aimions naguère

reprenons nos amours !...

ours ! ours ! ours ! ours !

C’est pour toujours ! »

Mais, pudiqu’, l’Angleterre,

En termes très discrets,

Lui dit : « J’ai trop à faire,

Nous verrons ça après ! »

Eh ! eh ! eh ! eh !

Sacrés anglais !

 

Voyant ça, nom d’un’ pipe

S’est allié illico,

Avec la principauté de Monaco…

Oh ! oh ! oh ! oh !

C’pas rigolo !

Si bien qu’les vingt-cinq hommes

De c’pays, résolus,

Un d’ces matins en somme

Vont nous tomber dessus !

Hu ! hu ! hu ! hu !

« Nous sommes foutus! »


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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 19:31

 

 

 

 

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En 1866 le futur Guillaume II avait 7 ans.

 

  7 ans

 

 

Politique

 

22 janvier : accord signé entre Ismaïl Pacha et la compagnie universelle du canal maritime de Suez pour que celle-ci devienne une société égyptienne.

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Timbre égyptien de 1945 à l’effigie d’Ismaïl Pacha.

 

12 février : le secrétaire d’Etat Seward exige que les troupes françaises quittent le Mexique ; le 31 mai Napoléon III annoncera leur retrait.

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Timbre américain de 1909.

 

Juin-août : guerre austro-prussienne qui va voir la défaite de l’Autriche et la fin de la Confédération germanique et marquera le triomphe de la Prusse avec la création de la confédération d’Allemagne du nord ; parallèlement, l’Italie défaite sur terre et sur mer, se fait tout de même accorder la Lombardie et la Vénétie.

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Timbre publicitaire montrant Guillaume Ier et Bismarck au cours de la guerre de 1866 (vignette 16/50 de la série Aus dem Leben des eisernen Kanzlers).

 

23 octobre : le prince Karl de Hohenzollern-Sigmaringen remplace Jean Cuza comme prince héréditaire de Moldavie-Valachie.

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Timbre roumain de 1907.

 

 

Sciences et techniques

 

Ernest Doudard de Lagrée et Francis Garnier explorent la vallée du Mékong jusqu’en Chine.

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Timbres indochinois de 1950.

 

Livingstone commence son exploration de l’Afrique centrale.

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Enveloppe premier jour de Rhodésie du Sud.

 

Publication par Gregor Mendel de ses travaux sur l’hérédité.

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Enveloppe premier jour de la poste pontificale émise pour commémorer le centenaire de la mort de Mendel.

 

Alfred Nobel met au point la dynamite pour le plus grand plaisir des militaires, des anarchistes et des travaux publics.

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Timbre monégasque de 2008.

 

Robert Whitehead invente la première torpille autopropulsée, qui va grandement marquer les guerres navales à venir.

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Vignette allemande de propagande à la gloire du torpilleur G 137, qui n’aurait pas pu exister sans l’ingénieuse invention de ce bon monsieur Whitehead…

 

 

Arts

 

La vie parisienne de Jacques Offenbach.

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Carte maximum française de 1981.

 

Gustave Courbet peint L’origine du monde et (146 ans avant le mariage pour tous) Les dormeuses.

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Timbre béninois de 2003 représentant Les dormeuses.

 

26 Elul : inauguration de la Neue Synagogue de Berlin.

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Timbre allemand de 1990.

 

 

Naissances

 

29 janvier : Romain Rolland, grande figure du pacifisme et prix Nobel de littérature en 1915.

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Timbre français de 1985.

 

17 mai : Erik Satie, artiste ayant suffisament d'esprit pour ne pas se prendre au sérieux ; cette espèce est aujourd’hui quasiment éteinte...

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Enveloppe français premier jour de 1992.

 

12 novembre : Sun Yat Sen, qui va contribuer à réveiller la Chine.

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Timbre chinois de 1943.

 

 

Décès

 

20 juillet : Bernard Riemann, mathématicien allemand surtout célèbre pour ses travaux sur les nombres premiers.

 

 

« Pipole »

 

Naissance, en qualité de sujette du duc de Hesse-Darmstadt de l'arrière-grand-mère d’un fidèle lecteur de ce blog. Installée en France avant le début de la première guerre mondiale, elle fut contrainte par les gendarmes en août 1914 de détruire le disque d’une boite à musique qui avait le malheur de jouer le Deutschland über alles

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Vignette allemande de propagande.

 

 

 

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 16:56

 

 

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C’est en 1913 que Guillaume II connut le faite de sa popularité. Trois événements majeurs marquèrent alors le sommet d’un règne qui, s’il s’était arrêté là, aurait parut des plus brillant : en effet, alors qu’il n’existait pas en 1870, l’empire allemand s’était élevé dans l’intervalle au rang de puissance mondiale non seulement grâce à la force de son armée et de sa marine, mais aussi grâce à la puissance de son économie et au développement de sa législation sociale.

 

24 mai 1913 : mariage de la princesse Victoria Louise de Prusse avec le prince Ernest-Auguste de Hanovre.


1913-05-24 ; 1

Le souper de gala pour le mariage de la princesse Victoria-Louise. A la gauche du Kaiser se trouvent le Kronprinz et son épouse ; le deuxième personnage à sa droite est le prince Ernest-Auguste de Hanovre, père du marié, dans son uniforme de général autrichien. En face, on reconnaît le tsar Nicolas II, la princesse Victoria-Louise, son époux le prince Ernest-Auguste, l’impératrice Augusta-Victoria avec une tiare particulièrement imposante et le roi Georges V du Royaume-Uni.

 

Ce mariage d’amour eut une double signification politique. Sur le plan intérieur, il marqua la réconciliation entre la maison de Hanovre (qui avait vu la Prusse victorieuse annexer ses états après la guerre de 1866) avec la maison de Hohenzollern. Sur le plan extérieur, il constitua la dernière réunion des souverains d’Europe avant les fâcheries de l’été 1914 qui marquèrent la fin du vieil ordre aristocratique occidental.

 

15 juin : jubilé d’argent du Kaiser.

 

1913-06 ; 1

Le Kaiser, la princesse Victoria-Louise et le prince Ernest-Augute au balcon du palais royal de Berlin à l’occasion des fêtes du jubilé.

 

 

En dépit des failles du système politique mis en place par Bismarck lors de la création de l’empire allemand et des quelques faiblesses de son souverain maître, l’Allemagne de 1913 continue à rester attachée à la monarchie et la personne du Kaiser y jouit d’un réel prestige (qu’il faudra quatre années d’une guerre particulièrement atroce pour entamer). Les cérémonies qui se déroulèrent alors marquent l’apothéose d’un état et de son souverain, à qui l’on aurait pu attribuer la vieille devise de Fouquet : Quo non ascendet.

 

18 octobre : centenaire de la bataille de Leipzig.

 

1913-10-18 ; 1

Carte postale commémorative ornée des portraits des princes allemands ; dans le médaillon central apparaît le Völkerschlachtdenkmal, monument érigé en mémoire de la bataille et dont le Kaiser appréciait peu l’architecture.

 

Le souvenir de la « bataille des nations » tient une place importante dans le souvenir de ce que les allemands ont appelé les guerres de libération et préfigure l’unité allemande. De plus, dans un contexte diplomatique de plus en plus menaçant, le rappel de cette victoire ne pouvait que servir d’avertissement aux puissances européennes qui auraient été tentées d’affronter le Reich.

 

9-copie-1

Timbre publicitaire émis à l’occasion du jubilé.

