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7 novembre 2017 2 07 /11 /novembre /2017 11:37

Aujourd’hui, quelques navrants nostalgiques vont célébrer le centième anniversaire d’un coup d’état bolchevique à Petrograd, pompeusement baptisé « Révolution d’octobre » 1 et transformé en épopée par des propagandistes peu respectueux de la réalité.

1 En effet à l’époque la Russie utilisait encore le vieux calendrier julien, en retard de plusieurs jours par rapport au calendrier grégorien, et qu’en conséquence le 25 octobre 1917 julien correspond au 7 novembre 1917 grégorien.

Rappelons les faits. Exilé en Suisse depuis longtemps, Vladimir Ilitch Oulianov allias Lénine, n’ayant pas vu venir la révolution de février, négocie avec le gouvernement allemand pour rentrer en Russie et obtient de le faire en utilisant un train bénéficiant du statut d’extraterritorialité qui traverse le Reich et les territoires russes occupés par l’armée du Kaiser. Ainsi, sans être véritablement un agent allemand, Lénine, comme l’écrira Churchill « a été envoyé en Russie par les Allemands comme on enverrait une ampoule contenant des bacilles de typhoïde ou de choléra pour contaminer l’approvisionnement en eau d’une grande ville, et l’opération a remarquablement fonctionné » 2. Arrivé à Petrograd, il se lance dans des discours et des controverses filandreuses avec ses adversaires politiques et entretient l’agitation politique. Après l’échec d’un premier coup d’état bolchevique en juillet 1917, il se réfugie en Finlande d’où il reviendra sous un déguisement le 20 octobre (7 octobre julien) à la suite de l’échec du putsch du général Kornilov qui prouvait la faiblesse du gouvernement provisoire du lamentable Kerensky.

2 Cité par François Kersaudy Le monde selon Churchill (Tallandier ; Paris, 2011) p. 156.

Après s’être assuré de la neutralité de la garnison de Petrograd, le coup d’état fut lancé par le tandem Lénine-Trotski. Le coup d’envoi fut donné par un tir de canon à blanc du croiseur Aurora donnant le signal de la prise sans résistance du Palais d’Hiver par les sicaires bolcheviques, qui occupèrent aussi les ponts, les gares, la banque centrale, la poste centrale et le central téléphonique de la capitale. La prétendue Révolution d’octobre était terminée ; commençait alors le temps de la dictature, de la répression sanglante et de la désinformation qui sont à la base de ce système « intrinsèquement pervers » 3 qu’est le communisme.

3 Encyclique Divini Redemptoris du 19 mars 1937 ; cette définition sera amplement confirmée par Le livre noir du communisme (Perrin ; Paris, 1997) publié sous la direction de Stéphane Courtois. De façon plus anecdotique, même le sieur Mélanchon n’a pas profité de cet anniversaire pour s’épancher à longueur de caméras et de micros…

122 - Dies irae

Le palais d’hiver (vignette publicitaire des cigarettes Will’s).

Comment en était-on arrivé là ? Laissons la parole à l’un des plus grands hommes politiques du siècle dernier, qui a donné une analyse remarquable des méthodes des bolcheviques et de leurs contempteurs :

Mais le communisme n’est pas seulement un credo, c’est un plan de campagne. Le communiste n’est pas seulement un homme qui a certaines opinions : il s’est engagé à prêter la main à un plan d’action mûrement réfléchi visant à les imposer. Tous les aspects et toutes les phases de la revendication et de la révolution ont été étudiés à la loupe et un véritable manuel de guerre a été rédigé selon une démarche scientifique en vue de subvertir toutes les institutions actuelles. La méthode à suivre pour l’imposer fait tout autant partie de la foi communiste que la doctrine elle-même. Au commencement, on invoque les vénérables principes du libéralisme et de la démocratie pour protéger l’organisme naissant. La liberté de parole, le droit de réunion, toutes les formes légales d’agitation politique, toutes les garanties constitutionnelles, sont proclamés haut et fort et réaffirmés. On recherche l’alliance avec tous les mouvements populaires de gauche.

Le premier jalon, c’est la mise en place d’un régime modéré libéral ou socialiste au cours d’une période troublée. Mais il n’est pas plus tôt en place qu’il est voué à être renversé. Il faut exploiter le malheur et la pénurie qui résultent de la confusion générale. Il faut organiser des confrontations entre les agents du nouveau gouvernement et la population ouvrière, si possible avec effusion de sang. Il faut fabriquer des martyrs. Il faut mettre à profit l’attitude du gouvernement s’il exprime ses regrets. Il faut tenter de se servir d’une propagande pacifique pour masquer des haines jamais encore rencontrées dans l’humanité. Il n’est nullement nécessaire – nullement possible, en fait – d’être de bonne foi avec les non-communistes. Il faut tirer parti pour précipiter leur ruine de tous les actes de bienveillance, de tolérance, de conciliation, de pitié ou de générosité qui émanent des gouvernements ou des hommes d’Etat. Puis, quand la situation est mûre et le moment opportun, on doit, sans frein ni états d’âme, déployer toutes les formes de la violence meurtrière, du soulèvement de la populace à l’assassinat individuel. La prise de la citadelle s’effectuera sous l’étendard de la liberté et de la démocratie et, une fois l’appareil du pouvoir aux mains de la confrérie, on fera taire toute opposition, toute opinion adverse, par la mort. La démocratie n’est qu’un outil qu’on brise après s’en être servi ; la liberté n’est que folie et sentimentalisme, indigne d’un logicien. Il s’agit d’imposer à l’humanité, progressivement mais sans ménagement, et pour toujours, le pouvoir absolu d’un cénacle de grands prêtres cooptés qui appliquent le catéchisme qu’ils ont appris par cœur. Ce sont là la foi et les objectifs du communisme, exposés dans des manuels indigestes, écrits de plus avec le sang versé dans l’histoire de plusieurs puissantes nations. 4

4 Winston Churchill Mes grands contemporains (Tallandier ; Paris, 2017) pp. 81-83.

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commentaires

P
Bonjour Patrick, dans ma liste de lecture se trouve (à un endroit indéterminé pour être honnête) le "Lénine à Zurich" de Soljenitsyne. Il est bien rare que des systèmes assez "archaïques" s'effacent "en douceur" ? Merci pour ton blog, avec des sources qui sortent des sentiers battus !
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