 

De tous ces événements, le jubilé d’argent fut celui qui donna lieu aux plus importantes démonstrations publiques et privées. Parmi toutes les initiatives qu fleurirent à cette occasion, je vais aujourd’hui vous présenter une série de 12 vignettes publicitaires dentelées de format 80 x 55 mm d’une série intitulée « Unser Kaiser » (Notre Empereur) ; elles sont toutes dues au pinceau de Johann Peter Werth, artiste qui a beaucoup travaillé pour ce que l’on appelait alors la « réclame » 1. Conformément aux règles du genre, elle magnifie l’image du monarque en faisant de sa vie une suite d’images d’Epinal qui exaltent les qualités du héro de la série : jeune prince sage se préparant en soldat à ses futures responsabilités, souverain honorant ses vieux serviteurs, époux, père et grand-père admirable, chasseur et marin exemplaire, etc.

1 Nous lui devons notamment une série de 12 vignettes publicitaires pour la fabrique de margarine Sanella (fondée en 1904, elle appartient aujourd’hui à la firme Unilever) consacrée aux grands moments de la vie du prince régent Luitpold de Bavière…

 

63

2/12 – Commandant au 1er régiment d’infanterie de la Garde 1881.

 

Comme le devait tout prince de la maison de Hohenzollern, le futur Guillaume II se prépara à ses futures charges en suivant une formation militaire. A l’âge de 16 ans, il avait intégré les rangs du 1er régiment d’infanterie de la Garde (aisément reconnaissable à la mitre porté par les soldats) et en 1881 il y avait le grade de commandant. L’illustration le montre faisant les honneurs de son unité à son grand-père l’empereur Guillaume Ier ; derrière eux l’on reconnaît à sa barbe le Kronprinz Frédéric et à son uniforme de hussard rouge le prince Charles de Prusse.

 

41

3/12 – Colonel des hussards de la Garde 1885.

 

Après sa formation dans l’infanterie, le prince Guillaume prit le commandement du régiment des hussards de la Garde et s’y familiarisa avec les devoirs d’un chef de corps. Il apparaît ici en grand uniforme à la tête de ses hommes, montant un cheval fougueux qu’il maîtrise sans difficulté (dans la réalité son bras atrophié constituait un véritable handicap pour l’équitation et il ne montait que des chevaux particulièrement dressés).

 

1895-04-01 ; 1

5/12 – 80e anniversaire de Bismarck 1895.

 

En mars 1890 le Kaiser et son ancien chancelier s’étaient séparés en très mauvais termes : Guillaume II ne se faisant pas faute de dire tout le mal qu’il pensait de Bismarck et ce dernier se répandait en critiques contre le souverain et son gouvernement dans les journaux qui continuaient à le soutenir. Ce duel a fleurets rarement mouchetés ne pouvait que susciter interrogations et craintes dans l’empire ; aussi, les deux hommes finirent-ils par se décider à donner l’image d’une réconciliation au moins de façade. Ainsi vit-on, à l’occasion du 80anniversaire de Bismarck le Kaiser portant l’uniforme du régiment de cuirassier du prince aller saluer l’intraitable vieillard.

 

209

6/12 – Promenade en famille au Tiergarten 1900.

 

Le Kaiser avait l’habitude de se promener à cheval de bon matin dans le Tiergarten. De temps en temps, comme le montre cette vignette, l’impératrice (montée en amazone) et certains de leurs enfants se joignaient à lui. De nombreuses cartes postales d’époque illustrent aussi ces beaux moments de vie de famille.

 

69

7/12 – En manœuvre 1901.

 

Nous avons déjà eu l’occasion de montrer le Kaiser assister aux manœuvres de l’armée impériale (voir 11 - Fantasia impériale et 12 - Les grandes manoeuvres). Cette septième vignette le croque dans la posture traditionnelle du général en chef considérant les évolutions de ses troupes : Guillaume II est devant son entourage et l’on voit derrière lui un cavalier qui tient son étendard de roi de Prusse à fond rouge (l’étendard impérial ayant quant à lui un fond jaune).

 

15

8/12 – Chasse pour la Saint-Hubert 1908.

 

La chasse faisant obligatoirement parti du mode de vie aristocratique, cette série ne pouvait manquer de présenter le Kaiser en premier chasseur de l’empire. La vignette le montre donc en tenue de chasse à courre le jour de la saint-Hubert.

 

211

9/12 – Le créateur de la flotte 1911.

 

A titre personnel, Guillaume II aimait la mer ; comme souverain, il fit tout son possible pour doter l’Allemagne d’une flotte de guerre capable de disputer le trident de Neptune à la Grande-Bretagne, pour reprendre ses propres termes. Sur cette vignette il est entouré par son frère le prince Henri de Prusse, grand-amiral depuis le 4 septembre 1909 et par l’amiral Tirpitz, secrétaire d’Etat à la marine (et à ce titre responsable des lois navales qui mirent sur pied la flotte impériale), grand-amiral lui aussi depuis le 27 janvier 1911.

 

210

11/12 – Trois générations 1913.

 

Nous voyons ici le Kaiser entouré par son fils aîné, le prince Guillaume (1882-1951) dans l’uniforme caractéristique du Ier Leib-Husaren Regiment dont il était colonel et du fils aîné de ce dernier, le prince Guillaume (1906-1940) coiffé d’un bonnet de marin. Ce thème de la postérité des Hohenzollern est lui aussi souvent représenté sur les cartes postales où, grâce à l’ajout de portraits des empereurs Guillaume Ier et Frédéric III, on peut présenter jusqu’à cinq générations sur une même image...

 

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12/12 – Le prince de la paix.

 

De toutes les vignettes de cette série c’est assurément celle qui nous étonne aujourd’hui le plus ; mais il est vrai qu’il est facile de se moquer des illusions d’une époque 100 ans après les faits... Compte tenu du remarquable développement de l’empire allemand entre 1888 et 1913, dans un contexte de stabilité intérieure et en dépit d’une situation internationale souvent tendue, cette qualification de prince de la paix n’est donc pas aussi saugrenue qu’il paraissait initialement.

 

 

Comme n’aura pas manqué de le remarquer le lecteur attentif, il manque des vignettes dans la série que je viens de vous présente. C’est là le côté frustrant de la collection qui ne permet pas toujours d’avoir des lots complets ; mais quel bonheur lorsque vous tombez sur les éléments manquants ! Aussi, dès que ce plaisir m’aura été donné, je ne manquerai pas de compléter ce billet…

 

 

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 06:47

 

 

 

 

Il y a 72 ans disparaissait l’empereur Guillaume II. En ce triste jour, je vous propose le récit de ses funérailles tel qu’il apparaît dans les mémoires de sa fille, la princesse Victoria-Louise. En digne fille de son père, on ne s’étonnera pas de l’intérêt qu’elle porte à l’ordonnance du convoi funèbre ; on sera par contre touché par sa sympathie pour les Néerlandais.

 

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Le château de Doorn et son parc.

 

Mon père fut enterré par un jour de soleil radieux et le parc que traversa la procession funéraire était illuminé par des lilas et des rhododendrons en fleur. Une garde d’honneur composée de trois compagnies de l’armée, de la marine et de l’aviation sous le commandement du colonel von Gersdorff rendait les honneurs. Le maréchal von Mackensen 1, le général Reinhardt et de nombreux officiers de haut rangs de pays neutres ou alliés de l’Allemagne étaient présents, ainsi que le gouverneur nazi des Pays-Bas, le docteur Seyss-Inquart 2, qui représentait Hitler. La Wehrmacht elle-même était représentée par le colonel-général Haase, le général Christiansen, l’amiral Densch, et l’amiral Canaris 3 en qualité de représentant du commandant en chef. Seuls deux de mes fils, Ernst August et Welf Heinrich, avaient pu venir, Georg Wilhelm et Christian qui étaient en Pologne avec leurs unités n’avaient pu nous rejoindre 4.

1 August von Mackensen (1849-1945) avait commandé un temps le 1er régiment de hussards de la garde prussienne dont il était resté officier à la suite et continuait à porter l’uniforme ; bien qu’il fut d’origine modeste, Guillaume II qui l’estimait l’anoblit le 27 janvier 1899 et le nomma maréchal le 22 avril 1915.

2 Arthur Seyss-Inquart (1892-1946), avocat et politicien autrichien qui, dès son arrivée aux fonctions de chancelier d’Autriche demanda l’aide de l’Allemagne nazie, semblant ainsi légitimer l’Anschluss. Depuis le 18 mai 1940 il était commissaire du Reich aux Pays-Bas. Lors du procès de Nuremberg, il sera condamné à mort et exécuté pour crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

3 Wilhelm Canaris (1887-1945), ancien officier de la marine impériale était depuis 1935 chef des services de renseignements militaires allemands. Tombé en disgrâce au début de l’année 1944, il sera arrêté neuf jours après l’attentat du colonel von Stauffenberg contre Hitler ; il sera condamné à mort puis pendu avec des raffinements de barbarie à Flossenbürg dix jours avant la libération de ce camp par les alliés.

4 Les unités de la Wehrmacht se rassemblaient alors sur le front est en prévision de l’invasion de l’URSS qui devait débuter le 22 juin suivant.

La procession de la maison à la chapelle traversa le parc même où mon père avait décidé que serait sa tombe. A sa tête marchait le général comte Karl Goltz portant le bâton de maréchal du Kaiser, puis le comte von Moltke avec le coussin où étaient posés les décorations et les colliers, et enfin le chapelain de la Cour, le docteur Doehring. Ensuite, avec des roulements de tambour et la musique de la fanfare, le cercueil fut conduit jusqu’à l’emplacement de la tombe et le bataillon d’honneur le suivait au son de la Yorckscher Marsch de Beethoven 5.

5 Marche composée en 1809 par Beethoven pour la Landwehr de Bohême. En Prusse, elle pris le nom de Yorckscher Marsch en l’honneur du général Ludwig Yorck von Wartenburg (1759-1830) un des héros allemands des guerres napoléoniennes ; elle devint la marche officiel du bataillon d’honneur de l’armée allemande.

Il y aurait beaucoup de choses à raconter à propos du jour où le dernier Kaiser rejoignit sa dernière demeure, mais je me limiterai uniquement aux souvenirs qui m’en restent. Je n’oublierai jamais le sermon extrêmement touchant de Doehring qui fut pendant des décennies un ami fidèle et un confident de mon père. Chacun de ses mots mettait l’accent sur la tristesse causée par cette mort. Je ne pourrai jamais non plus oublier le geste du vieux maréchal von Mackensen levant lentement son bâton en signe de salut final à son commandant en chef puis se mettant à genou derrière le cercueil dans la chapelle et refusant qu’on l’aide à se relever. Il y réussit tout seul, en se servant de son sabre comme levier, et se releva laborieusement.

 

  1

Le maréchal Mackensen en uniforme de hussard.

 

Je ne peux achever sans penser au rôle joué par les Néerlandais. Ils souffraient de l’occupation d’une puissance ennemie et étaient en droit de ne pas avoir de sympathies pour les Allemands. Ils vinrent pourtant, en portant des couronnes de fleurs, dire adieu à l’Empereur allemand qui avait si longtemps vécu parmi eux. Je vis leurs larmes, des larmes pour un étranger qu’ils avaient appris à aimer et à honorer. Chaque fois que j’allais à Doorn les jours suivants, les Néerlandais vinrent à ma rencontre pleins de sympathie et les bras ouverts. C’étaient des gens simples, mais ils savaient – tout comme moi – qui ils avaient perdu. 6

6 The Kaiser’s Daughter (Prentice Hall Inc ; 1977) pp. 209-210.

 

En conclusion de cet article, je vous propose un film pris lors de la cérémonie et qui confirme dans ses grandes lignes le récit laissé par la princesse. On remarquera d’emblée les représentants de l’ancienne Allemagne qui ont ressorti de leurs placards et magasins d’accessoires les vieux uniformes de l’armée ou de la marine impériale : c’était normal pour les membres de la famille impériale, c’était par contre pour les autres (comme les généraux Goltz et von Moltke) une manifestation de fidélité qui pouvait être interprétée comme un signe d’opposition par les sbires du caporal bohémien, lequel avait déjà eu beaucoup de mal à voir refuser par la famille impériale son projet de funérailles nationales à Potsdam ; les officiels civils portent les uniformes du parti nazi. Afin de rendre ces quelques images plus accessible, permettez-moi tout d’abord de vous en présenter un « programme » un peu commenté :

0’19’’ – Seyss-Inquart apparaît claudiquant.

0’26’’ – Arrivée du Kronprinz Guillaume, tête nue, et de son épouse la princesse Cécilie ; ils vont saluer un officier de l’armée de l’air (le colonel von Gersdorff commandant le détachement d’honneur ?)

0’34’’ – départ du cercueil du château de Doorn sur la Mercedes 770 cabriolet type F (achetée par le Kaiser en 1932) et transformée pour l’occasion ; comme il se doit, le cercueil est recouvert du drapeau personnel de l’empereur.

0’42’’ – Début du défilé du détachement d’honneur ; on aperçoit à l’arrière-plan le hall d’entrée du château de Doorn.

0’53’’ – Le maréchal von Mackensen entouré par les officiels allemands ; les deux marins doivent être à gauche l’amiral Densch et à droite l’amiral Canaris.

1’03’’ – Retour sur la voiture transportant le cercueil, suivie de la famille impériale.

1’27’’ – Une belle illustration de la description faite par la princesse Victoria-Louise qui nous montre la fanfare, le détachement d’honneur, la gerbe envoyée malgré tout par Hitler, les généraux comtes Goltz et Moltke portant les coussins sur lesquels ont été posés le bâton de maréchal et les décorations du défunt empereur, le pasteur Doehring, la Mercedes sur laquelle repose le cercueil et les membres de la famille impériale.

1’58’’ – Arrivée de la procession funèbre à proximité du Mausolée où va reposer le corps du Kaiser.

2’08’’ – Le coussin sur lequel ont été agrafées les décorations du défunt.

2’23’’ – Tir des salves d’honneur par les troupes.

2’30’’ – Le maréchal von Mackensen assistant tête nue à la descente du cercueil de la voiture ; Seyss-Inquart est juste derrière lui, rejeté (sans doute involontairement) au second plan par le cameraman qui réalise le reportage…

2’34’’ – Entrée du cercueil dans le Mausolée.

2’38’’ – Le Kronprinz, Seyss-Inquart et le maréchal Mackensen le bâton en main ; les dames en grand deuil avec voilette sur la gauche sont les épouses des fils du Kaiser.

 

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 22:25

 

 

 

 

1865 ; 1

 

En 1865, le futur Guillaume II avait 6 ans.

 

6 ans

 

 

Politique

 

Février : siège d’Oaxaca par le maréchal Bazaine et reddition du chef mexicain Porfirio Diaz (futur président de la république du Mexique).

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Pièce mexicaine de 1 peso.

 

9 avril : capitulation du général Lee à Appomatox, qui marque la fin de la guerre de sécession (même si la dernière armée confédérée, celle du général Johnston, ne capitule que le 26 avril).

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Enveloppe américaine premier jour commémorant le centenaire de cette capitulation.

 

14 avril : assassinat de Lincoln par John Wilkes Booth.

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Enveloppe américaine référencée C235 de la série Colorano United States Civil War, représentant la tentative de capture de John Wilke Booth par les troupes fédérales. 

 

1er juillet : le prince Sahle Maryam, qui deviendra l’empereur Ménélik II d’Ethiopie, s’enfuit de la forteresse de Magdala où il était détenu pour commencer son ascension politique.

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Timbre éthiopien de 1894 à l’effigie de Ménélik II.

 

5 juillet : création en Angleterre par John Booth de l’armée du salut.

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Enveloppe américaine premier jour de 1965.

 

14 juillet : senatus-consulte donnant la possibilité aux populations d’Algérie le droit d’opter pour la citoyenneté française ; il s’agit là du texte le plus libéral de toute notre législation coloniale, républiques comprises...

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Timbre français de 1862.

 

4-11 octobre : entrevue de Biarritz au cours de laquelle Bismarck obtient de Napoléon III sa neutralité dans le cas d’un conflit de la Prusse avec l’Autriche.

2

Vignette publicitaire tirée d’une série intitulée Aus dem Leben des Eisernen Kanzlers.

 

10 décembre : début du règne de Léopold II de Belgique.

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Timbre belge de 1930.

 

18 décembre : entrée en vigueur du XIIIamendement à la constitution américaine qui abolit l’esclavage (soit 4 ans après l’abolition du servage dans l’empire russe…)

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Enveloppe commémorative américaine de 1940.

 

24 décembre : fondation du Ku Klux Klan.

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Décoration de sapin de Noël contemporaine en étain à l’effigie du général Nathan Bedford Forrest, premier « Premier grand sorcier » du KKK.

 

 

Sciences et techniques

 

Pierre-Emile Martin met au point son procédé de fabrication de l’acier sur sole.

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Enveloppe française premier jour de 1955.

 

6 avril : création de la Badische Anilin Gesellschaft, qui deviendra plus tard la Badische Anilin und Soda Fabrik, plus connue sous l’acronyme BASF.

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Timbres personnalisé néerlandais contemporains.

 

 

Arts

 

Concerto pour piano n° 1 de Saint-Saens.

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Timbre français de 1952.

 

17 décembre : création de la 8symphonie de Schubert, 37 ans après le décès de son compositeur.

1-copie-11

Timbre autrichien de 1978.

 

Début de la publication de Guerre et Paix dans le périodique Russkii Vestnik (désolé pour mon accent...)

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Carte maximum française de 1989.

 

De la terre à la lune de Jules Verne.

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Timbre français de 2005.

 

 

Naissances

 

3 juin : prince Georges Frédéric Ernest Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, fils du prince de Galles (et donc neveu du Kaiser), qui deviendra en 1910 le roi Georges V du Royaume-Uni.

11

Timbre britannique de 1924.

 

2 novembre : Warren Gamaliel Harding, qui deviendra président des Etats-Unis en 1921.

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Timbre américain de 1923.

 

8 décembre : Jean Sibélius, un des grands symphonistes du début du XXsiècle.

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Timbre finlandais de 1945.

 

30 décembre : Rudyard Kipling, prix nobel de littérature en 1907 et écrivain très apprécié par le Kaiser.

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Timbre guinéen de 2003.

 

 

Décès

 

19 janvier : Pierre-Joseph Proudhon, théoricien socialiste dont les deux citations les plus marquantes (même si la seconde est souvent passée sous silence) sont « La propriété c’est le vol » et « Le Juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l’exterminer… »

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Timbre français de 1948.

 

10 décembre : Léopold Ier de Belgique

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Timbre belge de 1930.

 


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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 07:36
 
 
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Le 6 mai 1910, dans la 10année de son règne et la 69de son âge, disparaissait le roi Edouard VII d’Angleterre, oncle de l’empereur Guillaume II ; des funérailles d’état grandioses furent préparées pour le 20 mai suivant. Un tel événement qui avait attiré à Londres pléthore de têtes couronnées et d'officiels étrangers ne pouvait manquer d’être relaté par la presse ; nombre de journaux n’hésitèrent d’ailleurs pas à lui consacrer des numéros spéciaux bien évidemment destinés à satisfaire la curiosité du public et non à profiter de la circonstance pour rehausser leurs chiffres de tirage…

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La une du supplément littéraire illustré du Petit Parisien en date du dimanche 29 mai 1910.
 
Parmi toutes les publications françaises qui commémorèrent le décès du populaire souverain qui fut à l’origine de l’Entente cordiale, il en est une qui attire l’attention par sa nature : il s’agit d’un petit album photographique, édité à l’initiative du Bon Marché. Il se présente sous la forme d’un cahier de 4 feuillets de papier glacé sur lesquels les photographies sont imprimées au recto comme au verseau, protégé par une couverture en carton de couleur violette (il s’agissait de la couleur de deuil pour les tissus ayant servi à décorer les bâtiments sur le passage du cortège funèbre) ; le tout, plié en deux, a été assemblé à l’aide d’une seule agrafe afin de présenter l’aspect d’une brochure de 190 mm sur 134 mm de format à l’italienne. Afin que nul ne puisse ignorer qui avait lancé l’édition de cet opuscule, chacune des photographies est surmontée de l’inscription « AU BON MARCHE ». Aucune des photographie n'est originale: elle sont toutes reprises de clichés déjà parus dans la presse.
 
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  Page de couverture de l’album avec sa frise art nouveau. 
 

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Revers de la page de couverture ; on ne saurait faire plus simple. 
 
3
Portait du défunt roi en uniforme d’amiral, en dépit du caractère rien moins que militaire d’Edouard VII. On remarquera le sourire discrètement ironique du souverain. 
 
4
Le cercueil, recouvert du drapeau royal sur lequel ont été posés la couronne et le globe, sur son catafalque au palais de Buckingham. Il est gardé par des soldats de la maison militaire dans la position de deuil traditionnelle. 
 
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Afin de permettre à ses loyaux sujets de lui rendre un dernier hommage, la dépouille d’Edouard VII est transférée le 17 mai au palais de Westminster pour y être exposée trois jours. Derrière la prolonge d’artillerie qui transporte le cercueil, on distingue trois cavaliers de la maison militaire portant le drapeau royal voilé de crêpe ; derrière encore se tient le roi George V entouré de ses fils le prince de Galles (futur Edouard VIII) et le duc d’York (futur George VI), tous deux dans l’uniforme du Royal Naval College d’Osborne où ils étaient élèves depuis l’année précédente. 
 
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Le cercueil sur son catafalque dans le Westminster Hall, la partie la plus ancienne du palais de Westminster (élevée en 1097, elle avait eu la chance d’échapper à l’incendie du 16 octobre 1834 qui détruisit presque entièrement le vieux palais de Westminster). En plus des cavaliers et des grenadiers de la maison militaire, on voit au premier plan l’un des Yeomen Warders (appelés aussi familièrement Beefeaters) gardiens de la Tour de Londres. 
 
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La longue file d’attente pour entrer dans le Westminster Hall qui impressionna tant le Kaiser. On notera la patience et la dignité de cette foule allant rendre ses derniers devoirs à son défunt souverain.
 
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Le 20 mai, la cérémonie devait commencer à 9 heures. La famille royale et les officiels, rassemblés devant le palais de Westminster devaient rejoindre en procession la gare de Paddington, en passant notamment par Whitehall, Pall Mall et Saint-James Street. Vers midi, un train spécial quittait Paddington pour rallier Windsor où le corps du roi Edouard VII allait reposer dans la chapelle Saint-Georges.
 
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Le cortège funèbre quittant le palais de Westminster. De chaque côté de l’avenue, des marins (en chapeau de paille et non en bâchi) rendent les honneurs. Cette photographie a sans doute été prise des fenêtres d'un l’immeuble situé au coin de Whitehall et de Bridge Street ; on distingue en haut à gauche le socle de la statue du régicide Cromwell devant Westminster Hall et en haut à droite l’église Sainte-Marguerite, devant laquelle se trouve Parliament Square avec sa pelouse et ses statues.
 
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A cheval, de gauche à droite, l’empereur Guillaume II, le roi George V et le duc de Connaught (frère cadet du roi Edouard) suivent le cercueil, tous trois en grand uniforme de feld-maréchal avec le grand cordon de l’Ordre de la Jarretière. Derrière eux, deux officiers anglais suivis par les sept autres souverains qui assistèrent à ces funérailles. Du fait de sa proche parenté avec le défunt, ainsi que de sa prééminence par rapport à ses sept « collègues », le Kaiser chevauchait aux côtés de son cousin George V.
 
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Le groupe équestre des souverains à la sortie du palais de Westminster qui permet de mieux comprendre le surnom « d’oncle de l’Europe » donné au défunt. En première ligne, de la gauche vers la droite, le Kaiser, le roi George V et le duc de Connaught ; aux deuxième et troisième rangs, des officiers anglais ; au quatrième rang le roi Alphonse XIII d’Espagne (neveu par alliance du défunt), le roi Georges Ier de Grèce (beau-frère) et le roi Haakon VII de Norvège (gendre et neveu par alliance) ; au cinquième rang le roi Manuel II du Portugal (cousin), le roi Frédéric VIII de Danemark (beau-frère) et le roi Ferdinand Ier de Bulgarie (cousin) ; au milieu du sixième rang, portant un bicorne, le roi des Belges Albert Ier (cousin). Derrière eux se trouvent les archiducs, grands-ducs et princes venus assister à la cérémonie.
 
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L’impératrice douairière de Russie Maria Feodorovna, veuve du tsar Alexandre III, née princesse Marie Sophie Frédérique Dagmar de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg, était la sœur cadette de la reine Alexandra ; cette parenté se manifestait clairement dans la ressemblance de leurs enfants le roi George V et le tsar Nicolas II. Même après avoir épousé des souverains étrangers, ces deux princesses danoises n’avaient pas pardonné à la Prusse et à sa famille royale la malheureuse guerre de 1864 qui avait arraché à leur pays d’origine les 2/5e de son territoire.
 
13
Les voitures des membres de la famille royale sortant du palais de Westminster. Cette photographie a été prise du même endroit que celles qui précèdent représentant le départ du cortège ou les souverains étrangers. On aperçoit à l’arrière de l’avenue (entre le socle de la statue de Cromwell et l’église Sainte-Marguerite) les troupes qui se préparent à suivre le convoi funèbre.
 
14
Dans le cortège funèbre, après les souverains, les représentants de familles royales (parmi lesquels se trouvaient l’archiduc François-Ferdinand, kronprinz d’Autriche-Hongrie, le grand-duc Michel Alexandrovitch, frère du tsar, et Henri de Mecklembourg-Schwerin, prince consort des Pays-Bas), les ministres et dignitaires étrangers (dont Théodore Roosevelt, ex-président des Etats-Unis et Stéphen Pichon ministre français des affaires étrangères et ancien ministre plénipotentiaire à Pékin lors du siège des légations par les boxers) et les ambassadeurs venaient les attachés militaires en poste au Royaume-Uni. N’ayant sans doute pas trouvé de photographie de ceux-ci à son goût lors de la procession dans Londres, l’éditeur en a inséré une prise dans l’après-midi sous les murailles du château de Windsor. Le troisième à droite de la première ligne des attachés militaires, coiffé d’un képi à plumes, on voit le colonel Victor Huguet en poste à l’ambassade de France.
 
15
Le cercueil traversant Whitehall, la grande rue au long de laquelle s’alignent nombre de ministères et où débouche Downing Street. On remarquera les barrières et estrades en bois installées de chaque côté de la rue afin d’accueillir et de contenir le public venu se recueillir au passage du cortège funèbre.
 
16
Le cortège funèbre longeant Hyde Park. Du fait du coude dans le trajet, on peut voir l’ordonnance du début du convoi : le cercueil sur sa prolonge d’artillerie avec sa garde ; sans cavalier, le cheval préféré du roi Edouard dont les bottes ont été chaussées à l’envers dans les étriers en signe de deuil ; Guillaume II, George V et le duc de Connaught ; les souverains étrangers puis les princes venus assister aux obsèques ; enfin en haut à droite la voiture de la reine Alexandra.
 
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Merveilleux sens pratique des Britanniques pour organiser les manifestions officielles ! En dépit du calme manifesté par le peuple massé pour assister à la cérémonie, une telle affluence ne pouvait manquer de connaître quelques problèmes sanitaires ; en conséquence, des postes de secours – ou ambulances pour reprendre le terme militaire – avaient été prévus au long du parcours. Nous voyons ici l’un d’eux supervisés par un médecin militaire à la poitrine largement décorée 1 où ont été amenés trois victimes de la « bobologie » traditionnelle lors de ce type de manifestation (déshydratation, problèmes nerveux, faiblesse due à une absence de nourriture suffisante pour affronter les heures d’attente…)
1 Le bon docteur John H. (à moins que ce ne soit James) Watson avait porté cet uniforme jusqu’à sa mise à la retraite d’office suite aux complications survenues après sa blessure lors de la bataille de Maiwand (27 juillet 1880) en Afghanistan.
 

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Arrivée du cercueil à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, où doit avoir lieu la cérémonie religieuse. Pas souci de symétrie avec la première photographie de l’album, cette dernière photographie est elle aussi présentée en mode « portrait ». Au premier plan, sur la pelouse, on distingue les marches de bois qui ont permis de retirer la couronne et le globe posés sur le cercueil avant la montée abrupte des marches menant à la chapelle.
 
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Avers de la dernière page de couverture, aussi simplement décorée que le revers de la première page…
 
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Dernière page de couverture, où nous apprenons que ce fascicule fut édité par Taride (maison qui existe toujours et s’est spécialisée dans les plans des villes françaises) et imprimé à Sceaux sur les presses de la maison Charaire (fondée et 1872 et définitivement fermée en 1972).
 
Le souvenir de ces funérailles avait marqué l’empereur Guillaume II pour de nombreuses raisons. Aussi ne manqua-t-il pas de donner dans ses mémoires un récit des journées qu’il passa en Angleterre lors des cérémonies funèbres. On ne sera pas étonné de voir qu’il fut profondément impressionné par la pompe déployée ainsi que par la popularité du défunt souverain. Et, de la même façon que lors de son pèlerinage en terre sainte (voir : 22 - Etats d'âme d'un pélerin ), il ne manqua pas d’y mélanger moments de sentimentalité sincère, comme avec la reine Alexandra, et gestes politiques prémédités en dépit de l’assurance du contraire, comme cette poignée de main avec le roi George V devant le cercueil d’Edouard VII.
La mort de « l’encercleur » 2 Edouard VII – dont il fut dit une fois dans un rapport de l’ambassade de Belgique à Berlin que « la paix de l’Europe n’était jamais autant en danger que lorsqu’il s’en occupait personnellement » – m’appela à Londres, où j’ai partagé avec mes proches, les membres de la famille royale britannique, le deuil causé par le décès du roi à la dynastie et à la nation. Toute la famille royale m’accueillit à la descente du train afin de me montrer sa gratitude pour la marque de respect des liens de parenté manifestée par ma venue.
2 L’antipathie réciproque des deux souverains n’est un secret pour personne. Depuis le rôle qu’avait tenu Edouard VII dans la signature de l’Entente cordiale entre la France et la Grande-Bretagne puis son rapprochement avec la Russie, les milieux dirigeants allemands éprouvaient la crainte d’un encerclement par des ennemis potentiels, tout comme les souverains français de François Ier à Louis XIV avaient craint l’encerclement de leurs états par ceux des Habsbourg.
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Le palais de Westminster au début du XXsiècle. Le Westminster Hall, au centre de l’édifice, tranche par la simplicité de son décor avec le reste du bâtiment.
 
Le roi Georges me conduisit au palais de Westminster où le cercueil magnifiquement décoré reposait sur un imposant catafalque, gardé par des soldats de la Garde, des troupes de ligne, et des détachements des contingents des Indes et des colonies dans la position traditionnelle de deuil – têtes baisées, mains croisées sur les crosses et les gardes de leurs armes renversées. La vieille salle grise, surmontée par un grand plafond gothique en bois, entourait le catafalque de façon imposante, simplement éclairée par quelques rayons de soleil filtrant à travers les fenêtres étroites. L’un d’eux baignait le magnifique cercueil du roi, surmonté de la couronne d’Angleterre, et éclairait merveilleusement les joyaux qui l’ornaient. Devant le catafalque, une foule innombrable d’hommes, de femmes et d’enfants de toutes les classes et de tous les milieux défilait en silence, certains agitant la main pour dire un respectueux adieu à celui qui avait été un souverain si populaire. C’était une image impressionnante dans ce merveilleux cadre médiéval.
 
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Le cercueil d'Edouard VII baigné par la lumière du Westminster Hall.
 
Je suis allé jusqu’au catafalque avec le roi George, j’y ai déposé une croix et j’ai récité une prière en silence, après quoi ma main droite et celle de mon royal cousin se rencontrèrent, sans y penser, et nous nous serrâmes fermement la main. Cela impressionna beaucoup ceux qui en furent témoins, à tel point que, dans l’après-midi, l’un de mes proches me dit : « Votre poignée de main avec le roi a fait le tour de Londres : la population en a été profondément touchée, et la considère comme de bon augure pour l’avenir. »
« C’est mon vœu le plus cher, » répondis-je.
Dans mon parcours à cheval dans Londres derrière le cercueil de mon oncle, je fus témoin du chagrin profond et impressionnant de la foules énorme – estimée à plusieurs millions de personnes – dans les rues, aux balcons et sur les toits, toute vêtue de noir, tous les hommes debout la tête découverte, dans un ordre parfait et dans un calme absolu 3. Sur ce fond sombre, les solennelles rangées de soldats britanniques se détachaient avec éclat. Les bataillons des Guards marchaient en un splendide tableau : les Grenadiers, les Scots Guards, les Coldstreams, les Irish Guards – dans leurs veste parfaitement ajustée, leurs buffleteries blanches et leurs lourds bonnets en fourrure d’ours ; troupe choisie à l’aspect superbe et d’une admirable tenue martiale, faisant la joie de tout homme qui a un cœur de soldat. Et toutes les troupes qui bordaient le trajet du cortège funèbre se tenaient dans la position de deuil décrite plus haut .
3 Ce qui est confirmé par le récit de la cérémonie du 20 mai rapporté par le journal Le matin du lendemain : « Combien y avait-il là de spectateurs ? Sûrement un million. Peut-être deux ou trois. On ne comptait plus que par centaines de mille. Il y avait tout le cœur et toute l’âme de la nation britannique. Des êtres humains étaient accourus de là-haut, du fond de l’Ecosse, et d’autres de là-bas ; des îles lointaines. Pas un homme, si pauvre fût-il, qui n’eût un crêpe ; pas une femme qui ne fût en noir. Pas une maison sur le trajet du cortège qui ne fût drapée de violet. Et dans cette foule, dans ces maisons, sur ces estrades, pas un cri, pas un rire, nul désordre. »
4 Les photographies insérées plus haut semblant prouver le contraire, il convient donc de préciser que les troupes ne quittaient la position de deuil pour rendre les honneurs qu’au passage du cortège (voir le film en fin d’article, à partir de 4’44).
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La reine Alexandra (vignette publicitaire Guerin-Boutron 16/500 de la 1ère série des Célébrités contemporaines). Juste après le décès de son époux, elle avait confié à lord Esher : « Enfin je saurai à l’avenir où il passe ses nuits ».
 
Durant mon séjour, j’ai résidé, à la demande expresse du roi George, au palais de Buckingham. La veuve du feu roi, la reine Alexandra, me reçut avec une gentillesse charmante, parlant longtemps avec moi du temps passé 5. Des souvenirs de mon enfance me revinrent, même ceux du temps où je n’étais qu’un bambin, comme celui du mariage 6 de mon défunt oncle. 7
5 Du fait de son antipathie pour tout ce qui était prussien et de l’animosité entre le Kaiser et son défunt époux, la reine Alexandra fit sans doute preuve de plus de politesse que de « gentillesse charmante » au long de cet entretien.
7 The Kaiser’s Memoirs (Naval &Military Press ; Eastbourne, 2005) pp. 128-130.
 
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Livret de messe spécialement édité à l’occasion des funérailles d’Edouard VII pour les « églises et chapelles d’Angleterre et du pays de Galles et dans la ville de Berwick-upon-Tweed » (dans le Northumberland).
 
Enfin, l’album publicitaire du Bon Marché s’étant avant tout focalisé sur la procession funèbre dans Londres, je vous propose maintenant des images animées prises durant la procession à Windsor : le cercueil du roi n’y est plus traîné et guidé par un attelage hippomobile mais par deux groupes de marins en chapeau de paille placés de part et d’autre de la prolonge d’artillerie, les officiels sont à pied et non plus à cheval et la reine Alexandra a échangé son carrosse londonien pour une berline claire. Ce film se compose d’une première partie de 2 minutes prise en gare (on y distingue notamment à 1’26 les mêmes marches de bois que celles qui apparaissent sur la dernière photographie de l’album) et d’une seconde partie montrant la procession dans les rues de Windsor. On ne peut toutefois que déplorer sa conservation chez des colons anglais révoltés…
 

 
 
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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 21:01

 

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Le Kaiser et l’Impératrice se promenant dans la Siegesallee ; l’officier qui se tient derrière eux ressemble étrangement au comte von Hülsen-Haeseler, infortuné chef du cabinet militaire et danseur à thème (voir 16 - Soirée tragique à Donaueschingen).

 

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer la Siegesallee dans un précédent billet (voir 15 - Anniversaires). J’y reviens aujourd’hui avec l’aide de Pierre Bertaux dont le style inimitable nous la fait découvrir sous un jour imprévu.

 

A son avènement, le jeune Kaiser Guillaume II voulait faire de la nouvelle capitale, Berlin, la plus belle ville du monde, ce qu’elle n’était certainement pas. Une des plus vivantes, à coup sûr. Il décide en 1897 de faire aux Berlinois le don d’une allée monumentale, colossale ; la Siegesallee, ou allée de la Victoire, une allée de sept cents mètres de long qui traverse le Tiergarten, le bois de Boulogne berlinois, à partir de la colonne de la Victoire sur la Königsplatz 1.

1 En 1948, la Königsplatz a été rebaptisée place de la république. Quant à la colonne de la Victoire, ou Siegessäule, elle a été transférée en 1938 sur le rond-point de la Grosser Stern.

 

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Vue de l’Allée de la Victoire depuis la cime des arbres ; au fond à gauche on voit la colonne de la Victoire et à droite le tout nouveau bâtiment du Reichstag, inauguré en décembre 1894 ; on distingue nettement la voie centrale et ses deux contre-allées au long desquelles s’alignent les statues.

 

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L’autre extrémité de la Siegesallee marquée par la fontaine de Roland (on aperçoit le monument de Frédéric II de Prusse sur la gauche).

 

Il en paie l’édification et les statues sur sa cassette personnelle 2.

2 Ce n’est pas dans notre pays de liberté, d’égalité, de fraternité, de solidarité, de prélèvements justes et de transparence toujours plus transparente que l’on verrait de pareils errements…

Il demande à son sculpteur favori, Begas 3, de lui en tracer le plan. De part et d’autre de l’allée, bordée d’ifs taillés (on aurait sans doute préféré des cyprès à l’italienne, mais ils ne supportent pas les froids de Prusse) Begas dispose trente-deux monuments consacrés chacun à un souverain, entourés d’un banc semi-circulaire, flanqués de deux statues représentant des familiers du prince. Le tout dans le plus beau marbre qui soit, le marbre blanc de Carrare.

3 Reinhold Begas (1831-1911), peintre et sculpteur représentatif du style néo-baroque berlinois ; au même moment, il travaillait aussi sur le cénotaphe de l’empereur Frédéric III, père du Kaiser.

 

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Reinhold Begas ; carte postale éditée avant 1911.

 

Dans cette galerie de souverains, sorte de musée Grévin de plein air, dix-huit princes appartenant à la dynastie des Hohenzollern 4, les ancêtres et prédécesseurs de Guillaume II, paraissent lui frayer l’allée triomphale et assister muets à son cortège et à sa gloire.

4 Auxquels il convient d’ajouter pour être complet 9 membres de la maison d’Ascanie, 2 membres de la maison de Luxembourg et 3 Wittelsbach.

Le Kaiser suivait avec impatience les travaux, qu’il pressait sans cesse. Parfois il allait visiter l’atelier de l’un des sculpteurs, faisant des remarques sur la façon dont l’artiste avait conçu ou était en train de traiter son sujet ; n’épargnant pas les suggestions, les ordres même, son génie d’essence divine s’étendant aux arts plastiques.

 

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Carte postale satirique d’Espinasse représentant Guillaume II « dit « Touche-à-Tout » peintre, sculpteur, compositeur, ingénieur, amiral anglais, colonel russe, autrichien et empereur ».

 

L’inauguration, en 1901, fut l’occasion d’une parade grandiose. Mais les Berlinois, devant le marbre, restaient de glace, malgré l’enthousiasme officiel de la presse 5. Le Kaiser en conçut un dépit profond.

5 Goguenards, les Berlinois avaient même affublé cette artère du surnom de « Puppenallee » (ou « allée des poupées »).

 

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Le Kaiser se promenant sur la Siegesallee.

 

Pis encore ; Baedeker, contraint par cette nouvelle splendeur ajoutée à la capitale de renouveler, dans sa série des guides, le volume sur Berlin, ne voulut pas – même pour plaire au souverain – se départir de la tradition d’objectivité qui faisait sa réputation mondiale. L’édition du Baedeker de 1902 signale donc la Siegesallee, donne les noms des souverains figurés, ceux des sculpteurs, sans commentaire. Il ne l’affecte que d’une seule et maigre étoile qui indique les curiosités, mais il lui refuse les deux étoiles qui signalent les grandes œuvres d’art. Et pas une seule des statues n’est dotée d’un astérisque supplémentaire.

 

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Guide Baedeker de Berlin et de ses environs, avec les pages consacrées à la Siegesallee (n’ayant pas en ma possession l’édition de 1902, je ne peux vous présenter que l’édition de 1908).

 

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Le lycée de Joachimsthal à Berlin avant son transfert.

 

On a exhumé récemment des archives impériales un curieux document. Il s’agit de quatre cahiers d’écoliers dans lesquels les élèves de première du lycée de Joachimsthal 6 traitent le sujet de dissertation que leur a proposé leur professeur : « La position des jambes des statues dans la Siegesallee. » Il s’agit de décrire l’attitude de chacun des trente-deux souverains ; de l’attitude générale, mais plus particulièrement de la position des jambes ; il s’agit d’en déduire le caractère de chacun et d’y relier ses hauts faits 7. L’un des élèves s’en tire très joliment : « Si, par quelque coup du sort, les statues étaient détruites et que seules en subsistent les jambes ; sachant par ailleurs ce que l’histoire nous apprend des Hohenzollern et du caractère de chacun d’eux, pourrions-nous identifier les monuments ? » Certainement oui, dit l’élève et il le démontre. « Les souverains guerriers ont une position de jambes belliqueuse, particulièrement Joachim-Hector 8, dont les jambes lourdes et puissantes dénotent un audacieux sabreur. Frédéric-Guillaume II 9 est un souverain sans énergie, comme en témoignent ses genoux gracieusement arrondis. Mais le grand Electeur, quelle énergie dans ces genoux rigides, ces mollets contractés 10 ! Pour conclure, regardons avec quelle grâce dans la démarche s’avance le grand Frédéric 11 ! On y reconnaît tout de suite l’homme d’esprit, l’ami des arts.

6 Ecole fondée en 1607 par le prince-électeur Joachim III Frédéric (1546-1608) de Brandebourg. Elle quittera ses locaux berlinois initiaux en 1912 pour s’installer à Templin, où elle existe toujours.

7 Aujourd’hui, un tel sujet nous semble relever de la plus pédante des sottises ; elle était toutefois largement répandue à la fin du XIXsiècle dans tous les pays européens. Pour preuve ce sujet donné quelques années plus tôt en France dans lequel il était demandé aux malheureux écoliers d’imaginer la réponse de Clovis à l’injonction de saint Rémi « Courbe-toi fier Sicambre » qui amena cette très courte dissertation (malheureusement sanctionnée par une mauvaise note) de l’élève Alphonse Allais : « Cambre-toi vieux si courbe ! »

8 Joachim II Hector (1505-1571) fut prince-électeur de Brandebourg de 1535 à sa mort. Plus que pour ses hypothétiques talents militaires, même si l’on a conservé de lui un très beau portrait en armure peint par Lucas Cranach, il est surtout connu pour son goût des constructions (pavillon de chasse de Grunewald, château de Cöpenick, forteresse de Spandau…) ainsi que pour l’ampleur de la dette publique qu’il laissa à son successeur.

9 Frédéric-Guillaume II (1744-1797) succéda en 1786 à son oncle Frédéric II. Son goût des plaisirs, son désintérêt pour la chose militaire, ainsi que les revers de la Prusse face aux carmagnoles contribuèrent à lui créer une réputation d’incapable.

10 Frédéric-Guillaume Ier (1620-1688) prince électeur de Brandebourg, rétablit brillamment la situation politique, économique et militaire de ses états après la calamiteuse guerre de Trente ans.

11 Il est inutile de présenter ici celui que la bonne impératrice Marie-Thérèse avait surnommé « l’ogre de Berlin ».

 

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Le monument de Joachim II Hector aux jambes lourdes et puissantes d’audacieux sabreur…

 

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Le monument du Grand Electeur aux genoux rigides et mollets contractés.

 

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Frédéric-Guillaume II et ses genoux gracieuseement arrondis.

 

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Le monument de Frédéric II à la démarche si gracieuse.

 

« Mais, dit encore l’élève, si le cataclysme n’avait épargné que les orteils, pourrait-on encore en tirer des conclusions aussi assurées ? Dans certains cas, indubitablement ; ainsi pour Jean Ier 12, dont la pointe des pieds, loin d’être – comme on pourrait s’y attendre – étalée en éventail, est au contraire crispée, ce qui est l’indice d’une active concentration. »

12 Jean Ier de Brandebourg (1213-1266) régna de façon collégiale avec son frère Othon III ; ils lancèrent la colonisation des marches orientales de leurs états, ce qui accrut le poids politique du Brandebourg dans le Saint-Empire.

 

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Carte publicitaire de la marque Berger’s Cacao (Robert Berger Herzog. S.M. Hof-Chocoladen-& Cacao Fabrik ; soit en français : Robert Berger fabriquant de chocolat et de cacao de la cour ducale de Saxe-Meiningen) montrant le monument dédié aux margraves Jean Ier, avec ses pointes de pieds crispées, et Othon III.

 

Un autre élève, esprit plus simple, mais plus méthodique, classe les statues en quatre catégories :

1° debout, arrêté, une jambe en avant ;

2° position de marche ;

3° jambes croisées ;

4° le poids du corps également réparti sur les deux jambes.

Encore faut-il subdiviser le point 1, selon que c’est la jambe droite ou la jambe gauche qui est en avant. Toutefois, étant donné que cette distinction n’est pas d’une interprétation psychologique évidente, nous nous abstiendrons d’en tenir compte.

Ces devoirs d’écoliers sont parvenus entre les augustes mains du Kaiser qui a daigné non seulement les lire, mais les annoter de sa plume. « Très bien ! » écrit-il plusieurs fois en marge ; et « bravo ! » ou bien : « passable ! » ou bien « Tonnerre ! voilà une audacieuse interprétation ! »

Il y a tout de même un mystère : l’un des élèves décrit deux des figures, Johann Georg 13 et Johann Sigismund 14 qui, par suite d’un retard dans l’exécution de la commande, n’ont pas encore été mises en place ; d’après quel document l’élève a-t-il travaillé ? En tout cas, pas « sur le motif ». Le Kaiser commente tout simplement : « Ne sont pas encore en place ; donc jugement prématuré », sans s’étonner outre mesure ; il est habitué aux miracles 15.

13 Johann II Georg de Brandebourg (1525-1598), fils du prodigue Joachim II Hector, dut éponger le dettes paternelles et, tout en restant catholique, accueillit de nombreux réfugiés protestants sur ses terres.

14 Johann III Sigismund de Brandebourg (1572-1619) en plus de son margraviat, devint duc de Prusse en 1618 ce qui allait conduire à la création du royaume de Prusse un siècle plus tard.

15 La statue de Johann-Sigismund fut inaugurée le 30 août 1901 et celle de Johann-Georg le 18 décembre suivant. Toutefois, emporté par sa verve, Pierre Bertaux n'envisage pas qu'il devait en exister des représentations destinées à satisfaire la supposée curiosité du public...

 

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L’électeur Jean II Georges de Brandebourg.

 

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Le prince-électeur Jean-Sigismond.

 

Ces copies d’élèves corrigées d’une main impériale furent photocopiées, confiées au directeur du musée des Hohenzollern 16. Toutefois un haut fonctionnaire du ministère des Cultes (qui régit les lettres et les arts) semble avoir redouté que des esprits malveillants ne trouvent là matière à redire, ou à rire, et il donne l’instruction formelle de conserver lesdites dissertations et les photocopies dans une enveloppe close et scellée pour les protéger de curiosités indiscrètes 17.

16 Institution fondée en 1877 au château berlinois de Monbijou par l’empereur Guillaume Ier, en ouvrant au public des salles destinées à exposer les collections royales d’antiquités et d’objets d’arts afin de magnifier le rôle joué par la maison de Hohenzollern dans l’histoire allemande.

17 La vie quotidienne en Allemagne au temps de Guillaume II pp. 174-177.

 

A titre de conclusion impertinente après ce grand moment de psychologie pour jambes - et aussi pour pieds - rappelons une anecdote du temps du règne de Frédéric II. A l’époque, alors que le souverain ne brillait pas par son assiduité auprès des dames, tout Berlin s’étonnait de l’assiduité qu’il semblait manifester auprès d’une danseuse ; finalement, Voltaire y apporta une explication de son cru en suggérant que cette danseuse avait indéniablement des jambes d’homme…

 

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Timbre ouest-allemand édité pour commémorer le bicentenaire de la mort sans descendance du roi.

 

 


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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 18:16

 

 

 

 

 

Dépêche télégraphique 1.1 

 

En 1864, le futur Guillaume II avait 5 ans.

 

 

5 ans

 

 

Politique

 

16 janvier : début de la guerre des duchés entre le Danemark, la Prusse et l’Autriche ; par le traité de Vienne du 30 octobre suivant, le Danemark devra céder à ses adversaires le Schleswig, le Holstein, le duché de Lauenbourg et une partie du Jütland, soit les deux cinquièmes de son territoire. La famille royale danoise en gardera une profonde animosité contre la Prusse.

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Le roi Christian IX ; timbre danois de 1902.

 

28 mai : débarquement à Veracruz de Sa Majesté l’empereur Maximilien Ier.

3-copie-5

Timbre mexicain de 1866.

 

19 juin : au large de Cherbourg, combat entre le CSS Alabama et l’USS Kearsage.

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Enveloppe premier jour américaine de 2011.

 

18 juillet : une armée chinoise commandée par le général britannique Gordon met fin à la rébellion Taiping en reprenant Nankin.

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Timbre chinois de 1951 commémorant le début de la révolte.

 

22 août : Création à Genève du Comité International de la Croix-Rouge.

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Timbre belge de 1959.

 

5-6 septembre : bombardement de Shimonoseki par une flotte combinée britannique, hollandaise, française et américaine, qui va entraîner la levée des décrets contre les étrangers.

 

28 septembre : Fondation à Londres par les allemands Marx et Engels de l’association internationale des travailleurs, alias première internationale socialiste. 1-copie-41

Timbre est-allemand de 1955.

 

8 novembre : réélection de Lincoln qui met fin aux illusions de la Confédération quant à la possibilité d’une paix blanche avec les nordistes.

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Timbre américain de 1870.

 

15 novembre : début de la marche de Sherman vers la mer qui va dévaster tout le sud-est de la Confédération.

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Enveloppe américaine référencée C 189 de la série Colorano United States Civil War.

 

8 décembre : le pape Pie IX publie l’encyclique Quanta Cura et le Syllabus qui condamnent le libéralisme et le modernisme.

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Timbre de 1867 des états pontificaux.

 

 

Arts

 

Petite messe solennelle de Rossini.

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Timbre italien de 1942, émis à l’occasion du 150anniversaire de la naissance de Rossini.

 

La belle Hélène de Jacques Offenbach.

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Enveloppe française premier jour de 1980.

 

Gustave Doré illustre la Bible.

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Timbre de 1980 des îles Cook.

 

 

Naissances

 

21 avril : Max Weber, philosophe allemand père de la sociologie moderne.

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Timbre belge de 2001.

 

11 juin : Richard Strauss, chef d’orchestre et compositeur allemand ayant abordé à peu près tous les genres (et serré toutes les mains...)

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Timbre autrichien de 1989.

 

14 juin : Aloïs Alzheimer, neuropsychiatre allemand qui se spécialisa dans je ne sais plus quoi…

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Timbre espagnol de 2010.

 

5 octobre : Louis Lumière, co-inventeur du cinématographe.

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Timbre français de 1955.

 

11 novembre : Maurice Leblanc, écrivains français qui fera se rencontrer Guillaume II et Arsène Lupin (voir : 17 - Le Kaiser et Arsène lupin ).

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Carte maximum française de 1996.

 

 

Décès

 

2 mai : Jakob Liebmann Meyer Beer, allias Giacomo Meyerbeer, musicien allemand fondateur du « grand opéra français » mais qui fut aussi directeur général de la musique du royaume de Prusse de 1842 à 1848.

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Vignette publicitaire ancienne de la fabrique de cigarettes Ogden’s.

 

 


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  • : Ce blog est destiné à présenter des documents liés à l'empereur Guillaume II (et non Guillaume 2 comme le veulent certains idéologues qui prennent les gens pour des sots) et à son époque. "Je travaille pour des gens qui sont plus intelligents que sérieux" Paul Féval
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